Plaignant
M. Samuel Bergeron
Mis en cause
M. Éric Duhaime, chroniqueur; M. Éric Cliche, directeur de l’information et le quotidien Le Journal de Québec
Résumé de la plainte
M. Samuel Bergeron dépose une plainte, le 24 janvier 2012, contre M. Éric Duhaime, chroniqueur et Le Journal de Québec, concernant une chronique publiée le 31 octobre 2011, sous le titre « Les clochards d’Occupons Montréal et Québec ». Le plaignant accuse le chroniqueur de tenir des propos inexacts et de laisser planer des malentendus qui discréditent les participants au mouvement. Le plaignant reproche enfin au journal d’avoir refusé de publier ses commentaires sur le blogue de M. Duhaime.
Commentaires du mis en cause
Le Journal de Québec a refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : informations inexactes
M. Bergeron se dit en désaccord avec les affirmations suivantes du chroniqueur : (1) « Nos riches paient une part de plus en plus importantes (sic) de toutes les taxes et impôts (et Dieu sait qu’on en paie tous beaucoup plus qu’aux États-Unis) »; (2) « Aucune aide financière publique n’a été octroyée à une banque canadienne »; (3) « Les salaires sont toujours en hausse au Canada »; (4) « Le prix de nos maisons ne cesse d’augmenter » et (5) « Le pourcentage de gens vivant sous le seuil de la pauvreté diminue ».
Dans son guide les Droits et responsabilités de la presse, il est mentionné : « Ces genres accordent en général une grande place à la personnalité de leurs auteurs. Ils permettent aux journalistes qui le pratiquent d’adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer leurs critiques, dans le style qui leur est propre […]. » (DERP, p. 18) Cependant, « Les auteurs de chroniques […] ne sauraient se soustraire aux exigences de rigueur et d’exactitude. » (DERP, p. 28)
Des cinq allégations relevées par le plaignant, le Conseil n’a relevé aucune inexactitude. Selon le Conseil, les énoncés exprimés par M. Duhaime se retrouvent dans la sphère publique, sont défendus par plusieurs acteurs et font l’objet de controverse. Dans un tel contexte, l’exactitude de ces énoncés dépend largement de la position idéologique de chacun. Le grief pour inexactitude est rejeté.
Grief 2 : discréditer des gens
Le plaignant reproche au chroniqueur de discréditer les gens ayant participé au mouvement « Occupons Montréal » en les comparant à des clochards.
À cet égard, le guide de déontologie du Conseil mentionne : « Ils [les chroniqueurs] doivent éviter, tant par le ton que par le vocabulaire qu’ils emploient, de donner aux événements une signification qu’ils n’ont pas ou de laisser planer des malentendus qui risquent de discréditer les personnes ou les groupes. S’ils peuvent dénoncer avec vigueur les idées et les actions qu’ils réprouvent, porter des jugements en toute liberté, rien ne les autorise cependant à cacher ou à altérer des faits pour justifier l’interprétation qu’ils en tirent. » (DERP, p. 28)
Le Conseil considère que, dans le cadre d’une chronique qui aborde des positions controversées, M. Duhaime était en droit d’exprimer une critique sévère et est demeuré dans les limites acceptables de la liberté d’expression en utilisant l’analogie des clochards pour parler des manifestants. Le grief de discréditer les gens est rejeté.
Grief 3 : refus de publier des commentaires
Le plaignant reproche au journal d’avoir refusé de publier ses commentaires sur le blogue de M. Duhaime.
Le guide du Conseil rappelle que : « Le public n’a pas accès de plein droit aux pages des médias écrits […] Les médias doivent veiller à ce que les lettres des lecteurs ne véhiculent pas des propos outranciers, insultants ou discriminatoires pouvant être préjudiciables à des personnes ou à des groupes. Les médias doivent éviter que ces lettres ne deviennent des tribunes pamphlétaires qui n’ont d’autre effet que de porter atteinte à la réputation des personnes. » (DERP, pp. 37-38)
Le Conseil ne pourra analyser le refus de publier les commentaires du plaignant sur le blogue, faute de démonstration. En effet, il appartient au plaignant de démonter que la décision, des modérateurs, compromettait la diversité des points de vue exprimés sur le blogue. Le grief pour refus de publier des commentaires est rejeté.
Décision
En raison de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de M. Samuel Bergeron à l’encontre du chroniqueur, M. Éric Duhaime et Le Journal de Québec, pour le grief d’inexactitudes, de discréditer les gens et refus de publier des commentaires.
Pour leur maque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme Le Journal de Québec.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C17D Discréditer/ridiculiser
- C24A Manque de collaboration