Plaignant
Projet Vénus de Sida-Vie Laval et Mme Natasha Potvin, intervenante
Mis en cause
M. Cédérick Caron, journaliste; Mme Marie-Ève Courchesne, directrice de l’information et l’hebdomadaire L’Écho de Laval
Résumé de la plainte
Mme Natasha Potvin, au nom de huit organismes communautaires oeuvrant dans le domaine du VIH, a déposé une plainte le 24 février 2012, contre M. Cédérick Caron, journaliste à L’Écho de Laval, relativement à un article intitulé « Des travailleuses du sexe sont expulsées de leur territoire » et publié le 31 août 2011. La plaignante dénonce des propos qui portent atteinte à la vie privée, des informations inexactes et réclame que des excuses soient publiées dans le journal.
Commentaires du mis en cause
L’hebdomadaire L’Écho de Laval n’a fait parvenir aucune réplique en réponse à la plainte.
Analyse
Grief 1 : atteinte à la vie privée
La plaignante déplore que, dans un article traitant de la condamnation de trois travailleuses du sexe, le journaliste Cédérick Caron ait ajouté que ces travailleuses : « souffraient d’hépatite et qu’une d’entre elles serait atteinte du SIDA ». Selon Mme Potvin, ces informations sont discriminatoires et attentatoires à la vie privée. Elles ne sont ni pertinentes ni nécessaires à l’article en question.
Le Conseil rappelle que : « Toute personne, qu’elle soit de notoriété publique ou non, a le droit fondamental à la vie privée, à l’intimité, à la dignité et au respect de la réputation. Le public, pour sa part, a le droit d’être informé sur ce qui est d’intérêt public et la presse le devoir de l’en informer. Lorsque des faits, des événements et des situations mettent en cause la vie privée de personnes, la presse doit bien soupeser et mettre en équilibre son devoir d’informer et le respect des droits de la personne. » (DERP, p. 42)
Le Conseil observe que les personnes touchées par l’article ne sont pas identifiées et que leur identité ne pourrait être connue qu’à la suite d’une recherche au greffe de la Cour. Pour qu’il y ait atteinte à la vie privée d’une personne, il faut que cette personne soit identifiée ou très facilement identifiable par le lecteur. Le Conseil estime qu’il n’y a pas eu atteinte à la vie privée de ces personnes puisqu’elles n’ont pas été identifiées. Le grief d’atteinte à la vie privée est rejeté.
Grief 2 : information inexacte
Mme Natasha Potvin déclare qu’il est inexact de dire, comme le soutient le mis en cause, que « ce serait chose fréquente chez les travailleuses du sexe qui font de la sollicitation sur le trottoir d’être porteuses de certaines infections transmises sexuellement ». La plaignante ajoute que d’affirmer de telles choses entretient des faussetés sur ce groupe de personnes.
Le Conseil a pu constater que, dans une étude de l’Agence de santé publique du Canada (« Mise à jour des lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement » 2008) il est mentionné que pour certaines MTS, les travailleuses et travailleurs du sexe sont parmi les personnes les plus touchées. De même, une responsable du ministère de la Santé et des Services sociaux a confirmé au Conseil que dans la littérature, il est reconnu qu’ici comme dans d’autres pays, les travailleuses du sexe constituent une population où on retrouve plus de maladies transmises sexuellement. Ainsi l’information livrée par le mis en cause n’est pas fausse. Ainsi, le grief pour information inexacte est rejeté.
Grief 3 : refus d’excuses
La plaignante, au nom des huit organismes qui se joignent à elle dans cette plainte, demande que le journaliste M. Cédérick Caron et la directrice de l’information de L’Écho de Laval rédigent une lettre d’excuses qu’ils publieront dans le journal.
Le Conseil est d’avis que le journal n’a pas d’obligation de s’excuser. Il a un devoir de se rétracter ou de rectifier une information ce qui n’est pas le cas dans cette plainte. Le grief pour demande d’excuses est rejeté.
Refus de collaborer
L’hebdomadaire L’Écho de Laval n’a pas souhaité répondre à la présente plainte.
Le Conseil reproche au journal L’Écho de Laval son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte les concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Mme Natasha Potvin pour le Projet Vénus de Sida-Vie Laval contre Cédérick Caron et l’hebdomadaire L’Écho de Laval pour atteinte à la vie privée, informations inexactes et pour refus d’excuses.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse du Québec blâme l’hebdomadaire L’Écho de Laval.
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C16D Publication d’informations privées
- C24A Manque de collaboration