Plaignant
M. Benoît Drolet
Mis en cause
M. Nicolas Vigneault, journaliste; M. Pierre Cantin, chef d’antenne; M. Serge Fortin, vice-président, information; l’émission « LCN en direct » et le Groupe TVA-LCN
Résumé de la plainte
M. Benoît Drolet dépose une plainte le 7 mai 2012 concernant la diffusion, le 5 mai 2012, d’une même entrevue à deux bulletins de nouvelles différents et à des heures différentes, concernant un même topo, sur le réseau TVA-LCN. Il déplore cette mise en scène trompeuse pour le téléspectateur.
Commentaires du mis en cause
Le Groupe TVA-LCN a refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : mise en scène trompeuse
Le plaignant dénonce l’utilisation d’une même entrevue, dans deux émissions différentes, ce qui laisse croire aux téléspectateurs que c’est une nouvelle entrevue.
Le Conseil estime que le choix éditorial n’est pas en cause, il est plutôt question du principe de rigueur journalistique : « Les organes de presse et les journalistes ont le devoir de livrer au public une information complète, rigoureuse et conforme aux faits et aux événements. La rigueur intellectuelle et professionnelle dont ils doivent faire preuve représente la garantie d’une information de qualité. » (DERP, p. 21)
Le Conseil rappelle que depuis toujours la diffusion d’informations à la radio et à la télévision comporte des segments enregistrés comme des reportages préalablement tournés et montés. Depuis plusieurs années, les diffuseurs ont élargi le procédé en présentant des conversations préalablement enregistrées entre un animateur-présentateur et un journaliste. Les objectifs visés étant de rendre plus vivante la présentation de l’information et de réduire les coûts importants d’une intervention en direct. Cette pratique bien qu’elle n’altère pas nécessairement l’exactitude du sujet traité, comporte cependant un danger d’induire le public en erreur en laissant entendre faussement qu’une conversation se déroule en direct.
Le présent cas pousse encore plus loin la logique de la mise en scène en diffusant une conversation entre deux journalistes qui (1) n’a jamais eu lieu puisqu’elle était le fruit d’un montage électronique et (2) a été faussement présentée comme se déroulant en direct.
Le Conseil constate en effet qu’au bulletin de 18 h sur le réseau TVA, M. Réjean Léveillé fait une entrevue, en direct, avec le journaliste Nicolas Vigneault, sur l’entente de principe entre le gouvernement et les associations étudiantes. À 19 h 30, sur le réseau LCN, le chef d’antenne Pierre Cantin entreprend une discussion, présentée comme en direct, avec le journaliste Nicolas Vigneault qui, en fait, se retrouve à être la même discussion qu’il a eue avec M. Léveillé à 18 h.
Le Conseil considère que la direction de TVA-LCN a utilisé une mise en scène trompeuse en diffusant une conversation fictive, faussement présentée comme en direct, qui était le fruit d’un montage d’une conversation réalisée antérieurement entre MM. Réjean Léveillé et Nicolas Vigneault. En altérant ainsi la réalité, LCN trompait le public sur deux points : les acteurs impliqués n’ont jamais conversé ensemble et cette conversation ne se déroulait évidemment pas en direct. Le grief pour mise en scène trompeuse est retenu.
Refus de collaborer
Le Groupe TVA-LCN n’a pas souhaité répondre à la présente plainte.
Le Conseil reproche au Groupe TVA-LCN son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte les concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. Benoît Drolet contre le Groupe TVA-LCN pour mise en scène trompeuse.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme le Groupe TVA-LCN.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C15A Manque de rigueur
- C24A Manque de collaboration