Plaignant
Mme Marie-Paule Gédéon
Mis en cause
M. Dany Doucet, rédacteur en chef et le quotidien Le Journal de Montréal
Résumé de la plainte
Mme Marie-Paule Gédéon dépose une plainte le 5 juillet 2012 contre Le Journal de Montréal concernant la publication d’une photo à la une du journal, dans l’édition du 4 juillet 2012. Elle accuse Le Journal de Montréal d’avoir faussement associé son frère aux gangs de rue en publiant une photo de lui pour illustrer un article portant sur ce phénomène.
Commentaires du mis en cause
Le Journal de Montréal a refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : information inexacte et photo trompeuse
La plaignante dénonce l’utilisation, à la une du journal, d’une photo de son frère décédé. La photo de son frère menotté était accolée au titre « De véritables portes tournantes – 80 % des membres de gangs de rue retournent en prison ». Selon la plaignante, cette photo suggérait qu’il était un membre d’un gang de rue, ce qu’elle réfute. La plaignante affirme, par ailleurs, que son frère est décédé en janvier 2012, donc six mois avant la parution de cette édition et que la photo publiée concernait plutôt l’arrestation de son frère qui fumait un joint avec des amis. Finalement, Mme Gédéon souligne qu’après avoir contacté le journaliste Éric Thibault du Journal de Montréal, par courriel, ce dernier lui aurait mentionné que le Journal avait sélectionné une photo d’archives, tout en ignorant l’identité des personnes s’y retrouvant.
Dans l’utilisation de supports visuels, le guide de déontologie du Conseil de presse indique : « Les médias et les journalistes doivent respecter l’intégrité et l’authenticité de l’information dans la présentation et l’illustration qu’ils en font sur supports visuels et sonores (sons, voix, images, photos, tableaux, graphiques). Ils doivent faire preuve de circonspection afin de ne pas juxtaposer illustrations et événements qui n’ont pas de lien direct entre eux et qui risquent ainsi de créer de la confusion sur le véritable sens de l’information transmise. Tout manquement à cet égard est par ailleurs susceptible de causer un préjudice aux personnes ou aux groupes impliqués, lesquels ont droit à ce que leur image ne soit ni altérée ni utilisée de façon dégradante ou infamante. » (DERP, p. 30)
Le Conseil constate que la plaignante nie totalement le fait que son frère ait fait partie d’un gang de rue et note, par ailleurs, que le média a utilisé une photo sans connaître l’identité de la personne et l’a associée au phénomène de gangs de rue sans avoir l’assurance que cette personne était ou a été associée à un gang de rue. Le Conseil estime que le choix de cette photo et sa juxtaposition au titre de la une « 80 % des membres de gangs de rue retournent en prison », constituait une faute déontologique en présentant une information erronée et trompeuse.
Le grief pour information inexacte et photo trompeuse est retenu.
Refus de collaborer
Le Journal de Montréal a refusé de répondre à la présente plainte.
Le Conseil reproche au Journal de Montréal son manque de collaboration pour avoir refusé de répondre, devant le Tribunal d’honneur, de la plainte le concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de Mme Marie-Paule Gédéon et blâme la direction du Journal de Montréal pour information inexacte et photo trompeuse.
Pour son manque de collaboration, en refusant de répondre à la présente plainte, le Conseil de presse blâme le quotidien Le Journal de Montréal.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C11B Information inexacte
- C17G Atteinte à l’image
- C24A Manque de collaboration