Plaignant
M. André Bigras et Mme Cécile Roux
Mis en cause
M. Raymond Brassard, directeur de la rédaction et le quotidien The Gazette
Résumé de la plainte
Les plaignants, ainsi que trois citoyens en appui, déposent une plainte le 7 septembre 2012 et dénoncent la publication d’une photo de Mme Pauline Marois, juxtaposée à l’article « Latest poll shows Parti Québécois retaining lead for Quebec election Tuesday, with 32% support – CAQ holds No. 2 spot, with 28%; Liberals lag with 26% », publiée dans le quotidien The Gazette, le 31 août 2012. Les plaignants jugent que la photo, représentant Mme Marois, le bras levé rappelant, selon eux, le salut nazi, était trompeuse et diffamatoire.
Analyse
Grief 1 : photographie trompeuse et diffamatoire
Selon les plaignants, cette photo présenterait Mme Marois et ses militants comme des extrémistes xénophobes et racistes, rappelant les nazis. Ils reprochent ainsi d’avoir associé Mme Marois à cette image, ce qui ne viserait qu’à la dénigrer, elle, ainsi que sa cause. Un des plaignants considère aussi que la photo a été choisie en toute connaissance de cause, et invoque qu’il s’agit là d’un procédé destiné à induire le public en erreur.
M. Raymond Brassard, directeur de la rédaction du journal The Gazette, croit qu’il est insensé de penser que la photo ait été choisie dans le but de représenter Mme Marois faisant le salut nazi. Selon lui, le geste de Mme Marois, levant son bras droit, était probablement pour faire signe à la prochaine personne qu’elle acceptait une question. M. Brassard explique que lorsqu’un article n’a pas de photo qui l’accompagne, le journal choisit une photo la plus récente à leur disposition pour illustrer le texte. Il affirme ne pas y voir d’autres motifs derrière la décision de publier cette photo.
Le Conseil rappelle que « La liberté de la presse et le droit du public à l’information autorisent les médias et les professionnels de l’information […] à prendre et à diffuser les photos, images […] qu’ils jugent d’intérêt public. » (DERP, p. 19) Cependant, « [Les médias] doivent faire preuve de circonspection afin de ne pas juxtaposer illustrations et événements qui n’ont pas de lien direct entre eux et qui risquent ainsi de créer de la confusion sur le véritable sens de l’information transmise. Tout manquement à cet égard est par ailleurs susceptible de causer un préjudice aux personnes ou aux groupes impliqués, lesquels ont droit à ce que leur image ne soit ni altérée ni utilisée de façon dégradante ou infamante. » (DERP, p. 30)
Le Conseil rappelle que tout en jouissant d’une grande liberté dans le choix de photos, le média doit veiller à ne pas leur donner une signification qu’elles n’ont pas ou laisser planer des malentendus qui risquent de discréditer les personnes ou les groupes. Bien que The Gazette souligne que la publication de cette photographie a été utilisée sans intention malhonnête, le Conseil considère qu’un média doit bien évaluer l’impact possible de la publication d’une photo. Dans les circonstances, sans y voir une faute déontologique, la majorité des membres du comité (4/6) jugent que le média aurait dû se soucier davantage de cet impact compte tenu (1) du fait que la photographie choisie représentait Mme Marois, le bras levé, dans un geste pouvant rappeler le salut nazi et compte tenu (2) de la légende accompagnant la photo, « PQ Leader Pauline Marois says she wants to build a « tightly mixed » country ».
Le grief pour photographie trompeuse est rejeté par la majorité des membres du comité. Deux membres (2/6) expriment cependant leur dissidence sur ce point et considèrent que la publication de cette photo constituait une faute déontologique.
Par ailleurs, le Conseil rappelle que la diffamation n’est pas considérée comme du ressort de la déontologie journalistique, mais qu’elle relève plutôt de la sphère judiciaire. Comme le Conseil de presse ne rend pas de décisions en la matière, le grief pour diffamation ne sera pas traité.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette à la majorité les plaintes de M. André Bigras et de Mme Cécile Roux contre le quotidien The Gazette pour le grief de photographie trompeuse.
Analyse de la décision
- C17F Rapprochement tendancieux
- C17G Atteinte à l’image