Plaignant
Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Jonquière (AGEECJ) et M. Francis Therrien, vice-président
Mis en cause
M. Alex Fortin, journaliste; Mme Dominique Savard, directrice de l’information et l’hebdomadaire Le courrier du Saguenay
Résumé de la plainte
L’Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Jonquière (AGEECJ) porte plainte, le 12 février 2013, contre le journaliste Alex Fortin, du journal Le Courrier du Saguenay, relativement à un article publié le 6 février 2013 et intitulé « L’association des étudiants augmente les cotisations ». L’Association dénonce des informations inexactes et partiales, de même que l’absence d’identification des sources.
Analyse
Grief 1 : informations inexactes et partiales
Francis Therrien, vice-président de l’AGEECJ, reproche au journaliste le contenu de la légende d’une photo d’une manifestation étudiante, jouxtant l’article, où l’ont peut lire : « Après avoir manifesté pour la gratuité scolaire, les étudiants du Cégep de Jonquière sont maintenant confrontés à des hausses de cotisation de leur association ». M. Therrien affirme que cette information manque de neutralité, en plus d’être fausse, puisque jamais les étudiants du Cégep de Jonquière n’ont manifesté pour la gratuité scolaire. Ils se sont plutôt opposés à la hausse des frais de scolarité. Le plaignant déplore aussi la comparaison faite entre la hausse de cotisation (associée à une hausse des frais de service) et la hausse des frais de scolarité, comparaison qu’il qualifie de démagogique puisque ce sont deux types de hausses bien différentes, la première servant à financer une association qui lutte précisément pour éviter la seconde.
Enfin, le plaignant critique le fait que le journaliste mentionne aussi une prochaine hausse de cotisation de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Cette information est fausse, dit-il, puisque la hausse n’aura pas lieu.
Mme Dominique Savard, chef des nouvelles au Courrier du Saguenay, estime que le journaliste, Alex Fortin, a agi avec diligence et professionnalisme. Elle précise que, lors des manifestations étudiantes de 2012, « il y avait des associations étudiantes qui manifestaient autant pour le gel des frais de scolarité que pour la gratuité ». Elle ajoute que le lien entre l’augmentation de la cotisation et celle des frais de scolarité n’est pas une erreur puisque de toute façon, ces majorations sont défrayées par les mêmes personnes, c’est-à-dire les étudiants et leurs familles.
En ce qui concerne l’augmentation de la cotisation à la FECQ, Mme Savard rappelle que le journaliste n’a fait que répéter ce qui était à l’ordre du jour de la réunion de l’AGEECJ, tout en prenant bien soin de souligner que la décision n’était pas encore prise. Enfin, le journaliste a interviewé M. Therrien, le plaignant, pour lui permettre de commenter l’article et y apporter des correctifs. Cet article a été publié dans l’édition du 27 février 2013.
Le Conseil constate qu’effectivement, dans la légende de la photo jouxtant l’article, le journaliste affirme que les étudiants du Cégep de Jonquière ont manifesté pour la gratuité scolaire, ce qui est inexact d’après les informations obtenues par le Conseil. En effet, les étudiants du Cégep de Jonquière ont manifesté après avoir voté formellement pour s’opposer à la hausse des frais de scolarité, et non pour réclamer la gratuité scolaire. Le grief pour information inexacte est retenu sur ce point.
Par ailleurs, la comparaison entre la position des étudiants face à une augmentation des frais de scolarité et leur position face à l’augmentation de la cotisation à leur association étudiante est légitime aux yeux du Conseil qui n’y voit là aucune partialité. Le grief de partialité est rejeté sur ce point.
Pour ce qui est de l’augmentation de la cotisation à la FECQ, le Conseil constate, à la lecture de l’ordre du jour de la réunion de l’AGEECJ, qu’au deuxième point, il est écrit : « L’AGEECJ se positionnera pour une hausse de la cotisation étudiante à la Fédération étudiante collégiale du Québec de 2,50 $/année pour les étudiants à temps plein, au prochain congrès. » C’est ce que le journaliste reprend, en soulignant que l’association n’a pas statué sur la question. Cette information n’est donc pas inexacte. Ce point du grief d’inexactitude est rejeté.
Ainsi, le Conseil retient le grief pour information inexacte relative aux objectifs des associations étudiantes du Cégep de Jonquière, mais rejette le grief pour information partiale.
Grief 2 : absence d’identification des sources
M. Francis Therrien dénonce le fait que le journaliste cite des déclarations d’étudiants, certaines très critiques de l’augmentation de la cotisation, sans que leurs auteurs ne soient identifiés. M. Therrien dit se questionner sur ces citations, qu’il considère « douteuses ».
Mme Savard du journal Le Courrier du Saguenay, répond que certains des étudiants qui avaient participé à l’assemblée générale de l’AGEECJ, et qui ont répondu aux questions du journaliste, ont refusé de donner leur nom de famille pour « ne pas être visés et subir de possibles préjudices auprès de leurs collègues. Le journal a respecté cette demande habituelle dans de semblables circonstances. »
Dans son guide les Droits et responsabilités de la presse, le Conseil mentionne que : « Dans les cas où le recours à des sources anonymes ou confidentielles se révèle nécessaire, par exemple lorsque des informations d’intérêt public importantes ne pourraient être obtenues autrement ou lorsqu’une source pourrait faire l’objet de représailles, les médias et les journalistes sont tenus de le mentionner au public. » (DERP, p. 32)
Le Conseil estime que le journaliste était justifié de respecter l’anonymat des étudiants interviewés qui pouvaient craindre la réaction de leurs collègues.
Ainsi, le grief pour absence d’identification des sources est rejeté.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de l’Association des étudiantes et étudiants du Cégep de Jonquière contre M. Alex Fortin, journaliste et Le Courrier du Saguenay, pour information inexacte. Cependant, il rejette les griefs pour information partiale et absence d’identification des sources.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membre s’engagent pour leur part à respecter cette obligation, et à faire parvenir au secrétariat du Conseil une preuve de cette diffusion au maximum 30 jours suivant la date de la décision. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C03B Sources d’information
- C11B Information inexacte
- C13A Partialité