Plaignant
M. Ian Stone, président, Alliance Quebec 2.0
Mis en cause
M. Beryl Wajsman, rédacteur en chef et l’hebdomadaire The Suburban
Résumé de la plainte
M. Ian Stone, président d’Alliance Quebec 2.0, dépose une plainte le 1er mars 2013 contre M. Beryl Wajsman, rédacteur en chef du journal The Suburban. M. Stone accuse M. Wajsman de s’être placé en situation de conflit d’intérêts et d’avoir adopté une politique éditorialiste partisane depuis le début de l’année 2013.
Analyse
Grief 1 : conflit d’intérêts
M. Ian Stone considère que le rédacteur en chef du journal The Suburban, M. Beryl Wajsman, s’est placé en situation de conflit d’intérêts en s’associant à un groupe de pression, CRITIQ, voué à la protection des droits linguistiques des « Canadiens au Québec ». Le plaignant estime que le mis en cause utilise son poste de rédacteur en chef pour faire la promotion et la publicité de CRITIQ.
M. Beryl Wajsman rétorque en disant que personne ne peut dicter à un journaliste ou à un rédacteur avec qui s’associer ou pas. Lui, comme d’ailleurs d’autres journalistes, membres du comité exécutif de CRITIQ, ont agi comme conférenciers auprès de CRITIQ et il affirme pouvoir exercer sa liberté d’expression là où il veut.
Le Conseil est d’avis qu’en tant que rédacteur en chef du Suburban, M. Wajsman a un devoir de réserve et doit préserver son indépendance face à toutes les questions que le Suburban serait susceptible de traiter. Selon le Conseil, l’implication de M. Wasjman à un groupe comme CRITIQ est incompatible avec ses obligations. Le Conseil retient le grief pour conflit d’intérêts.
Grief 2 : censure
Le plaignant reproche à l’éditeur du Suburban de se rendre coupable d’« omission éditoriale » en ne traitant jamais, dans son journal, du groupe Alliance Quebec 2.0 dont il est le président. M. Stone souligne que le mis en cause écrit abondamment sur le groupe CRITIQ, dont M. Wajsman fait partie, mais néglige de parler du sien, probablement parce que le journal considère Alliance Quebec 2.0 comme une menace à CRITIQ. Le plaignant affirme qu’il a envoyé au moins deux communiqués de presse au sujet de son organisation sans que M. Wajsman n’y donne suite. De plus, le mis en cause aurait promis à M. Stone, lors d’une conversation téléphonique, de publier un article que M. Stone aurait lui-même rédigé, promesse que M. Wajsman n’a jamais tenue. M. Stone estime que son organisation est aussi « digne » d’un article que ne l’est CRITIQ, leurs buts étant semblables et les deux groupes s’adressant au même public.
M. Wajsman répond que personne n’a le droit de dicter à un éditeur le choix des évènements à couvrir. Il affirme n’avoir jamais reçu de communiqué ou d’avis annonçant une activité reliée à Alliance Quebec 2.0. M. Wajsman dit que s’il avait reçu un tel avis, il l’aurait publié ou aurait envoyé un journaliste couvrir l’événement. Il se peut, avoue-t-il, qu’un courriel se soit perdu dans la quantité de courriels reçus au journal, mais il affirme n’avoir jamais eu l’intention d’ignorer le groupe Alliance Quebec 2.0. Il ajoute que si Alliance Quebec 2.0 projette une activité quelconque dans le futur, il se fera un plaisir d’y envoyer un journaliste.
Dans son guide le Conseil précise que : « Les médias et les professionnels de l’information doivent être libres de rechercher et de collecter les informations sur les faits et les événements sans entrave ni menace ou représailles. L’attention qu’ils décident de porter à un sujet particulier, le choix de ce sujet et sa pertinence relèvent de leur jugement rédactionnel. Nul ne peut dicter à la presse le contenu de l’information sans s’exposer à faire de la censure ou à orienter l’information. » (DERP, p. 9) Par ailleurs, le DERP souligne également que « La presse ne peut se permettre de taire ou de donner une image déformée des faits sous prétexte qu’ils sont l’objet de quelque tabou ou qu’ils sont susceptibles de compromettre certains intérêts particuliers. […] Les médias et les professionnels de l’information contreviennent à leur rôle dans la société et aux responsabilités qui en découlent lorsque, dans leur façon d’aborder les événements, ils se laissent imposer une philosophie, une idéologie ou un courant d’idées donné, ou lorsqu’ils taisent ou rapportent avec parti pris l’information. » (DERP, p. 23)
Le Conseil a tenté, à de nombreuses reprises, de parler à M. Stone afin de savoir quelles étaient les activités d’Alliance Quebec 2.0 que M. Wajsman aurait ignorées. Or le plaignant n’a jamais répondu aux questions du Conseil à ce sujet. M. Wajsman, de son côté, affirme qu’il n’a jamais reçu de communiqué d’Alliance Quebec 2.0 annonçant une activité ou une assemblée. De plus, le mis en cause dit s’être informé auprès de sa communauté et personne n’avait entendu parler d’une quelconque activité organisée par Alliance Quebec 2.0.
Le Conseil constate que le plaignant n’a pas fait la preuve que le journal The Suburban a effectivement refusé de couvrir des événements organisés par son organisme. Ainsi, le Conseil considère que le journal n’a pas exercé de censure à l’encontre d’Alliance Quebec 2.0. Le grief pour censure est rejeté.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. Ian Stone contre M. Beryl Wajsman, rédacteur en chef et l’hebdomadaire The Suburban, pour le grief de conflit d’intérêts. Cependant, il rejette le grief de censure.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membre s’engagent pour leur part à respecter cette obligation, et à faire parvenir au secrétariat du Conseil une preuve de cette diffusion au maximum 30 jours suivant la date de la décision. » (Règlement No 3, article 8. 2)
Analyse de la décision
- C13A Partialité
- C22F Liens personnels