Plaignant
Mme Josée Bilodeau
Mis en cause
M. Claude Poulin, président et le site Internet EnBeauce.com
Résumé de la plainte
Mme Josée Bilodeau dépose une plainte le 14 juillet 2014 contre M. Claude Poulin et le site Internet EnBeauce.com concernant un article intitulé « Josée Bilodeau perd sa cause en cour supérieure » (sic), publié le 9 juillet 2014. La plaignante dénonce un manque d’équilibre et la publication de propos méprisants.
L’article visé dans cette plainte rapporte une décision judiciaire dans une affaire opposant depuis plusieurs années Mme Bilodeau au gouvernement québécois. À la suite de l’article, on peut lire les commentaires des internautes.
Analyse
Grief 1 : manque d’équilibre
Selon Mme Bilodeau, l’article manque d’équilibre puisqu’elle n’a pas été contactée par le média avant sa publication. Elle estime que cela « ne permet pas de donner une juste information d’un dossier judiciaire et complexe ». Elle ajoute que cette « “désinformation” laisse place au mépris, [et qu’elle a] l’impression d’être jugée sur la place publique ».
Le mis en cause rapporte avoir été contacté par la plaignante après la parution de l’article. Par la suite, une journaliste aurait tenté de joindre Mme Bilodeau à deux reprises; la plaignante ne l’aurait pas rappelée.
Dans son commentaire, la plaignante explique qu’elle n’a pas rappelé la journaliste parce qu’elle estime que le site Internet n’est que le reflet du jugement de M. Poulin et non le fruit d’un travail journalistique.
Le guide de déontologie du Conseil de presse, Droits et responsabilités de la presse (DERP), stipule que « dans les cas où une nouvelle ou un reportage traite de situations ou de questions controversées, ou de conflits entre des parties, de quelque nature qu’ils soient, un traitement équilibré doit être accordé aux éléments et aux parties en opposition. » (p. 26)
À la lecture de l’article en cause, le Conseil ne constate aucun manque d’équilibre. Le journaliste n’avait pas l’obligation déontologique d’aller chercher la version des faits de Mme Bilodeau puisqu’en rapportant la décision de la Cour supérieure, l’article rappelait la position défendue par Mme Bilodeau dans ce dossier. De plus, bien qu’ils n’y étaient pas obligés, les mis en cause ont tenté de publier un nouvel article présentant la version de la plaignante. Le refus de cette dernière a empêché la réalisation de cet article.
Le grief pour manque d’équilibre est rejeté.
Grief 2 : publication de propos méprisants
La plaignante déplore la publication, dans l’espace réservé au public, de 29 commentaires qu’elle juge méprisants à son endroit. Elle dit avoir l’impression d’être jugée sur la place publique. Mme Bilodeau a demandé à M. Poulin de les retirer.
M. Poulin justifie son refus de retirer les commentaires pointés par Mme Bilodeau en notant qu’aucun d’entre eux n’étaient haineux ou méprisants.
Le DERP rappelle que les médias sont responsables de ce qu’ils publient, ce qui inclut les contributions des lecteurs. De plus, « les médias doivent veiller à ce que les lettres des lecteurs ne véhiculent pas des propos outranciers, insultants ou discriminatoires pouvant être préjudiciables à des personnes ou à des groupes. » (p. 38)
Parmi les commentaires identifiés par la plaignante, en voici trois que le Conseil juge plus significatifs : (1) « Elle ira cultiver ses patates ailleurs. Il y a des limites à prendre en otage plus de 10 000 automobilistes par jour qui doivent encore rouler sur une route des années 1800. La folie a assez duré », (2) « enfin aucune pitié et si elle aurait accepter au début sa ferai longtemps que sa serai terminé mais non elle voulait tenir tete et bloqué plusieur automobiliste si elle a perdu 80 000$ tant pis moi je ne les est pas perdu je n’est pas été en cours quelle paye et je repete aucune pitié et si les gens qui back en arriere pour on ne sais trop quoi veule retourner en appel ben il sont plus fou que je pensais » (sic), (3) « esperons que nous ne serons plus les otages de ces personnes. J’espere quelles aurons la décencence de ne plus emprunter l’autoroute 73 et de se promener par la 173. Il y a des limites à écoeuré les vrais Beaucerons » (sic).
Après analyse de l’ensemble des commentaires identifiés par la plaignante, le Conseil juge que ceux-ci ne sont pas méprisants. À l’évidence, ces lecteurs ne partageaient pas son point de vue et le désapprouvaient, mais ces commentaires respectaient les limites imposées par la déontologie. Le média n’avait pas à les retirer.
Le grief pour publication de propos méprisants est rejeté.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Mme Josée Bilodeau contre M. Claude Poulin et le site Internet EnBeauce.com pour les griefs de manque d’équilibre et de publication de propos méprisants.
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Mme Micheline Bélanger
M. Adélard Guillemette
Mme Jackie Tremblay
Représentants des journalistes :
Mme Katerine Belley-Murray
M. Marc-André Sabourin
Représentant des entreprises de presse :
M. Raymond Tardif
Analyse de la décision
- C12A Manque d’équilibre
- C17C Injure