Plaignant
M. Philip Toone, ex-député de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Mis en cause
MM. Jeff Fillion, animateur et Patrick Côté, directeur général adjoint; l’émission « Jeff Fillion » et la station NRJ 98,9 Québec
Résumé de la plainte
M. Philip Toone, ex-député de Gaspésie-Îles-de-la Madeleine dépose une plainte le 20 mars 2015 contre M. Jeff Fillion et la station NRJ 98,9 Québec concernant l’émission « Jeff Fillion » diffusée le 10 mars 2015. Le plaignant dénonce la diffusion de propos méprisants et l’expression de préjugés.
Dans un des griefs exprimés par M. Philip Toone, ce dernier soutenait que l’animateur Jeff Fillion démontrait une flagrante méconnaissance des infrastructures de production d’électricité au Québec.
Le Conseil, à l’étape de la recevabilité, a contacté le plaignant pour qu’il précise les extraits qu’il souhaitait dénoncer, dans ce cas précis. Le plaignant a répondu que n’ayant pas l’extrait audio en main il ne pouvait les préciser. Le Conseil ne traitera donc pas ce grief.
Dans l’émission mise en cause, l’animateur commentait la hausse des tarifs d’Hydro-Québec.
Analyse
Grief 1 : propos méprisants et expression de préjugés
M. Philip Toone reproche à l’animateur Jeff Fillion d’avoir fait preuve de mépris envers les Gaspésiens et d’entretenir des préjugés et des idées fausses sur les régions dites éloignées lorsqu’il affirme en onde : « La Gaspésie si y’ont pas de jobs, soit qu’y déménage ou ben y crèveront. C’é tu assez clair? Ben qu’y déménage. »
M. Patrick Côté directeur général adjoint souligne que M. Fillion s’est rapidement excusé sur les réseaux sociaux et à la radio dans les jours qui ont suivi la diffusion de ses mots « forts » qu’il a utilisés à l’égard de la région de la Gaspésie. Par ailleurs, la station a permis au député de Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia de répliquer aux propos de M. Fillion. Une entrevue a été accordée à Jean-François Fortin, député, sur les ondes de la station où M. Fillion s’est excusé plusieurs fois envers les Gaspésiens en précisant qu’il avait utilisé une figure de style forte, mais que ces propos visaient la région et non les Gaspésiens et qu’il souhaitait que la Gaspésie fonctionne et que ses habitants y demeurent.
M. Côté est d’avis que la station et M. Fillion ont pris les mesures nécessaires dans les circonstances, et rapidement après l’événement.
Dans son guide Droits et responsabilités de la presse (DERP), le Conseil souligne que : « Les médias et les professionnels de l’information doivent éviter de cultiver ou d’entretenir des préjugés. Ils doivent impérativement éviter d’utiliser, à l’endroit des personnes ou des groupes, des représentations ou des termes qui tendent à soulever la haine et le mépris, à encourager la violence ou encore à heurter la dignité d’une personne ou d’une catégorie de personnes en raison d’un motif discriminatoire. » (p. 41)
Après écoute des extraits contestés, le Conseil constate que M. Fillion fait montre de mépris envers les gens qui habitent la Gaspésie en avançant que « s’ils [les Gaspésiens] n’ont pas de jobs, soit qu’ils déménagent ou bien ils crèveront, c’est-tu assez clair? » Bien que l’animateur soit un journaliste d’opinion, le Conseil considère qu’il a outrepassé les limites permises à ce genre journalistique. Le Conseil tient par ailleurs à rappeler que de par leur fonction, les animateurs doivent éviter de tenir des propos qui peuvent offenser leurs auditeurs, tandis que les médias, pour leur part, doivent veiller à ce que les propos tenus en ondes, par leurs animateurs, respectent ce principe.
Le grief de propos méprisants et expression de préjugés est retenu.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. Philip Toone et blâme l’animateur Jeff Fillion et la station 98,9 Québec pour le grief de propos méprisants et expression de préjugés.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membre s’engagent pour leur part à respecter cette obligation, et à faire parvenir au secrétariat du Conseil une preuve de cette diffusion au maximum 30 jours suivant la date de la décision. » (Règlement No 2, article 9.2)
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
- Mme Micheline Bélanger
- Mme Audrey Murray
- Mme Micheline Rondeau-Parent
Représentants des journalistes :
- Mme Katerine Belley-Murray
- M. Denis Guénette
Représentants des entreprises de presse :
- M. Gilber Paquette
- M. Raymond Tardif
Analyse de la décision
- C17C Injure
- C18C Préjugés/stéréotypes