M. Roger Martel

M. Gilles Carigan, directeur de l’information et le quotidien Le Soleil

M. Roger Martel dépose une plainte le 20 juin 2015 contre le quotidien Le Soleil concernant le texte intitulé « Chronique du concierge » paru le 10 juin 2015. Le plaignant estime qu’il s’agit d’une publicité déguisée.

Comme sa plainte ne vise pas explicitement les neuf autres textes parus sous le titre « Chronique du concierge », la décision du Conseil porte uniquement sur celui publié le 10 juin 2015.

Dans cet article, le concierge d’un grand hôtel recommande des activités et des lieux à visiter lors d’un séjour dans sa ville, Baltimo

Grief 1 : publicité déguisée

Le plaignant estime que le texte publié sous la rubrique « Chronique du concierge » est une publicité déguisée en raison du caractère publicitaire des informations qui y sont transmises. Il pointe plus précisément quatre éléments : le terme « chronique » dans le titre induirait le lecteur en erreur puisqu’il s’agit d’un genre journalistique, alors que le contenu présenté dans le cas présent ne serait pas journalistique; la numérotation des chroniques laisserait croire qu’il s’agit d’un article écrit par un journaliste; le contenu de la chronique aurait un caractère publicitaire puisque les adresses suggérées sont des établissements commerciaux; et finalement, la liste de bonnes adresses ne comprendrait aucun établissement d’hébergement, sauf celui pour lequel travaille le concierge qui signe la chronique.

Le plaignant note également que la chronique se retrouve au milieu de la page, entre deux publicités. Il rappelle que le guide de déontologie du Conseil de presse, Droits et responsabilités de la presse, exige une distinction claire entre l’information et la publicité.

Le représentant des mis en cause, Me Patrick Goudreau, nie le caractère publicitaire de cette chronique et affirme plutôt que les informations transmises dans ce texte ne relèvent que de l’opinion de la personne interviewée. Il ajoute : « la chronique est un genre journalistique qui accorde beaucoup de latitude dans le traitement d’un sujet d’information et laisse une grande place à la personnalité de leur auteur. Par cette liberté qui lui est permise, le Journal est en droit de présenter sous forme de chronique les recommandations d’un concierge d’hôtel sur les meilleurs lieux à visiter de sa ville, et ce, dans le but d’informer ses lecteurs des divers attraits touristiques à visiter. »

Me Goudreau estime qu’une distinction nette a été faite entre l’information et la publicité. Il souligne que le texte porte la mention « chronique »,  comprend la photo de son auteur et est présenté dans un encadré. Il ajoute qu’il ne peut y avoir de confusion entre la publicité et la chronique puisque la première annonce des automobiles et la seconde traite de tourisme. Il n’y a aucune référence à la marque et au produit Cadillac dans la chronique, observe-t-il.

Me Goudreau souligne que la chronique ne recommande pas uniquement des établissements commerciaux, il relève qu’on y suggère de visiter des lieux touristiques gratuits.

Dans son guide de déontologie, Droits et responsabilités de la presse (DERP), le Conseil note que la politique publicitaire d’un média relève de la prérogative de l’éditeur, mais il souligne : « Les médias doivent établir une distinction nette entre l’information et la publicité sur tous les plans : contenu, présentation, illustration. Tout manquement à cet égard est porteur de confusion auprès du public quant à la nature de l’information qu’il croit recevoir. » (DERP, p. 31) Le DERP reconnaît aux auteurs de chroniques, une grande liberté d’expression. Il précise : « C’est leur lecture personnelle de l’actualité, des réalités et des questions qu’ils choisissent de traiter qui est surtout mise en perspective. » (DERP, p. 18)

Après analyse de l’article « Chronique du concierge », le Conseil juge qu’il ne s’agit pas d’un texte publicitaire puisqu’il comprend un traitement journalistique. Dans un contexte de journalisme touristique, un expert, dans le cas présent un concierge d’hôtel, est interviewé sur un sujet bien précis, dans une forme s’apparentant à un bloc questions-réponses.

Le Conseil rejette le grief de publicité déguisée.

Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de M. Roger Martel contre Le Soleil pour le grief de publicité déguisée.

La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :

Représentants du public :

• Mme Micheline Bélanger
• M. Adélard Guillemette
• Mme Audray Murray
• Mme Micheline Rondeau-Parent

Représentants des journalistes :

• Mme Caroline Belley
• M. Luc Tremblay

Représentant des entreprises de presse :

• M. Luc Simard

• C21A Publicité déguisée en information