Plaignant
Mme Edith Myers
Mis en cause
Jean-Yves Durocher, président
L’hebdomadaire Stanstead Journal
Résumé de la plainte
Mme Edith Myers dépose plainte contre le Stanstead Journal le 22 août 2016 estimant que l’information publiée dans un article daté du 17 août 2016 sur la problématique des propriétés en location de courte durée était incomplète. Elle reproche également au responsable du journal d’avoir manqué de courtoisie à son égard en lui servant une réponse expéditive dans laquelle il suggérait que ses propos étaient diffamatoires.
L’article en question traite des propriétaires qui louent leur résidences pour de courts séjours, ou encore à des touristes, une situation qui cause des nuisances dans le voisinage. Le texte précise que la municipalité entend sévir contre ceux qui n’ont pas de permis.
Le Stanstead Journal a refusé de répondre à la présente plainte.
Analyse
Grief 1 : information incomplète
Mme Myers reproche au Stanstead Journal d’avoir fait preuve d’incomplétude dans l’article « Full House for Canton Stanstead meeting ». Selon elle, des éléments n’ont pas été traités dans la polémique entourant les activités de location à court terme, aussi appelées services de résidence pour touristes.
L’article mentionnait que la Ville allait encadrer davantage la location de courte durée. Or, dans différentes rencontres publiques, les représentants municipaux ont reconnu que l’inspecteur en bâtiment de la Ville avait remis des permis à des propriétaires même s’ils ne sont pas situés dans un zonage autorisant ce type d’activité.
La plaignante estime qu’en ne fournissant pas cette information, le journal a manqué de nuance. S’il est vrai que la Ville a décidé de sévir contre les personnes qui louent leur résidence à répétition et de manière abusive, une forme de tolérance a été consentie dans le cas de certains propriétaires, ce qui n’est pas mentionné dans l’article.
En matière de complétude, le Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse stipule, à l’article 9 que « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : […] e) complétude : dans le traitement d’un sujet, présentation des éléments essentiels à sa bonne compréhension, tout en respectant la liberté éditoriale du média. »
Bien que la nouvelle brève publiée dans le Stanstead Journal ne comportait pas toutes les nuances de cette affaire que la plaignante aurait souhaité voir apparaître, le Conseil estime que ce choix relève de la liberté éditoriale dont disposent les médias quant à la présentation de l’information.
De l’avis du Conseil, l’information manquante, au sujet de certaines activités tolérées, n’était pas absolument nécessaire à la compréhension du sujet. Même sans cette nuance, l’article reflétait adéquatement l’esprit de la décision adoptée par les instances municipales.
Le grief d’information incomplète est rejeté.
Grief 2 : manque de courtoisie et refus d’apporter des corrections
Dans un deuxième temps, la plaignante reproche à M. Jean-Yves Durocher, président du Stanstead Journal, de l’avoir traitée de menteuse par courriel, en réaction à une lettre qu’elle lui avait envoyée pour dénoncer l’incomplétude de l’article « Full House for Canton Stanstead Meeting ». Il s’agit selon elle d’un manque de courtoisie et d’un aveu clair qu’aucun suivi ne sera fait à sa demande de compléter les informations manquantes.
Dans cet échange de courriels, M. Durocher aurait indiqué son refus de publier et mentionné à Mme Myers que ses propos étaient diffamatoires. La plaignante en conclut qu’en l’accusant ainsi de diffamation, M. Durocher la traitait de menteuse, ce qu’elle réfute vigoureusement.
Confrontée à une fin de non-recevoir de la part de M. Durocher, elle lui reproche en outre d’avoir refusé d’apporter les correctifs nécessaires à l’article, que ce soit en publiant sa lettre ou en demandant qu’un journaliste effectue un suivi du dossier.
Dans le Guide de déontologie journalistique, l’article 16.1 précise qu’en ce qui a trait aux contributions du public « Les médias d’information peuvent refuser de publier ou de diffuser une contribution reçue du public, à condition que leur refus ne soit pas motivé par un parti pris ou le désir de taire une information d’intérêt public. ».
Par ailleurs, l’article 27 (Interactions avec le public), précise que : « Les journalistes et les médias d’information font preuve de courtoisie dans leurs rapports avec le public. ».
La décision D2011-11-032 vient confirmer l’importance de se montrer courtois dans les interactions avec le public. Dans ce cas, le Conseil avait jugé qu’en refusant de publier une lettre d’opinion, sans fournir d’explication, la direction du Journal Le Nord avait manqué de courtoisie.
En analysant l’échange de courriels entre la plaignante et l’éditeur, le Conseil a pu constater que M. Durocher a répondu sans détour à la citoyenne qui avait soulevé des éléments qui auraient pu être pertinents. Bien que sa réponse ait été fournie sans grande formule de politesse, il serait exagéré d’y voir autre chose qu’une correspondance qui allait droit au but, sans broderie. Cet aspect du grief est donc rejeté.
Quant au deuxième volet du grief, à savoir le refus d’apporter des corrections, le Conseil le rejette également. En effet, bien que le Conseil se soit souvent fait le défenseur de l’expression du plus grand nombre de points de vue, et ce, afin d’enrichir le débat démocratique, on doit du même souffle rappeler que cette ouverture à une pluralité de perspectives et aux nuances a pour contrepartie la discrétion éditoriale et la prérogative de tout éditeur de publier, en partie ou non, les lettres qu’il reçoit des lecteurs. En exerçant cette liberté, le Conseil juge que le mis en cause n’a commis aucune faute.
Le grief pour manque de courtoisie et refus d’apporter des corrections est rejeté.
Refus de collaborer
Le Conseil déplore le fait que la direction de l’hebdomadaire ait refusé de répondre devant le Tribunal d’honneur de la plainte le concernant.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Mme Edith Myers contre le Stanstead Journal pour les griefs d’information incomplète, de manque de courtoisie et de refus d’apporter des correctifs.
Linda Taklit
Présidente du sous-comité des plaintes
La composition du sous-comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
- M. Luc Grenier
- Mme Linda Taklit
Représentants des journalistes :
- Mme Audrey Gauthier
- M. Philippe Teisceira-Lessard
Représentants des entreprises de presse :
- M. Jed Kahane
- M. Raymond Tardif