Plaignant
M. François Boucher
Mis en cause
Régys Caron, journaliste
Le quotidien Le Journal de Montréal
Le quotidien Le Journal de Québec
Les sites Internet de ces deux médias
Résumé de la plainte
M. François Boucher dépose une plainte le 23 août 2016 contre le journaliste Régys Caron et les quotidiens Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec ainsi que les sites Internet de ces deux médias, concernant un article publié le 21 août 2016, sous le titre « Les prix des véhicules pourraient monter ». Le plaignant reproche la publication d’informations inexactes et un refus de publier un correctif.
Les mis en cause ont refusé de répondre à la présente plainte.
L’article rapporte les craintes des concessionnaires en lien avec l’arrivée de quotas de vente de voitures électriques au Québec, ce qui pourrait faire augmenter le prix des véhicules à essence.
Analyse
Grief 1 : informations inexactes
M. François Boucher souligne que le texte comporte des inexactitudes. Il cite en particulier la phrase suivante : « Une batterie de VZÉ [véhicule zéro émission] coûte 29 000 $, a signalé Michel Gaudette, trésorier de la CCAQ [Corporation des concessionnaires automobiles du Québec]. “Le cordon qui attache la batterie à la motorisation coûte 8000 $. Et mon temps pour la réparer, ça a coûté au total 43 000 $”. »
Le plaignant donne en exemple le prix d’une batterie de remplacement pour une Chevrolet Volt, qui serait selon lui de 2900 $. Il fait également valoir que le coût de remplacement des batteries de plusieurs autres véhicules électriques sont bien en deçà des chiffres publiés.
En matière d’exactitude, le Guide de déontologie journalistique mentionne à l’article 9 : Qualités de l’information – « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité; […] »
Le Conseil juge qu’étant donné que le chiffre avancé par le porte-parole de la CCAQ était si disproportionné eu égard à la valeur d’un VZÉ neuf, le journaliste aurait dû avoir le réflexe de le vérifier. D’ailleurs, de simples recherches ont permis au Conseil de constater que bien qu’il soit difficile d’obtenir une réponse exacte à la question de savoir combien coûte précisément le remplacement de la batterie d’une voiture électrique, notamment parce qu’il semble que ce soit une opération somme toute très rare, un concessionnaire Chevrolet a indiqué au Conseil que le prix d’une nouvelle batterie, pour le modèle Volt, varie de 1800 $ à 3500 $, selon le modèle. Un article publié sur le site web CarsUK.net affirme pour sa part que le coût de remplacement d’une batterie de Nissan Leaf s’établissait à environ 4500 $ US, soit environ 6000 $ CA. Le même article évoque environ trois heures de travail pour compléter une telle opération.
Ainsi, de l’avis du Conseil, considérant la place centrale jouée par le coût de remplacement avancé par le représentant de la CCAQ dans son argumentaire, publier une telle information sans la vérifier était imprudent. En effet, le travail d’un journaliste ne se limite pas à rapporter fidèlement les paroles de tous les intervenants dans un dossier. Il doit en outre faire des vérifications afin d’assurer au public une information de qualité.
Le grief d’informations inexactes est retenu.
Grief 2 : refus de publier un correctif
Le plaignant indique avoir soumis une demande au journaliste et n’avoir reçu aucune réponse de sa part.
En matière de correction des erreurs, le Guide de déontologie journalistique mentionne à l’article 27.1 : « Les journalistes et les médias d’information corrigent avec diligence leurs manquements et erreurs, que ce soit par rectification, rétractation ou en accordant un droit de réplique aux personnes ou groupes concernés, de manière à les réparer pleinement et rapidement. »
Considérant la décision prise au grief précédent, le Conseil considère que le mis en cause n’a pas respecté son devoir de correction.
Le grief de refus de publier un correctif est retenu.
Refus de collaborer
Le Conseil déplore le refus de collaborer du Journal de Montréal, du Journal de Québec ainsi que des sites Internet de ces deux médias, qui ne sont pas membres du Conseil de presse, en ne répondant pas à la présente plainte.
Décision
Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient la plainte de M. François Boucher et blâme le journaliste Régys Caron, Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec ainsi que les sites Internet de ces deux médias, pour les griefs d’informations inexactes et refus de publier un correctif.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membres s’engagent pour leur part à respecter cette obligation, et à faire parvenir au secrétariat du Conseil une preuve de cette diffusion au maximum 30 jours suivant la date de la décision. » (Règlement No 2, article 9.3)
Nicole McKinnon
Présidente du sous-comité des plaintes
La composition du sous-comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
- M. Luc Grenier
- Mme Nicole McKinnon
Représentant des journalistes :
- M. Marc Verreault
Représentant des entreprises de presse :
- M. Pierre-Paul Noreau
- M. Raymond Tardif