Plaignant
Jacques Blanchette
Mis en cause
Paul Journet, éditorialiste
Le site Internet lapresse.ca
Résumé de la plainte
Jacques Blanchette dépose une plainte le 11 juillet 2018 contre l’éditorialiste Paul Journet et le site Internet lapresse.ca concernant l’article « SLĀV : cher Québec… », publié le 7 juillet 2018. Le plaignant déplore une inexactitude.
CONTEXTE
L’éditorialiste Paul Journet dénonce le manque de communication du Festival international de Jazz de Montréal, qui a annulé les représentations de la pièce de théâtre SLĀV, ainsi que la polarisation du débat entourant l’appropriation culturelle.
Réalisée par Robert Lepage, cette production a reçu des critiques concernant la sous-représentation des Noirs dans la pièce et ce que certains ont qualifié d’appropriation culturelle. Paul Journet apporte son point de vue sur cette controverse.
Analyse
JOURNALISME D’OPINION
Les éditoriaux relèvent du journalisme d’opinion. Ainsi, les journalistes qui les signent doivent respecter les principes qui encadrent spécifiquement ce genre journalistique.
Journalisme d’opinion : « (1) Le journaliste d’opinion exprime ses points de vue, commentaires, prises de position, critiques ou opinions en disposant, pour ce faire, d’une grande latitude dans le choix du ton et du style qu’il adopte. »
(2) Le journaliste d’opinion expose les faits les plus pertinents sur lesquels il fonde son opinion, à moins que ceux-ci ne soient déjà connus du public, et doit expliciter le raisonnement qui la justifie.
(3) L’information qu’il présente est exacte, rigoureuse dans son raisonnement et complète, tel que défini à l’article 9 du présent Guide. » (article 10.2 du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
GRIEF DU PLAIGNANT
Grief 1 : inexactitude
Principes déontologiques applicables
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude: fidélité à la réalité ». (article 9 a) du Guide)
Correction des erreurs : « Les journalistes et les médias d’information corrigent avec diligence leurs manquements et erreurs, que ce soit par rectification, rétractation ou en accordant un droit de réplique aux personnes ou groupes concernés, de manière à les réparer pleinement et rapidement. » (article 27.1 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si l’éditorialiste a manqué à son devoir d’exactitude en écrivant que Webster a répertorié 4185 cas d’esclavagisme en Nouvelle-France.
Décision
Le Conseil de presse retient le grief d’inexactitude, mais il absout les mis en cause qui ont corrigé l’inexactitude de façon adéquate.
Analyse
Le plaignant, Jacques Blanchette, cible une inexactitude concernant le nombre d’esclaves en Nouvelle-France dans l’extrait suivant : « Des intellectuels comme Webster font un travail important, en rappelant que l’esclavagisme a aussi existé chez nous (il a répertorié 4185 cas en Nouvelle-France). »
M. Blanchette indique que « les sources historiques sérieuses chiffrent à 219 le nombre d’individus d’origine africaine ayant eu cette condition d’esclave durant les 150 ans de la Nouvelle-France ».
Le Conseil constate que plusieurs experts – dont Marcel Trudel auquel le plaignant fait référence – recensent entre 4000 et 4200 esclaves au cours de la période qui s’étend du début de la Nouvelle-France jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1834, après la conquête britannique. Il était donc inexact d’écrire qu’il y a eu 4185 cas d’esclavagisme en Nouvelle-France seulement.
Les mis en cause clarifient d’ailleurs ce point dans une précision publiée le 1er août 2018 dans La Presse+ :
Dans l’éditorial “SLÃV : cher Québec…” de Paul Journet, publié le 7 juillet dernier, il est écrit que “des intellectuels comme Webster font un travail important en rappelant que l’esclavagisme a aussi existé chez nous (il a répertorié 4185 cas en Nouvelle-France)”. Précisons que ce nombre inclut les esclaves en Nouvelle-France, mais aussi ceux répertoriés après la conquête britannique. Parmi l’ensemble de ces esclaves, les deux tiers étaient des autochtones, dits esclaves “panis”. »
En publiant cette précision, les mis en cause ont respecté l’article 27.1 du Guide sur la correction des erreurs.
Décision
Le Conseil de presse du Québec retient la plainte de Jacques Blanchette pour inexactitude contre Paul Journet et lapresse.ca, mais absout les mis en cause, considérant qu’ils ont publié une correction.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membres s’engagent à respecter cette obligation et à faire parvenir au Conseil une preuve de cette publication ou diffusion dans les 30 jours de la décision. » (Règlement No 2, article 31.02)
Renée Lamontagne
Présidente du comité des plaintes
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Ericka Alneus
Renée Lamontagne
Richard Nardozza
Représentants des journalistes :
Maxime Bertrand
Luc Tremblay
Représentants des entreprises de presse :
Pierre Champoux
Nicole Tardif