Plaignant
Nathalie Labelle
Mis en cause
Justine Mercier, journaliste
Le Droit
Résumé de la plainte
Nathalie Labelle dépose une plainte de 3 août 2018 contre la journaliste Justine Mercier et le quotidien Le Droit concernant l’article « “Décès accidentel” après une chirurgie dentaire », publié le 3 mai 2018. La plaignante déplore des informations inexactes, de l’information incomplète et un manque d’équilibre.
CONTEXTE
L’article porte sur le rapport de la coroner Pascale Boulay, qui a enquêté sur les circonstances de la mort de Maxime Labelle-Leduc, le fils de la plaignante dans ce dossier. Âgé de 27 ans, le jeune homme vivant avec une déficience intellectuelle est décédé deux jours après avoir subi une chirurgie dentaire. Le texte fait état des recommandations de la coroner, qui suggère, entre autres, que soit étudiée la possibilité d’élaborer un protocole postopératoire pour les patients ayant une déficience intellectuelle.
Analyse
Grief 1 : information incomplète
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : e) complétude : dans le traitement d’un sujet, présentation des éléments essentiels à sa bonne compréhension, tout en respectant la liberté éditoriale du média. » (article 9 e) du Guide de déontologie du Conseil de presse du Québec)
Le Conseil doit déterminer si la journaliste a manqué à son devoir de complétude.
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief d’information incomplète.
Analyse
Bien que la plaignante affirme que l’information concernant l’intervention des services paramédicaux dans la nuit du 12 au 13 juin est « une information incomplète et partielle », le Conseil constate que l’article ne porte pas sur le travail des services paramédicaux, mais sur les conclusions du rapport de la coroner.
Le Conseil rappelle qu’il relève de la liberté éditoriale du média de choisir l’angle de traitement d’un sujet. Dans le cas présent, l’article comprend les informations nécessaires à la bonne compréhension du sujet, selon l’angle choisi par la journaliste.
Grief 2 : manque d’équilibre
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : d) équilibre : dans le traitement d’un sujet, présentation d’une juste pondération du point de vue des parties en présence. » (article 9 d) du Guide)
Le Conseil doit déterminer si la journaliste a manqué à son devoir d’équilibre.
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief de manque d’équilibre.
Analyse
Bien que la plaignante indique que, sans son témoignage, l’article est « complètement et totalement dénaturé », car elle était la seule « à pouvoir témoigner véritablement de ce drame », le Conseil note que l’article porte sur les conclusions du rapport d’une coroner et qu’il n’y avait donc pas deux points de vue à présenter dans le texte. La journaliste n’a pas commis de manquement déontologique en ne recueillant pas la version des faits de la mère de la personne qui fait l’objet du rapport de la coroner.
Un rapport de coroner constitue un document public qui est le résultat d’un travail d’investigation, duquel des recommandations découlent. L’article mis en cause ne porte pas sur le travail des ambulanciers et la journaliste n’avait pas à refaire l’enquête de la coroner.
Le Conseil rappelle que les médias jouissent d’une liberté éditoriale et estime que l’angle choisi par la journaliste ne l’obligeait pas à contacter la famille et qu’elle n’a pas commis de manquement déontologique en faisant état du rapport de la coroner sans contacter les personnes touchées par ce drame.
Grief non recevable : informations inexactes
« Une plainte doit viser un journaliste ou un média d’information et porter sur un manquement potentiel au Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec. » (article 13.01, Règlement 2)
La plaignante avance que l’article comporte plusieurs inexactitudes. Elle affirme que son fils n’a pas été pris de vomissements, que sa mort n’a rien à voir avec un décès accidentel ni une conformité aux normes et qu’il existe déjà un protocole postopératoire pour les patients vivant avec une déficience intellectuelle.
Les inexactitudes avancées par la plaignante touchent des faits relevés par la coroner Pascale Boulay dans le rapport rédigé à la suite de son investigation sur la mort de Maxime Labelle-Leduc, et la journaliste indique que ces informations émanent des conclusions de ce rapport.
Le Conseil n’a pas pour rôle d’évaluer l’exactitude d’un rapport de coroner puisqu’il ne s’agit pas d’un produit journalistique. Il juge donc que le grief d’inexactitude de faits qui découlent de l’investigation de la coroner est irrecevable.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte déposée par Nathalie Labelle contre la journaliste Justine Mercier et Le Droit concernant les griefs d’information incomplète et de manque d’équilibre. Le grief d’informations inexactes est jugé irrecevable.
Linda Taklit
Présidente du comité des plaintes
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Paul Chénard
Renée Lamontagne
Michel Loyer
Linda Taklit
Représentants des journalistes :
Simon Chabot
Luc Tremblay
Représentants des entreprises de presse :
Pierre Champoux
Jed Kahane