Plaignant
Michel Dufour
Mis en cause
Hélène Buzzetti et Marie Vastel, journalistes
Le quotidien Le Devoir
Le site Internet ledevoir.com
Résumé de la plainte
Michel Dufour dépose une plainte le 20 septembre 2018 contre les journalistes Hélène Buzzetti et Marie Vastel, le quotidien Le Devoir et le site Internet ledevoir.com concernant l’article intitulé « Armes de poing : consultation à Ottawa et divisions à l’horizon », publié le même jour. Le plaignant reproche des informations inexactes.
CONTEXTE
Les journalistes Hélène Buzzetti et Marie Vastel rapportent dans leur article que le gouvernement fédéral a lancé une consultation sur les armes de poing et les armes dites « d’assaut » afin d’envisager leur interdiction au Canada, ou à tout le moins d’en restreindre la possession. Elles y recueillent également les réactions politiques à l’annonce de cette consultation.
Analyse
GRIEF DU PLAIGNANT
Grief 1 : informations inexactes
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité ». (Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec, article 9)
1.1 Décharger en rafale
Le Conseil doit déterminer si les journalistes ont rapporté une information inexacte dans le passage suivant : « Le concept d’armes d’assaut n’est pas défini dans la Loi sur les armes à feu, mais les gens qui l’utilisent désignent en général des armes à l’allure militaire pouvant décharger en rafale plusieurs projectiles. »
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief d’information inexacte sur ce point, car il juge que les journalistes n’ont pas contrevenu à l’article 9 alinéa a du Guide.
Analyse
Bien que le plaignant affirme que « les armes capables de décharger en rafale plusieurs projectiles sont des armes automatiques qui sont déjà prohibées par la Loi au Canada », le Conseil considère que le passage en cause n’est pas une définition au sens strict des armes d’assaut, mais une description de ce qu’elles sont pour le grand public « en général », comme le précisent les journalistes. La formulation n’est pas inexacte, elle n’induit pas le public en erreur et ne nuit pas à la compréhension de l’article.
Le Conseil constate que Le Devoir a modifié le passage en cause dans la version en ligne de l’article. Il est désormais formulé ainsi : « Le concept d’armes d’assaut n’est pas défini dans la Loi sur les armes à feu, mais les gens qui l’utilisent désignent en général des armes semi-automatiques pouvant décharger en tirs rapides [plusieurs] projectiles. » Même si Le Devoir a souhaité ajouter des précisions à la suite de la publication de l’article — un choix qui lui revient — en matière de déontologie, cette modification n’était pas nécessaire et ne signifie pas qu’il y avait un manquement dans la première version de l’article.
1.2 Armes automatiques dans les clubs de tir
Le Conseil doit déterminer si les journalistes ont rapporté une information inexacte dans le passage suivant : « Peter Julian, un député en banlieue de Vancouver, estime que les armes automatiques n’ont “aucun sens”, mais il reconnaît que des citoyens en possèdent actuellement de façon légale et qu’il faudrait que le législateur trouve pour eux un équilibre. Il évoque l’idée d’instaurer des règlements qui exigeraient par exemple que ces armes ne quittent pas le club de tirs où leurs propriétaires s’en servent. »
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief d’information inexacte sur ce point, car il juge que les journalistes n’ont pas contrevenu à l’article 9 alinéa a du Guide.
Analyse
Le Conseil observe que, dans le passage en question, les journalistes rapportent les propos du député Peter Julian. Le plaignant assure certes que « les armes automatiques sont prohibées au Canada et [que déjà] personne ne peut les utiliser dans les clubs de tir », mais l’affirmation en cause est celle du député et non celle des journalistes.
Le Devoir a ajouté, dans la version en ligne de l’article, la phrase suivante à la suite de la citation de Peter Julian : « En fait, l’utilisation d’armes complètement automatiques dans les champs de tir est interdite, mais les armes semi-automatiques sont permises dans certaines circonstances. » Le Conseil souligne que l’ajout de cette précision ne signifie pas pour autant qu’il y avait un manquement déontologique dans la version initiale.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Michel Dufour contre les journalistes Hélène Buzzetti et Marie Vastel, et le quotidien Le Devoir pour le grief d’informations inexactes.
Renée Lamontagne
Présidente du comité des plaintes
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
- Luc Grenier
- Renée Lamontagne
- Richard Nardozza
Représentants des journalistes :
- Maxime Bertrand
- Luc Tremblay
Représentants des entreprises de presse :
- Pierre Champoux
- Nicole Tardif