Plaignant
Jean-Michel Smolsky
Yves Boyer
Mis en cause
Carmen Marie Fabio, rédactrice en chef
The Journal
Résumé de la plainte
Jean-Michel Smolsky et Yves Boyer déposent plainte le 31 janvier et le 14 février contre l’hebdomadaire The Journal et sa rédactrice en chef relativement à l’éditorial « Voice of unreason » (La voix de la déraison), publié le 24 janvier 2019.
CONTEXTE
Dans cet éditorial, la rédactrice en chef du Journal, Carmen Marie Fabio, s’étonne de la réaction de deux citoyens de Vaudreuil-Dorion relativement à un projet de cimetière musulman.
Analyse
Grief 1 : manque d’équité
Principe déontologique applicable
Équité : « Les journalistes et les médias d’information traitent avec équité les personnes et les groupes qui font l’objet de l’information ou avec lesquels ils sont en interaction. » (article 17 du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Le Conseil doit déterminer si la rédactrice en chef a manqué à son devoir d’équité.
PLAINTE JUGÉE NON RECEVABLE
Le Conseil considère la plainte irrecevable en regard de l’article 13.03 de son Règlement No 2 qui prévoit qu’une plainte ne peut exprimer « une divergence d’opinions avec l’auteur d’une publication ».
Analyse
Les plaignants déplorent que Carmen Marie Fabio les qualifie de « voix insignifiantes » (« insignificant voices ») dans son éditorial, des mots qu’ils estiment « réducteurs et offensants ».
Le Conseil juge toutefois que la rédactrice en chef pouvait utiliser ces termes qui relèvent de son opinion, étant donné que l’éditorial d’un journal constitue une tribune dans laquelle l’auteur exprime son point de vue.
Dans plusieurs dossiers antérieurs, le Conseil a estimé que certains manquements allégués par des plaignants concernaient plutôt une divergence d’opinions avec des chroniqueurs ou des éditorialistes. Par exemple, dans le dossier D2015-09-034, le Conseil avait déterminé qu’il n’avait pas à traiter les divergences d’opinions dans le cadre du journalisme d’opinion, « un genre permettant une grande latitude dans l’expression de points de vue et d’opinions à ceux qui le pratiquent ».
De la même façon, dans le cas présent, le Conseil juge que la journaliste, dans son éditorial, pouvait exprimer son opinion voulant que les voix de deux citoyens étaient « insignifiantes », selon elle. Ce grief relève plutôt d’une divergence d’opinions entre les plaignants et l’éditorialiste.
Par ailleurs, M. Smolsky reproche à la rédactrice en chef du Journal de les accuser, M. Boyer et lui, de « poor decrease souls » (« pauvres âmes rétrécies »). Dans son éditorial, Mme Fabio parle plutôt de « poor deceased souls » (« pauvres âmes décédées ») en évoquant les musulmans qui pourraient être enterrés dans ce cimetière. Ce grief n’a donc pas été traité.
Décision
Le Conseil de presse du Québec ne peut donner suite à la plainte de Jean-Michel Smolsky et d’Yves Boyer contre la rédactrice en chef Carmen Marie Fabio et l’hebdomadaire The Journal concernant le grief de manque d’équité puisque cette plainte est jugée irrecevable.
Linda Taklit
Présidente du comité des plaintes
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Paul Chénard
Renée Lamontagne
Michel Loyer
Linda Taklit
Représentants des journalistes :
Simon Chabot
Luc Tremblay
Représentants des entreprises de presse :
Jed Kahane
Marie-Andrée Prévost