Grief 1 : discrimination
Principe déontologique applicable
Discrimination : « (1) Les journalistes et les médias d’information s’abstiennent d’utiliser, à l’endroit de personnes ou de groupes, des représentations ou des termes qui tendent, sur la base d’un motif discriminatoire, à susciter ou attiser la haine et le mépris, à encourager la violence ou à entretenir les préjugés. » (article 19 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si la chroniqueuse a utilisé à l’endroit des homosexuels des représentations ou des termes qui tendent, sur la base d’un motif discriminatoire, à entretenir les préjugés dans les extraits suivants :
- « Si le Saint-Siège est incapable d’évincer tous les prêtres agresseurs, un strict minimum pour une organisation qui veut tourner la page, comment en viendrait-il à admettre cette situation complexe et camouflée qu’est l’homosexualité répandue dans ses rangs? »
- « Il faut voir l’Église catholique tel un énorme jeu de dominos : derrière les abus à répétition se terre une homosexualité répandue et réprimée... »
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette le grief de discrimination.
Analyse
Bien que le plaignant considère que la chroniqueuse « amalgame homosexualité et pédophilie », ce qui entretiendrait le préjugé que les homosexuels sont des pédophiles, le Conseil ne constate pas de généralisation de la sorte. La chronique visée par la plainte traite de l’homosexualité et de la pédophilie spécifiquement au sein de l’Église catholique et non dans la société en général. Dans les passages visés par le plaignant, la chroniqueuse précise le milieu auquel elle s’attarde. La première phrase débute par : « Si le Saint-Siège... » et la deuxième précise d’emblée : « Il faut voir l’Église catholique... »
La chroniqueuse dénonce le caractère malsain régnant au sein de cette institution qui maintient une culture du secret autour de l’homosexualité et des agressions sexuelles, largement répandues au sein de l’Église. Elle expose différentes théories avancées par d’autres penseurs qui expliqueraient les abus sexuels, notamment une homosexualité « réprimée » par la culture du silence et « l’exclusion des femmes dans les rangs ecclésiastiques ». Par ailleurs, la chroniqueuse critique le fait que l’homosexualité « est toujours perçue comme un “travers” selon la doctrine officielle de l’Église ». Mais en aucun cas, elle n’insinue que les homosexuels sont plus de nature à être des pédophiles que d’autres personnes. Le préjugé perçu par le plaignant relève ici de son interprétation.