Plaignant
Hélène Choquette
Mis en cause
Patrice Bergeron, journaliste de La Presse canadienne
L’agence La Presse canadienne
Le quotidien La Presse
Résumé de la plainte
Hélène Choquette dépose une plainte le 19 mars 2019 contre le journaliste Patrice Bergeron, La Presse canadienne et La Presse concernant l’article « Vitamine C : une pétition atteint 120 000 signatures », publié le même jour. La plaignante déplore de l’information inexacte.
CONTEXTE
L’article visé rapporte qu’une pétition en faveur de l’administration de vitamine C dans le cadre d’un traitement contre le cancer a récolté 120 000 signatures. Dans le contexte du débat suscité par cette pétition, le vulgarisateur scientifique Olivier Bernard (dit le « Pharmachien »), qui s’interrogeait sur la pertinence de l’utilisation de la vitamine C dans ce contexte, a été l’objet de menaces. Un député caquiste affirme avoir parrainé la pétition parce qu’elle était l’initiative d’une citoyenne de son comté.
Analyse
Grief 1 : information inexacte
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité. » (article 9 a) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Mise en oeuvre : « (2) Aux fins de ce Guide, les médias d’information sont responsables de tout le contenu journalistique qu’ils produisent, publient ou diffusent, sans égard au support utilisé, ce qui comprend les comptes de médias sociaux qu’ils exploitent. » (article 4 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si le journaliste qui a rédigé l’article, La Presse canadienne qui a produit l’information et La Presse qui l’a publié ont transmis une information inexacte.
Décision
Le Conseil de presse du Québec retient le grief d’information inexacte.
Analyse
La plaignante pointe une information inexacte dans la phrase suivante : « Une pétition controversée sur la vitamine C comme traitement contre le cancer a recueilli tout près de 120 000 signatures à l’Assemblée nationale ». Elle fait valoir que cette pétition « ne réclame pas que les traitements de vitamine C à haute dose deviennent un traitement contre le cancer, mais bien un traitement complémentaire pouvant atténuer les douleurs secondaires induites par les traitements de chimiothérapie ».
À la lecture de la pétition, le Conseil constate que la phrase mise en cause est inexacte puisque les signataires disent souhaiter que la vitamine C à haute dose soit utilisée en complément aux traitements de chimiothérapie afin d’en atténuer les effets secondaires tel que l’affirme notamment le passage suivant de la pétition : « Ce registre permettrait de documenter les données sur l’innocuité et l’efficacité de la vitamine C à haute dose dans les cas de traitements médicaux complémentaires de cancer ainsi que les effets ressentis par les patients. »
Le sujet de l’article est le nombre total de signatures recueillies pour une pétition, dont on ne rapporte pas correctement l’objectif. Selon le Conseil, cela a pour effet d’induire le public en erreur. En écrivant que l’objet de la pétition vise l’utilisation de la vitamine C pour le traitement du cancer, le journaliste laisse croire au public que les signataires réclament la vitamine C à haute dose pour traiter le cancer.
Or, dans le cas présent, la pétition ne prétend pas que l’administration de vitamine C traitera le cancer comme le laisse croire l’article, mais plutôt qu’elle atténuerait les effets secondaires de la chimiothérapie.
Décision
Le Conseil de presse du Québec retient la plainte d’Hélène Choquette et blâme le journaliste Patrice Bergeron et La Presse canadienne pour avoir produit une dépêche comportant une inexactitude. La Presse, qui a publié la dépêche, est également blâmée puisque les médias sont responsables de ce qu’ils publient.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membres s’engagent à respecter cette obligation et à faire parvenir au Conseil une preuve de cette publication ou diffusion dans les 30 jours de la décision. » (Règlement No 2, article 31.02)
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Renée Lamontagne, présidente du comité des plaintes
Richard Nardozza
Représentante des journalistes :
Noémi Mercier
Représentants des entreprises de presse :
Jeanne Dompierre
Jed Kahane