Plaignant
Danny Rioux
Mis en cause
Althia Raj, journaliste
HuffPost Canada
CBC
Résumé de la plainte
Dany Rioux dépose une plainte le 9 octobre 2019 contre la journaliste Althia Raj, le HuffPost et CBC concernant une question posée par Mme Raj lors du débat des chefs fédéraux en anglais, le 7 octobre 2019, où elle intervenait à titre de modératrice. Le plaignant déplore de la partialité dans une question adressée au chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, concernant la Loi sur la laïcité de l’État adoptée au Québec en juin 2019.
CONTEXTE
Il s’agit de la première fois que le Conseil reçoit une plainte visant une question posée lors d’un débat des chefs. Ainsi, une contextualisation de l’événement et une prise de position concernant le statut de la journaliste s’imposent.
Le débat en question a été organisé par la Commission des débats des chefs, une entité indépendante créée par le gouvernement fédéral de Justin Trudeau. Cette commission avait pour mission d’organiser deux débats des chefs en prévision des élections générales fédérales d’octobre 2019 – un dans chaque langue officielle. La Commission n’intervenait pas dans le contenu journalistique des débats. Neuf médias se sont réunis pour former le Partenariat canadien pour la production des débats (PCPD) – CBC, Radio-Canada, Global, CTV, Toronto Star/Torstar Chain, La Presse, Le Devoir, L’actualité et HuffPost Canada/HuffPost Québec – qui a obtenu le contrat de production et de diffusion des deux événements, en anglais et en français.
Ayant visionné le débat sur les ondes de la télévision de CBC, le plaignant vise ce média dans sa plainte. Le diffuseur CBC est donc mis en cause dans ce dossier, bien qu’il indique dans sa réplique qu’il ne commentera pas le dossier parce que la journaliste ne compte pas parmi ses employés et que le débat n’était pas l’une de ses productions. Tel qu’indiqué à l’article 4 (2) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec, les médias d’information « sont responsables de tout le contenu journalistique qu’ils produisent, publient ou diffusent, sans égard au support utilisé […] ». Le HuffPost Canada est également mis en cause, étant donné qu’Althia Raj y travaille en tant que chef du bureau parlementaire et qu’il relève du choix du média d’avoir affecté cette journaliste comme modératrice pour le représenter.
Le Conseil de presse traite les plaintes du public concernant les journalistes et les médias d’information distribués ou diffusés au Québec. Son champ d’action ne s’étend pas aux entités en dehors du journalisme. C’est pourquoi la Commission des débats des chefs n’est pas mise en cause dans ce dossier de plainte déposée au Conseil de presse.
Lors d’un débat des chefs, le rôle d’un modérateur consiste à animer et à s’assurer du bon déroulement des échanges. Dans le cas qui nous occupe, cinq journalistes assuraient la modération : Althia Raj, chef du bureau d’Ottawa au HuffPost Canada; Susan Delacourt, chef du bureau d’Ottawa au Toronto Star; Dawna Friesen, présentatrice nationale à Global News; Lisa LaFlamme, chef présentatrice principale des nouvelles à CTV News et Rosemary Barton, correspondante en chef de la couverture politique et des émissions spéciales en direct, CBC News. Divisé en cinq thèmes, le débat abordait les enjeux suivants : Capacité financière et insécurité économique; Environnement et énergie; Enjeux autochtones; Leadership au Canada et sur la scène internationale et Polarisation, droits de la personne et immigration. Althia Raj, visée par la présente plainte, modérait le segment sur les droits de la personne et l’immigration.
La question visée par le plaignant portait sur la Loi sur la laïcité de l’État (projet de loi 21), adoptée par l’Assemblée nationale sous le bâillon en juin 2019. Cette loi « définit et consacre formellement la laïcité de l’État dans le cadre législatif actuel, notamment en fixant cette exigence dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et en interdisant le port de signes religieux à certaines personnes en position d’autorité, y compris le personnel enseignant ainsi que les directrices et les directeurs des établissements primaires et secondaires publics. Elle solutionne également certaines difficultés d’application quant aux services à visage découvert ».
Analyse
STATUT D’ALTHIA RAJ EN TANT QUE MODÉRATRICE DE DÉBAT
Principes déontologiques applicables
Genres journalistiques – « (1) Il existe fondamentalement deux genres journalistiques ayant chacun leurs exigences propres : le journalisme factuel et le journalisme d’opinion. (2) Le genre journalistique pratiqué doit être facilement identifiable afin que le public ne soit pas induit en erreur. »
Journalisme factuel – « (1) Le journaliste factuel rapporte les faits et les événements et les situe dans leur contexte. (2) L’information qu’il présente est exacte, rigoureuse dans son raisonnement, impartiale, équilibrée et complète, tel que défini à l’article 9 du présent Guide. »
Journalisme d’opinion – « (1) Le journaliste d’opinion exprime ses points de vue, commentaires, prises de position, critiques ou opinions en disposant, pour ce faire, d’une grande latitude dans le choix du ton et du style qu’il adopte. (2) Le journaliste d’opinion expose les faits les plus pertinents sur lesquels il fonde son opinion, à moins que ceux-ci ne soient déjà connus du public, et doit expliciter le raisonnement qui la justifie. (3) L’information qu’il présente est exacte, rigoureuse dans son raisonnement et complète, tel que défini à l’article 9 du présent Guide. » (article 10 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si, dans le contexte du débat des chefs, Althia Raj fait du journalisme factuel ou d’opinion.
Il est essentiel à ce stade de déterminer le statut de la journaliste, parce que le plaignant estime qu’elle a fait preuve de partialité. Or, les journalistes d’opinion (chroniqueurs, éditorialistes, caricaturistes, etc.) ne sont pas tenus à l’impartialité, comme stipulé dans le Guide, puisque leur mandat est, justement, de donner leur opinion. De leur côté, les journalistes factuels sont tenus à l’impartialité.
Chaque segment du débat commençait avec l’introduction de la journaliste responsable, qui se présentait en tant que modératrice et indiquait le média pour lequel elle travaillait. Une bannière identifiait également les journalistes comme modératrices lorsqu’elles prenaient la parole au début de leur section respective. Les cinq segments se déclinaient autour de questions directement posées aux chefs et de confrontations libres.
Décision
Le Conseil de presse estime que, dans son rôle de modératrice au débat des chefs, Althia Raj pratiquait du journalisme factuel.
Analyse
Un modérateur est une « personne qui dirige une assemblée, qui préside un débat » (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). Le rôle de modérateur dans un débat des chefs est d’assurer l’équilibre, essentiel au bon déroulement des échanges, et le journaliste chargé de ce rôle se doit de faire preuve d’impartialité; ce qui n’empêche pas les modérateurs de poser des questions difficiles à leurs interlocuteurs. Les débats mettent d’ailleurs de nombreux garde-fous en place pour assurer que chacun des chefs est traité de façon équitable, équilibrée et impartiale, notamment en mesurant avec précision le temps alloué à chaque réponse et en soumettant chacune des questions d’avance à la Commission.
Le Conseil est d’avis qu’aux yeux du public, la journaliste, qui participait à ce débat à titre de modératrice et était identifiée comme telle, pratiquait du journalisme factuel. Le public s’attend à ce que le modérateur ne prenne pas parti pour ou contre l’un ou l’autre des chefs.
De plus, Althia Raj exerce le journalisme factuel à titre de chef du bureau d’Ottawa pour le HuffPost Canada.
Dans sa réplique, la journaliste n’avance pas qu’elle était au débat à titre de journaliste d’opinion. Au contraire, elle soutient que l’aspect « discriminatoire » de la loi 21 est une question de fait et non une question d’opinion. Elle affirme au Conseil : « Je n’ai jamais dit que le projet de loi 21 était raciste. J’ai qualifié le projet de loi de discriminatoire, ce qui est le cas. C’est au gouvernement de prouver que la discrimination est justifiée, comme il l’a fait avec le projet de loi 101, par exemple. » ( I never said Bill 21 was racist. I described the bill as discriminatory, which it is. It is up to the government to prove that the discrimination is justified, as it has done with Bill 101, for example. )
Bien que Verizon Media (propriétaire du HuffPost Canada au moment de la réplique) affirme au Conseil que sa journaliste, Althia Raj, pratiquait le journalisme d’opinion dans le cadre du débat des chefs, le Conseil ne partage pas cette opinion et estime qu’aux yeux du public, le rôle d’un modérateur dans ce type d’événement consiste à laisser les opinions aux chefs qui débattent et non pas à partager sa propre opinion.
Considérant que le rôle d’un modérateur dans un débat des chefs relève du journalisme factuel, le grief de partialité sera analysé par le Conseil.
GRIEF DU PLAIGNANT
Grief 1 : partialité
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : c) impartialité : absence de parti pris en faveur d’un point de vue particulier. » (article 9 c) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Le Conseil doit déterminer si la journaliste a pris parti en faveur d’un point de vue particulier lorsqu’elle a posé la question suivante au chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh : « Si vous étiez premier ministre, vous tiendriez-vous en retrait et permettriez-vous à une autre province de discriminer ses citoyens? Ne faites-vous pas, tout comme, franchement, les autres chefs sur cette scène, passer les intérêts de votre propre parti au Québec avant vos principes et les droits à l’égalité pour tous les citoyens? » (If you were prime minister, would you stand back and allow another province to discriminate against its citizens? Aren’t you, and frankly the other leaders on the stage, putting your own party’s interests in Quebec ahead of your principles and equality rights of all citizens?)
Décision
Le Conseil de presse rejette à la majorité (5/6) le grief de partialité, car il juge que la journaliste n’a pas contrevenu à l’article 9 c) du Guide.
Analyse
Le plaignant affirme qu’Althia Raj « prétend[ait] » que la Loi sur la laïcité de l’État était « raciste et discriminatoire, alors qu’aucun tribunal n’a[vait] rendu de verdict » sur cette loi. Selon lui, la question était « totalement biaisée » et « empreint[e] de mépris total » envers les Québécois.
Il faut d’abord se rappeler que la question a été posée dans le cadre d’un débat des chefs, où ces derniers sont mis sur la sellette avec des questions difficiles et pointues. En interrogeant Jagmeet Singh sur la Loi sur la laïcité de l’État adoptée par le gouvernement québécois quelques mois auparavant, la journaliste cherchait à connaître sa position sur un sujet controversé qui a fait couler beaucoup d’encre tant au Québec qu’au Canada anglais et qui divise la population canadienne.
Danny Rioux estime que la journaliste « donn[ait] son opinion » sur le Québec, ce qui n’était « ni digne ni neutre de ce que sa position implique », dans l’extrait de la question qu’il a ciblé dans sa plainte. Lors de son analyse, le Conseil a examiné l’intégralité de la question, où la journaliste affirme que la loi est discriminatoire en demandant à Jagmeet Singh s’il ne fait pas passer les intérêts de son parti au Québec avant ses « principes et les droits à l’égalité pour tous les citoyens » :
Bonjour, je m’appelle Althia Raj du HuffPost Canada et le thème de ce segment est “Polarisation, droits de la personne et immigration”. Nous commencerons par ma question au chef du NPD, Jagmeet Singh. M. Singh, je voudrais vous interroger sur le projet de loi 21. Votre campagne est à propos du courage, mais vous n’avez pas montré le courage de combattre cette loi discriminatoire du Québec. Elle interdit aux personnes qui, comme vous, portent des symboles religieux, de travailler dans la province. Si vous étiez premier ministre, vous tiendriez-vous en retrait et permettriez-vous à une autre province de discriminer ses citoyens? Ne faites-vous pas, tout comme, franchement, les autres chefs sur cette scène, passer les intérêts de votre propre parti au Québec avant vos principes et les droits à l’égalité pour tous les citoyens? » (Hello, I’m Althia Raj from HuffPost Canada and the theme of this segment is “Polarization, human rights and immigration”. And we’ll begin with my question at NPD leader Jagmeet Singh. M. Singh I wanna ask you about bill 21. Your campaign is about courage, but you have not shown the courage to fight Quebec’s discriminatory law. It bars individuals who, like yourself, wear religious symbols from provincial employment. If you were prime minister, would you stand back and allow another province to discriminate against its citizens? Aren’t you, and frankly the other leaders on the stage, putting your own party’s interests in Quebec ahead of your principles and equality rights of all citizens?)
Dans sa réplique au Conseil, la journaliste indique qu’elle a « décrit la loi comme étant discriminatoire, ce qu’elle est. C’est au gouvernement de prouver que la discrimination est justifiée, comme il l’a fait avec le projet de loi 101 » (I described the bill as discriminatory, which it is. It is up to the government to prove that the discrimination is justified, as it has done with Bill 101, for example). Althia Raj n’a pas donné son opinion en qualifiant la Loi sur la laïcité de l’État de discriminatoire, puisque cette loi, par définition, discrimine certaines personnes. C’est pourquoi le gouvernement du Québec a utilisé la clause dérogatoire pour soustraire la loi à une dizaine d’articles de la Charte canadienne des droits et libertés. Lors de l’adoption du projet de loi 21, le gouvernement du Québec a invoqué l’article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés, aussi appelé clause dérogatoire ou disposition de dérogation, qui « permet aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de supplanter ou de contourner certains droits de la Charte », comme le rapporte l’Encyclopédie canadienne. Ainsi, cette clause dérogatoire « empêche des personnes ou des groupes de contester la loi en affirmant qu’elle est en violation des droits garantis par la Charte […] Cette loi génère de nombreux débats et protestations et est critiquée par plusieurs comme étant une forme de discrimination légalisée » (Encyclopédie canadienne).
L’employeur de la journaliste, Verizon Media, soutient que la question était « conçue pour obtenir une réponse qui pourrait servir à faire avancer le débat public sur les problèmes identifiés dans la question (The question was […]designed to obtain a response that could serve to advance public discussion of the issues identified in the question). En interrogeant Jagmeet Singh – qui arbore lui-même un signe religieux – sur la Loi sur la laïcité de l’État, la journaliste lui demandait de prendre position sur un sujet qui pourrait le rendre impopulaire au Québec. Se faisant, la journaliste a cherché à savoir s’il avait le « courage », en tant qu’aspirant au poste de premier ministre du Canada, de s’opposer à la Loi sur la laïcité de l’État, au risque de perdre une partie de l’électorat québécois. Ainsi, aux yeux des membres majoritaires, Althia Raj n’a pas exprimé d’opinion, mais a plutôt tenté d’ obtenir des réponses aux questions qui occupaient l’espace public au moment du débat.
Les membres s’appuient par ailleurs sur une décision antérieure dans le dossier D2016-06-164. Le plaignant estimait que l’animatrice Anne-Marie Dussault avait fait preuve de partialité en menant un « réquisitoire » contre la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Le Conseil a rejeté le grief de partialité visant l’animatrice de l’émission 24/60, en faisant valoir que l’animatrice dirigeait une entrevue de type « sur la sellette » (hot seat), qui vise à interroger de façon serrée une personne qui doit rendre compte au public, sans pour autant prendre parti en faveur d’un point de vue en particulier. Mme Dussault avait démontré une nécessaire robustesse devant son invitée combative, une habituée des entrevues corsées. Le ton de l’animatrice était tenace et insistant, mais respectueux et indiqué dans le contexte de la controverse soulevée par la venue de Mme Le Pen au Québec. De la même manière, lors du débat des chefs, Althia Raj a questionné Jagmeet Singh, le chef de l’un des principaux partis politiques, qui a des comptes à rendre à la population, sur un sujet controversé qui le touchait directement. Les membres majoritaires n’y voient pas de manque d’impartialité.
Un membre exprime sa dissidence, estimant qu’il y a de nombreux points de vue au sujet de la Loi sur la laïcité de l’État, et que la journaliste n’en a présenté qu’un seul dans sa question, en se l’appropriant comme s’il s’agissait du sien. Selon ce membre, Althia Raj a fait preuve de parti pris contre cette loi québécoise en employant des formulations péjoratives, comme « vous n’avez pas montré le courage de combattre cette loi discriminatoire du Québec » et « permettriez-vous à une autre province de discriminer ses citoyens? » et « Ne faites-vous pas, tout comme, franchement, les autres chefs sur cette scène, passer les intérêts de votre propre parti au Québec avant vos principes et les droits à l’égalité pour tous les citoyens? » Ce membre soutient que la journaliste aurait dû formuler sa question de façon impartiale, en mentionnant, par exemple, que certains Canadiens souhaiteraient que M. Singh ait « le courage de combattre » cette loi québécoise, plutôt que de se faire elle-même critique de cette loi. Le membre dissident considère que la décision antérieure ci-haut mentionnée concernant l’entrevue d’Anne-Marie Dussault avec Marine Le Pen diffère du cas présent, puisqu’Atlhia Raj s’approprie les arguments des opposants à la loi, alors qu’Anne-Marie Dussault, lors de son hot seat avec Mme Le Pen, avait présenté le point de vue des opposants en précisant qui ils étaient. Durant son entretien, l’animatrice a diffusé des extraits vidéo. Le Conseil a considéré que la diffusion de ces extraits, même s’ils étaient hostiles à la venue de Mme Le Pen, ne démontrait pas de partialité de la journaliste, mais informait plutôt le public des réactions que suscitait la venue de Mme Le Pen au Québec.
Dans sa plainte, Danny Rioux mentionne également que la journaliste qualifie cette loi de « raciste ». Sur ce point, Althia Raj se défend en affirmant qu’elle n’a jamais dit que la Loi sur la laïcité de l’État était raciste. L’ensemble des membres constate qu’elle n’a pas employé ce terme et que le plaignant a interprété les propos de la journaliste sur ce point.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Danny Rioux contre la journaliste Althia Raj, le HuffPost et CBC concernant le grief de partialité.
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Renée Lamontagne, présidente du comité des plaintes
Richard Nardozza
Représentants des journalistes :
Simon Chabot-Blain
Lisa-Marie Gervais
Représentants des entreprises de presse :
Jeanne Dompierre
Stéphan Frappier