Plaignant
Maxime Veilleux
Mis en cause
Le Journal de Montréal
Agence QMI
Résumé de la plainte
Maxime Veilleux dépose une plainte le 15 mai 2020 au sujet d’un article de l’Agence QMI, intitulé « Le message de Georges Laraque n’a pas été entendu », publié le 3 mai 2020 dans Le Journal de Montréal. Le plaignant déplore une information inexacte et une absence de correctif.
CONTEXTE
L’article rapporte que l’ancien joueur de hockey Georges Laraque a contracté la COVID-19 et qu’il se rétablit, même « s’il était toujours intubé dimanche ». Le texte se base sur les propos tenus par l’ancien joueur des Canadiens de Montréal dans des vidéos qu’il a publiées sur Facebook. Georges Laraque y soutient qu’il aurait pu être pris en charge plus tôt par l’hôpital et redoute le retour à l’école des élèves du primaire et du secondaire.
Analyse
Grief 1 : information inexacte
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité. » (article 9 a) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Le Conseil doit déterminer si Le Journal de Montréal et l’Agence QMI ont manqué à leur devoir d’exactitude dans la phrase suivante : « S’il était toujours intubé dimanche, il s’exprimait avec beaucoup plus d’aisance. »
Décision
Le Conseil de presse retient le grief d’information inexacte, car il juge que les mis en cause ont contrevenu à l’article 9 a) du Guide.
Analyse
Le plaignant soutient qu’il est inexact d’écrire que Georges Laraque est intubé, puisque « d’après les multiples vidéos produites […] concernant le traitement de la maladie, aucune ne mentionne qu’il ait été intubé. Par contre, il mentionne avoir été branché à de l’oxygène ». Le jour de la publication de l’article, le 3 mai 2020, Georges Laraque a publié une vidéo sur sa page Facebook, dans laquelle il s’adresse à ses abonnés. C’est de cette vidéo dont il est question dans l’extrait visé par la plainte : « Ayant souffert de deux pneumonies, l’ancien porte-couleurs du Canadien de Montréal est soigné dans un hôpital depuis quatre jours, mais va mieux. Samedi, il était apparu affaibli et fiévreux, et toussait souvent dans un message en ligne. S’il était toujours intubé dimanche [3 mai 2020], il s’exprimait avec beaucoup plus d’aisance. »
L’intubation, « en réanimation et en anesthésie », consiste en l’introduction « dans la trachée d’un gros tube assurant la liberté des voies aériennes supérieures, permettant la ventilation artificielle, la protection du poumon et l’aspiration des sécrétions bronchiques », telle que définie par le dictionnaire Le Larousse. Ainsi, les vidéos diffusées par Georges Laraque sur sa page Facebook ne permettent pas de conclure qu’il est intubé, au contraire. Dans l’une d’entre elles, publiée le 2 mai 2020, il précise lui-même qu’il a « de l’oxygène qui passe dans les narines pour [qu’il] puisse respirer ». Comme le souligne le plaignant, une « personne intubée ne peut pas s’exprimer oralement, contrairement à ce qui est mentionné dans la citation. Le terme “intubé” a été utilisé à tort pour décrire un apport artificiel en oxygène ».
L’intubation représente une intervention médicale beaucoup plus invasive que l’administration d’oxygène par les narines, puisqu’il s’agit d’introduire un tube dans la trachée. Elle est effectuée dans des situations médicales différentes.
De la même manière, dans le dossier D2019-01-013, une journaliste avait manqué à son devoir d’exactitude en confondant des termes significativement différents lorsqu’elle avait écrit que le « PPA » était un « permis de port d’armes ». La différence entre un permis de port d’armes et la possession d’arme était considérable et l’inexactitude risquait donc d’induire le public en erreur.
Similairement dans l’article qui nous concerne, la confusion entre « apport en oxygène » et « intubation » n’est pas anodine dans un contexte pandémique où les patients intubés se trouvaient généralement dans un état grave, et risquait d’induire en erreur les lecteurs sur l’état de santé de Georges Laraque.
Grief 2 : absence de correctif
Principe déontologique applicable
Correction des erreurs : « Les journalistes et les médias d’information corrigent avec diligence leurs manquements et erreurs, que ce soit par rectification, rétractation ou en accordant un droit de réplique aux personnes ou groupes concernés, de manière à les réparer pleinement et rapidement. » (article 27.1 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si Le Journal de Montréal a contrevenu à l’article 27.1 du Guide.
Décision
Le Conseil de presse retient le grief d’absence de correctif.
Analyse
Le plaignant indique qu’il a contacté le média pour l’aviser de l’erreur, mais qu’il n’a obtenu aucune réponse. En date de cette décision, l’article et l’information inexacte figurent toujours sur le site Internet du Journal de Montréal.
Considérant l’inexactitude constatée au grief précédent et que la faute n’a pas été corrigée même si le plaignant l’avait soulignée au média, Le Journal de Montréal n’a pas respecté son devoir de correction des erreurs.
Note
Le Conseil déplore le refus de collaborer du Journal de Montréal et de l’Agence QMI, qui ne sont pas membres du Conseil de presse, et qui n’ont pas répondu à la présente plainte.
Décision
Le Conseil de presse du Québec retient la plainte de Maxime Veilleux et blâme Le Journal de Montréal et l’Agence QMI pour information inexacte et absence de correctif.
Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membres s’engagent à respecter cette obligation et à faire parvenir au Conseil une preuve de cette publication ou diffusion dans les 30 jours de la décision. » (Règlement No 2, article 31.02)
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Richard Nardozza, président du comité des plaintes
Renée Lamontagne
Représentants des journalistes :
Simon Chabot-Blain
Lisa-Marie Gervais
Représentants des entreprises de presse :
Éric Grenier
Yann Pineau