D2022-12-230

Plaignants

Nicolas Tremblay

Michel Sigouin

Michel Côté

et 8 plaignants en appui

Mis en cause

Anne-Marie Dussault, animatrice

Émission « 24/60 »

ICI RDI, Radio-Canada

Dates de dépôt des plaintes

Les 6, 7, 8 et 9 décembre 2022

Date de la décision

Le 27 octobre 2023

Résumé de la plainte

Nicolas Tremblay, Michel Sigouin, Michel Côté ainsi que huit plaignants en appui déposent des plaintes les 6, 7, 8 et 9 décembre 2022 au sujet du segment « Armes à feu : le débat est relancé » de l’émission « 24/60 », animée par Anne-Marie Dussault et diffusée le 5 décembre 2022 sur les ondes d’ICI RDI. Les plaignants déplorent de l’information inexacte, des informations incomplètes, de la partialité et un manque d’équité.

Contexte

Durant les premiers jours du mois de décembre 2022, le gouvernement fédéral de Justin Trudeau tente de faire adopter à la Chambre des communes une version amendée et plus restrictive du projet de loi C-21 – ou Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu) –, visant à resserrer le contrôle des armes à feu au Canada. Cette nouvelle mouture du projet de loi C-21, qui élargit notamment la définition de ce qui constitue une arme d’assaut, est alors vivement contestée par divers groupes, dont certains chasseurs, qui craignent de voir plusieurs modèles d’armes de chasse devenir illégaux.

Dans cette foulée, le gardien de but vedette du Canadien de Montréal, Carey Price, fait une sortie publique sur le réseau Instagram le 3 décembre. Joignant sa voix à celle de la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu (CCDAF), le hockeyeur britanno-colombien adepte de la chasse y manifeste son opposition au projet de loi C-21, interpellant directement le premier ministre Trudeau. 

À l’approche de la commémoration annuelle de la tuerie de l’École polytechnique de Montréal – survenue le 6 décembre 1989 –, la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu, un regroupement proarmes, lance une campagne promotionnelle controversée sur le réseau Twitter. La boutique en ligne de la CCDAF offre à ses clients un rabais de 10 % sur des produits dérivés en soutien aux droits aux armes à feu s’ils utilisent le code promotionnel « Poly ».

Pour discuter du projet de loi C-21, l’animatrice Anne-Marie Dussault reçoit, dans le cadre de l’émission quotidienne « 24/60 » du lundi 5 décembre 2022, le président du groupe Aventure Chasse Pêche, Martin Bourget – qui défend le point de vue de certains chasseurs – ainsi que Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique, membre de la Coalition pour le contrôle des armes à feu et porte-parole de PolySeSouvient. La présente plainte vise ce segment de l’émission, intitulé « Armes à feu : le débat est relancé ».

Griefs des plaignants

Grief 1 : information inexacte

Principe déontologique applicable

Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité. » (article 9 a) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)

Le Conseil doit déterminer si l’animatrice Anne-Marie Dussault a manqué à son devoir d’exactitude en attribuant à son invité Martin Bourget les propos suivants : « Et quand M. Bourget dit qu’il n’y a jamais eu d’exemple de… de tueur en série ici avec des armes d’assaut? »

Décision

Le Conseil de presse du Québec retient le grief d’information inexacte, car il juge qu’Anne-Marie Dussault a contrevenu à l’article 9 a) du Guide

Analyse

Deux plaignants estiment que Mme Dussault a rapporté une information inexacte en attribuant à son premier invité, Martin Bourget, des propos qu’il n’a pas tenus, alors qu’elle s’entretenait avec Nathalie Provost dans une seconde entrevue, quelques minutes plus tard. 

Michel Côté affirme que « la journaliste [Anne-Marie Dussault] a faussement attribué à Martin Bourget, lors de son entrevue suivante avec la représentante de “Poly se souvient”, un commentaire erroné. Elle a affirmé que Martin Bourget avait dit qu’aucun tueur en série n’utilisait d’armes [d’assaut], ce qu’il n’a jamais dit lors de son entrevue. »

Nicolas Tremblay avance pour sa part que « Mme Dussault déforme les propos de M. Bourget lors de l’entrevue avec Mme [Provost] sur le fait qu’il n’y avait jamais eu d’armes d’assaut dans les tueries, alors que le sujet était [les] armes de chasse détenues légalement par les propriétaires. Encore une fois, Mme [Provost] a dû corriger le tir pour faire la distinction appropriée. »

Rappelant le contexte dans lequel se sont déroulées ces deux entrevues, les mis en cause rétorquent : « […] notre animatrice Anne-Marie Dussault a reçu deux invités : Martin Bourget, le président du groupe Aventure Chasse Pêche, et Nathalie Provost, une survivante de la tuerie du 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique de Montréal (appelée maintenant Polytechnique Montréal), membre de la Coalition pour le contrôle des armes à feu et porte-parole de PolySeSouvient. »

Ils poursuivent : « L’objectif était d’aborder les amendements proposés par le gouvernement fédéral qui visaient à resserrer le projet de loi C-21 en élargissant (notamment) la définition de ce qu’est une arme d’assaut, la controverse provoquée par la publication (sur Instagram) du gardien de but Carey Price et la promotion (Code promo “Poly”) offerte par la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu à ses clients. »

Les mis en cause ajoutent : « L’automne dernier, le gouvernement de Justin Trudeau n’a cessé d’affirmer que le projet de loi C-21 ne ciblait ni la chasse ni les chasseurs. Ces derniers sont demeurés incrédules. Pour tirer les choses au clair et donner la parole aux chasseurs, Anne-Marie Dussault a invité Martin Bourget, dont le groupe compte de nombreux membres. Les commentaires qui ont suivi la diffusion de l’épisode de “24/60” qui comporte cette entrevue nous ont permis de prendre la mesure de l’importance du sujet et des passions qu’il déchaîne. »

Ils mentionnent aussi : « Radio-Canada admet que la discussion prêtait à confusion vu la complexité du sujet. Voici le fil de la conversation : 

  • À la fin de l’entretien avec Martin Bourget, l’animatrice a posé la question suivante : “Mais le droit des chasseurs, de limiter le type de calibre versus la sécurité publique, parce que ces armes-là attirent les tueurs en série, les tueurs de masse?”
  • Martin Bourget a répondu ceci : “Elles ne sont pas présentes dans l’histoire de la criminalité du Canada, d’après une étude appelée par le commissariat de police de Vancouver en post registre fédéral.”
  • Quelques minutes plus tard, au cours de l’entretien avec Nathalie Provost, Anne-Marie Dussault a cité M. Bourget : “Et quand M. Bourget dit qu’il n’y a jamais eu d’exemple de… de  tueur en série ici avec des armes d’assaut?” »

Radio-Canada précise : « Anne-Marie Dussault soutient que cette déclaration était le résultat d’un malentendu. »

Mme Dussault elle-même explique : « Lorsque j’ai posé ma question à M. Bourget, je faisais référence à l’amendement proposé au projet de loi C-21. Je voulais savoir s’il n’était pas légitime pour le gouvernement de limiter les privilèges des chasseurs quand il s’agit de certains types d’armes qui sont utilisés par les tueurs de masse. »

Les mis en cause soutiennent également : « Rappelons que l’amendement du fédéral restreindrait la possession d’armes qui peuvent tirer un projectile supérieur à 10 000 joules et qui sont conçues pour accepter un chargeur de cartouches amovible d’une capacité supérieure à cinq cartouches. »

« C’est cet amendement et la problématique des armes d’assaut qui étaient le fil conducteur de Mme Dussault tout au long de l’entrevue et qu’elle avait en tête lorsqu’elle a posé sa question. Or, de son côté, M. Bourget s’est référé à une étude dont il n’a pas détaillé le contenu, dans sa réponse à la question d’Anne-Marie Dussault. Cette dernière a donc cru qu’il parlait de l’absence de tueurs en série au Canada avec des armes d’assaut. Force est d’admettre que l’échange entre les protagonistes était équivoque. Toutefois, cela ne constitue pas une violation du principe déontologique », concluent les mis en cause.

À l’écoute du segment de l’émission « 24/60 » qui fait l’objet de la présente plainte, on constate que l’échange entre l’animatrice Anne-Marie Dussault et Martin Bourget n’était pas d’une grande limpidité, ce qui semble être à l’origine de la confusion qui s’en est suivie. Bien que la déclaration de Mme Dussault dans laquelle elle paraphrasait les propos de M. Bourget ait pu être le résultat d’un « malentendu », il n’en demeure pas moins qu’il y a eu une erreur dans l’information livrée au public, puisque M. Bourget n’a pas tenu les propos que Mme Dussault lui a attribués. 

En effet, il était inexact d’affirmer : « Et quand M. Bourget dit qu’il n’y a jamais eu d’exemple de… de tueur en série ici avec des armes d’assaut? », alors que ce dernier avait plutôt dit : « Elles ne sont pas présentes dans l’histoire de la criminalité du Canada après une étude appelée par le Commissariat de police de Vancouver en post registre fédéral, madame. » Rappelons que M. Bourget était consulté en tant que représentant des chasseurs opposés au projet de loi C-21, et qu’à ce titre, il était convié à parler des armes de chasse. Par conséquent, lorsqu’il a affirmé qu’« elles ne sont pas présentes dans l’histoire de la criminalité du Canada », M. Bourget ne pouvait que faire référence aux armes de chasse, et non aux armes d’assaut.

La seconde intervenante, Nathalie Provost, avait manifestement compris que M. Bourget parlait d’armes de chasse puisqu’elle a répondu à l’affirmation d’Anne-Marie Dussault selon laquelle M. Bourget aurait « dit qu’il n’y a jamais eu d’exemple de tueur en série ici avec des armes d’assaut » de la manière suivante : « Peut-être pas d’armes en série [sic], mais combien de féminicides avec des armes de chasse? C’est peut-être pas en série, mais c’est pas acceptable non plus, et l’année passée, ça a été une année record. »

Il est également important de noter qu’au moment où Mme Dussault a erronément paraphrasé les propos de M. Bourget, ce dernier n’était plus présent en ondes. Il n’a donc  pas pu corriger l’animatrice, car son entrevue s’était déroulée en visioconférence et avait pris fin quelques minutes auparavant.

Grief 2 : informations incomplètes

Principe déontologique applicable

Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : e) complétude : dans le traitement d’un sujet, présentation des éléments essentiels à sa bonne compréhension, tout en respectant la liberté éditoriale du média. » (article 9 e) du Guide)

2.1 Tueurs en série

Le Conseil doit déterminer si l’animatrice Anne-Marie Dussault a omis des éléments essentiels à la bonne compréhension du sujet dans le passage de l’émission « 24/60 » retranscrit ci-dessous. 

« […] parce que ces armes-là attirent les tueurs en série, les tueurs de masse. »

Décision

Le Conseil rejette le grief d’information incomplète sur ce point.   

Analyse 

Michel Sigouin déplore que l’affirmation d’Anne-Marie Dussault « […] parce que ces armes-là attirent les tueurs en série, les tueurs de masse » contienne de l’information incomplète. Il soutient : « Quelles sont les preuves à l’appui? Elle ne donne pas d’exemples concrets, de statistiques, ni de preuves. Comment savoir que les armes de chasse sont liées à de tels crimes? »

Les mis en cause répliquent : « Notre animatrice faisait référence aux propos du premier ministre Justin Trudeau diffusés en début d’émission, tout juste avant les entrevues : 

“Certains modèles qu’on ne peut pas permettre dans notre pays parce qu’ils ont été créés pour tuer le plus grand nombre de gens le plus rapidement possible. Et donc, nous allons continuer de faire le travail, on est en train d’écouter les Canadiens pour s’assurer qu’on n’est pas en train de capturer [sic] des armes qu’on [ne] devrait pas, mais on va continuer d’aller de l’avant pour protéger les communautés.” »

Ils poursuivent : « Mme Dussault n’a pas dit que les armes de chasse étaient nécessairement liées au crime, elle a plutôt évoqué le fait que le gouvernement cherchait à empêcher que certains modèles ne soient transformés et ne deviennent des fusils d’assaut. »

Radio-Canada conclut : « Soulignons que quelques jours avant l’entrevue, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, rappelait ceci : “Ça fait deux ans et demi que nous disons que les armes d’assaut n’ont pas leur place dans nos communautés […] Elles ont été conçues pour exercer la plus grande force létale dans le plus court laps de temps.” »

En ouverture du segment visé par ce grief, l’animatrice Anne-Marie Dussault expliquait que le noeud du débat opposant les détracteurs et les défenseurs du projet de loi C-21 était que certaines armes de chasse ayant le potentiel d’être transformées en armes d’assaut risquaient d’être prohibées par l’adoption éventuelle de la Loi C-21. Ces informations fournissaient une importante mise en contexte permettant aux téléspectateurs de saisir le principal enjeu sur lequel portait la discussion. De plus, les explications de l’animatrice étaient étayées par la diffusion des propos du premier ministre Justin Trudeau à ce sujet, comme le soulignent les mis en cause. 

Lorsque le Conseil analyse un grief d’information incomplète, il doit déterminer si les éléments d’information dont le plaignant déplore l’absence étaient essentiels à la bonne compréhension du sujet abordé. Dans le cas présent, le plaignant évoque l’absence de preuves et de statistiques démontrant que « ces armes-là attirent les tueurs en série, les tueurs de masse ». Cependant, il ne précise pas quelles données en particulier auraient été essentielles, ni ce qu’elles auraient ajouté à la bonne compréhension du sujet traité. Pour qu’un grief d’information incomplète soit retenu, le plaignant a la responsabilité d’identifier clairement les informations essentielles manquantes et d’expliquer en quoi elles auraient permis une meilleure compréhension du sujet. Or, cette démonstration n’a pas été faite.

D’autre part, Martin Bourget, à titre d’expert en armes de chasse, avait la possibilité d’intervenir à ce moment de l’entrevue. Il aurait pu corriger l’animatrice, remettre son affirmation en doute ou apporter des précisions. Il a plutôt répondu : « Elles ne sont pas présentes dans l’histoire de la criminalité du Canada, d’après une étude appelée par le commissariat de police de Vancouver en post registre fédéral », sans préciser de quelle étude il s’agit, sur quoi porte celle-ci ou ce qui s’en dégage. À la lumière de ces constatations, on ne peut conclure qu’une information essentielle à la compréhension du sujet a été omise. C’est pourquoi ce grief d’information incomplète est rejeté. 

2.2 Autres massacres

Le Conseil doit déterminer si l’animatrice Anne-Marie Dussault a omis des éléments essentiels à la bonne compréhension du sujet dans le passage de l’émission « 24/60 » retranscrit ci-dessous.

« Bien, en tout cas, y’a eu Québec, y’a eu d’autres massacres, y’a eu deux policiers en Ontario la semaine dern…, euh, y’a quelques semaines, avec un SKS. Merci beaucoup, M. Bourget. »

Décision

Le Conseil rejette le grief d’information incomplète sur ce point.

Analyse 

Michel Sigouin soutient que le passage retranscrit ci-dessus contient de l’information incomplète. Il affirme : « Elle [Mme Dussault] ajoute ensuite ceci comme exemples : “Il y a eu Québec…” (pas de date, ni de détails additionnels pour informer les téléspectateurs). Est-ce qu’on parle ici du drame de la Polytechnique? Ou d’un autre incident? Elle continue en disant : “Il [y] a eu d’autres massacres” (lesquels?), “y’a eu deux policiers en Ontario la semaine dernière. Il y a quelques semaines”. (Encore un manque d’information au sujet de l’incident). »

Les mis en cause répondent : « Mme Dussault avait aussi en tête les deux amendements déposés en novembre 2022. Elle a illustré son propos en donnant des exemples de tueries : l’attentat au Centre culturel islamique (Grande mosquée) de Québec qui a fait six morts en 2017, le meurtre de deux policiers en Ontario en octobre 2022 (à l’aide d’un SKS). »

« Nous [nous] permettons respectueusement de rappeler que le drame de Québec qui a causé la consternation partout dans la province (et ailleurs au pays) s’est produit le 29 janvier 2017. Il a défrayé la chronique pendant des mois et son souvenir demeure aussi vif et douloureux pour nombre de Québécois », ajoute Radio-Canada.

« La tragédie de Polytechnique, un événement traumatisant qui a profondément marqué les esprits et laissé des traces indélébiles, a eu lieu à Montréal, le 6 décembre 1989. Selon nous, l’animatrice n’a pas à détailler chaque fois des événements funestes qui sont connus du grand public et dont les commémorations sont soulignées tous les ans (Polytechnique) dans l’ensemble des médias », concluent les mis en cause.

Comme au grief précédent, bien que le plaignant déplore un manque d’information au sujet des tueries auxquelles Anne-Marie Dussault faisait référence, il n’indique pas quels éléments essentiels à la bonne compréhension du sujet auraient été omis. Il n’explique pas non plus en quoi l’absence de détails sur les tragédies citées par l’animatrice aurait empêché les téléspectateurs de bien comprendre le sujet abordé, qui était le projet de loi C-21. 

Il est également important de considérer que, comme le font valoir les mis en cause, Mme Dussault évoquait des tueries de masse connues du grand public et commémorées annuellement, soit l’attentat au Centre culturel islamique (Grande mosquée de Québec) survenu le 29 janvier 2017, ainsi que la tragédie de l’école Polytechnique de Montréal, qui a eu lieu le 6 décembre 1989. 

En ce qui concerne le double meurtre des policiers ontariens Devon Northrup et Morgan Russell, qui s’est produit dans la ville de South Simcoe le 11 octobre 2022, cet événement médiatisé était encore récent au moment de la diffusion de l’émission « 24/60 » du 5 décembre 2022. Ce drame était survenu moins de deux mois auparavant et avait fait les manchettes de nombreux journaux et bulletins de nouvelles à travers le pays. Mme Dussault s’est montrée suffisamment précise pour que le téléspectateur moyen soit en mesure de comprendre à quel événement elle faisait référence.

En somme, puisque le plaignant n’a pas fait la démonstration que les éléments contextuels dont il déplore l’absence était essentiels à la bonne compréhension du sujet, et parce que l’animatrice évoquait des tragédies largement connues du grand public ou récemment médiatisées, aucun manquement déontologique ne peut être constaté. Le grief d’information incomplète est donc rejeté.

Grief 3 : partialité

Principe déontologique applicable

Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : c) impartialité : absence de parti pris en faveur d’un point de vue particulier. » (article 9 c) du Guide)

3.1 Meurtre de France Alain

Le Conseil doit déterminer si l’animatrice Anne-Marie Dussault a pris parti en faveur d’un point de vue particulier en tenant les propos suivants : « J’ai tenu une fois une carabine dans ma main, qui avait servi à un meurtre, d’ailleurs, celui de France Alain, toujours pas résolu. »

(Soulignement ajouté par le Conseil de presse pour identifier le passage visé par la plainte)

Décision

Le Conseil rejette le grief de partialité sur ce point.

Analyse

Michel Sigouin estime qu’Anne-Marie Dussault a manqué à son devoir d’impartialité en tenant les propos retranscrits ci-haut. Il soutient : « ​​Il est clair, en partant, que Mme Dussault est contre les armes à feu. Elle n’aurait pas pu limiter son commentaire à « J’ai tenu une fois une carabine dans ma vie »? »

Les mis en cause rétorquent : « Notre animatrice reconnaît d’emblée que son entretien avec M. Bourget comportait des remarques spontanées et peut-être malhabiles. Rappelons qu’elles ont été faites à chaud. »

Ils affirment : « À cet égard, nous croyons pertinent de souligner que dans le domaine de l’information, le direct est un exercice exigeant qui requiert à la fois des réflexes aiguisés, la capacité d’analyser rapidement une situation donnée et une concentration à toute épreuve. Nul n’est à l’abri des pièges que comportent les entrevues qui ne sont pas préenregistrées, pas même les animateurs les plus chevronnés. »

« Par exemple, en voulant reconnaître qu’elle ne s’y connaissait pas en matière d’armes à feu, l’animatrice a fait ce commentaire : “J’ai tenu une fois une carabine dans ma main qui avait servi à un meurtre, d’ailleurs, celui de France Alain, toujours pas résolu” », ajoute Radio-Canada.

Les mis en cause poursuivent : « Cette déclaration en début d’entrevue avait, selon certains, des allures de parti pris. Tout en reconnaissant que la réflexion avait de quoi surprendre, Mme Dussault explique qu’elle voulait donner une touche personnelle à ses interventions en parlant de son expérience. »

Mme Dussault elle-même explique : « J’ai réalisé un reportage à Contrechamp [en octobre 1983] pour souligner le premier anniversaire du meurtre [de France Alain]. J’ai remporté le prix Judith-Jasmin pour ce reportage. C’est la seule fois où j’ai touché à une arme à feu, une carabine de calibre .12. Une scène du reportage me montre en train de tirer sur une cible. »

Radio-Canada conclut : « Nous nous attendons à ce que nos journalistes s’appuient sur leur expérience et sur leur expertise pour transmettre l’information. »

Bien que la remarque de Mme Dussault ait pu paraître maladroite ou inopinée, la journaliste témoignait ici en toute transparence de sa méconnaissance des armes à feu, et non d’un parti pris contre celles-ci. En affirmant qu’elle avait « tenu une fois une carabine » et que cette arme avait été utilisée dans le « meurtre de France Alain, toujours pas résolu », l’animatrice formulait au passage une observation de nature factuelle basée sur son expérience journalistique personnelle. À ce sujet, la décision antérieure D2017-10-118 rappelle que « pour établir qu’un journaliste a fait preuve de partialité, il faut montrer qu’il a commenté les faits, en émettant une opinion, par exemple ». Dans le cas présent, la journaliste divulguait des faits, mais elle ne les a pas commenté ni pris parti en faveur ou à l’encontre d’un point de vue particulier.

Dans une autre décision antérieure portant sur un cas semblable (D2021-09-142), on explique que « lorsqu’il évalue le principe d’impartialité, le Conseil étudie les termes qui ont été utilisés […]. Il cherche à confirmer que parmi ces termes, qu’ils soient sous forme de question, qu’il s’agisse d’une phrase ou d’un mot, il y a absence de parti pris en faveur d’un point de vue en particulier. » Or, aucun des termes employés par Mme Dussault ne témoigne d’un parti pris « contre les armes à feu », contrairement à ce qu’allègue le plaignant. L’animatrice ne commente pas les faits et n’exprime pas d’opinion. Elle s’appuie plutôt sur un exemple tiré de son expérience journalistique passée pour illustrer le fait qu’elle est loin d’être une experte en matière d’armes à feu. Pour ces raisons, le grief de partialité est rejeté.

3.2 Arme tenue par Carey Price

Le Conseil doit déterminer si l’animatrice Anne-Marie Dussault a pris parti en faveur d’un point de vue particulier dans l’échange avec Martin Bourget retranscrit ci-dessous.

Anne-Marie Dussault : « D’ailleurs, Carey Price est… on le voit avec une arme qui n’est même pas une arme prohibée, donc… »

Martin Bourget : « Elle n’est pas prohibée son arme, non. »

Anne-Marie Dussault : « Non, mais il… c’est comme… il la présente sur les réseaux sociaux comme si elle était prohibée, comme s’il était devenu porte-parole du lobby proarmes. C’est comme si les chasseurs étaient récupérés, instrumentalisés par le lobby proarmes. C’est ça. Et donc, de la désinformation. »

(Soulignement ajouté par le Conseil de presse pour identifier le passage visé par la plainte)

Décision

Le Conseil rejette le grief de partialité sur ce point. 

Analyse

Nicolas Tremblay reproche à Anne-Marie Dussault d’avoir manqué à son devoir d’impartialité en tenant les propos retranscrits ci-dessus. Il indique : « Mme Dussault accuse Price de présenter son arme comme si elle était prohibée, une interprétation que je ne fais pas. [Le] message de Price [sur Instagram] ne fait aucunement mention que son arme est prohibée. Price appuie la CCFR [Canadian Coalition for Firearm Rights]. Price a peut-être d’autres armes qui le seront et tien[t] simplement à exprimer son opinion au sujet de la C-21, comme bien d’autre monde. Elle en fait une interprétation personnelle pour démontrer que Price, ainsi que les chasseurs, sont de mauvaise foi […] Mme Dussault accuse les chasseurs d’être des instruments du lobby proarmes. Comme si Price était une marionnette proarmes. »

Les mis en cause répliquent : « Un rappel de la chronologie des faits est nécessaire afin de comprendre le postulat et la question de l’animatrice. Le 3 décembre 2022, Carey Price publie sur son compte Instagram une photo de lui, vêtu d’un habit de camouflage (ou de chasse, c’est selon), une carabine dans les mains. Son commentaire est le suivant :

“J’aime ma famille, j’aime mon pays et je me soucie de mon prochain. Je ne suis pas un criminel ni une menace pour la société. Ce que Justin Trudeau essaie de faire est injuste. Je soutiens la CCDAF [Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu] afin de garder mes outils de chasse.” »

Les mis en cause ajoutent : « À ce moment-là, il règne la confusion la plus totale. Elle découle du dépôt de deux amendements au projet de loi C-21. Le premier spécifie la définition d’une arme à feu prohibée :

“Les armes semi-automatiques, incluant les fusils de chasse, et dont le chargeur peut être modifié pour recevoir plus de cinq cartouches, sont bannies, tout comme celles qui peuvent tirer des projectiles avec une énergie initiale de plus de 10 000 joules et celles dont la surface intérieure du canon est de 20 millimètres ou plus.” » 

Radio-Canada poursuit : « Le deuxième amendement consiste en une liste exhaustive d’armes à feu proscrites. Nombre de chasseurs présument ou concluent alors que leurs armes sont visées par le projet de loi. Il en va vraisemblablement de même pour Carey Price. Il devient alors pour plusieurs le porte-étendard de la cause, de la fronde contre le gouvernement. N’appuie-t-il pas publiquement la Coalition canadienne pour les droits [aux] armes à feu, un groupe proarmes qui s’oppose au projet de loi C-21[?] »

« Si bien que le 5 décembre 2022, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, doit intervenir publiquement pour lancer un appel au calme et présenter les résultats d’un examen minutieux de la carabine que tient le gardien de but du Canadien sur la photo de sa publication. Le verdict de la Gendarmerie royale du Canada, qui a analysé le fusil, est clair : l’arme de calibre 12 de marque Benelli est légale et continuera de l’être après l’adoption du projet de loi C-21. Ce constat est rendu public vers midi (le 5 décembre) », font valoir les mis en cause.

Ils expliquent : « On comprend mieux le postulat et la question de l’animatrice de “24/60” le même soir (5 décembre 2022, 4 minutes après le début de l’émission) : “Non, mais il… c’est comme… il la présente sur les réseaux sociaux comme si elle était prohibée, comme s’il était devenu porte-parole du lobby proarmes.” »

Radio-Canada conclut sa réplique en soutenant : « Nous réfutons donc toute accusation de partialité dans ce dossier. »

On ne saurait voir dans les termes pointés par le plaignant un parti pris, mais plutôt une hypothèse émise par Anne-Marie Dussault à laquelle elle tentait de faire réagir son invité, Martin Bourget. Celui-ci a eu le loisir de rejeter l’hypothèse qui lui était soumise, ce qu’il a d’ailleurs fait. Cet échange s’inscrit dans une dynamique journalistique conventionnelle entre une intervieweuse et un interviewé. 

De plus, en soutenant que « c’est comme si » Carey Price présentait son arme à feu de manière à laisser croire qu’elle risquait d’être prohibée à la suite de l’adoption du projet de loi C-21, et qu’il semblait par conséquent se faire « le porte-parole du lobby proarmes », Mme Dussault proposait une analyse plausible de la situation et suggérait que telle était l’impression qui s’en dégageait. Cette démarche visait à obtenir l’opinion de M. Bourget, à recueillir ses impressions, et non à imposer un point de vue personnel. 

Ainsi, considérant que les termes identifiés par le plaignant ne témoignent d’aucun parti pris et que l’intervention de Mme Dussault constituait une hypothèse analytique afin d’obtenir la réaction de son invité, le présent grief de partialité est rejeté.

Grief 4 : manque d’équité

Principe déontologique applicable

Équité : « Les journalistes et les médias d’information traitent avec équité les personnes et les groupes qui font l’objet de l’information ou avec lesquels ils sont en interaction. » (article 17 du Guide)

Le Conseil doit déterminer si l’animatrice Anne-Marie Dussault a manqué d’équité envers Martin Bourget, président du groupe Aventure Chasse Pêche, en interviewant ce dernier.

Décision

Le Conseil rejette à la majorité (5 sur 6) le grief de manque d’équité.  

Analyse 

Nicolas Tremblay reproche à Anne-Marie Dussault d’avoir manqué d’équité envers Martin Bourget. Il désigne l’ensemble de l’entretien, et cite les deux passages suivants à titre d’exemples précis :

  • (Extrait 1) Anne-Marie Dussault : « Est-ce que ne vous propagez pas un message un peu erroné, là? Est-ce que vous ne tirez pas des conclusions trop rapidement sur ce que vous risquez de perdre? » 
  • (Extrait 2) Martin Bourget : « Ben, les deux lobbies, les deux grands lobbies se lancent des balles chacun de leur côté et utilisent… »
  • Anne-Marie Dussault : « Drôle de formule, “se lancent des balles”. Y’a eu quatorze femmes qui ont été tuées en 1989 et j’aurai la survivante avec moi dans un instant. »

Le plaignant soutient : « Il est flagrant que l’attitude de Mme Dussault entre les différents intervenants était complètement différente. Avec Martin Bourget, Mme Dussault était hostile, questions fermées, ne considère pas les réponses et passe à la prochaine question, par la suite, elle déforme certains propos (utilisation d’arme[s] d’assaut vs chasse dans les tueries) afin de démoniser l’intervenant […]. »

« Avec Nathalie Provost, Mme Dussault prend le temps de mettre la table, écoute les réponses même si elle ne répon[d] pas vraiment aux questions demandée[s]. Il est flagrant que Mme Dussault a déjà une opinion en tête et qu’elle n’est pas ouverte à la discussion et au débat pour rechercher solution et vérité. Elle désire imposer son narratif », affirme le plaignant.

Il ajoute : « Mais comment peut-elle bâillonner Martin [Bourget], qui arrive à peine à s’exprimer pour présenter des faits et discuter de la source du problème et des statistiques et solutions, alors qu’elle-même arrive à peine à citer des faits et s’appuie sur des émotions [?] »

Le plaignant mentionne également : « Est-ce que les deux intervenants ont été traités équitablement? Non. Martin [Bourget] s’est fait interrompre à [de] multiple[s] reprise[s]. Était-il déplacé? Non. Parlait-il de sujet[s] hors contexte? Non, il donnait des exemples et citait des faits. Mme [Provost] ne s’est pas fait interrompre une seule fois. Mme [Provost] a pu exposer son narratif comme étant des faits, sans en débattre. Martin a donné des exemples, expliqué des faits et s’est fait interrompre pour se faire dire qu’il propage des messages erronés, pour invalider toutes ses explications encore. »

Il conclut : « Présenter une pauvre victime [contre] un méchant chasseur. Présent[er] hors contexte le sujet du code promo […], sujet qui n’a aucun rapport [avec le] sujet de la problématique de la loi C-21, en plus l’association se défend de cette accusation. Forc[er] Martin à condamner deux fois des agissements d’autre[s] partie[s] ([Carey] Price et Code promo) qui n’[ont] aucun lien avec la C-21 ou avec Martin. Accus[er] Price et les chasseurs tireur[s] sportif[s] d’être des instruments du lobby proarme[s], etc. Accus[er] Price de faire de la désinformation. »

Pour leur part, les mis en cause répondent : « Pendant les huit minutes qu’a duré l’entrevue de Martin Bourget, l’animatrice Anne-Marie Dussault a incité son interlocuteur à être plus explicite. Mme Dussault a mené une entrevue serrée, sans complaisance, appelée aussi “hot seat”. C’est ainsi que, dans le jargon journalistique, l’on qualifie les entretiens qui visent à obtenir des réponses claires et précises des personnalités publiques et des politiciens en faisant en sorte qu’ils ne se servent pas de tactiques dilatoires. »

« Le but de l’exercice est de fournir aux téléspectateurs tous les éléments nécessaires afin de se forger une opinion sur un sujet, sur un programme électoral, sur des prises de position. Il faut savoir qu’au fil des ans, Anne-Marie Dussault a fait de ce type d’échanges sa spécialité. Dans le cas qui nous occupe, les interruptions de Mme Dussault avaient pour but de pousser M. Bourget à clarifier ses explications. L’importance du sujet n’en exigeait pas moins », précise Radio-Canada.

Les mis en cause poursuivent : « La porte-parole de PolySeSouvient qui milite depuis des années pour un plus grand contrôle des armes était, quant à elle, venue commenter les propositions gouvernementales. »

Mme Dussault elle-même explique : « Il faut faire la distinction entre un chasseur, Martin Bourget, qui s’oppose à un projet de loi qui risque, selon lui, de lui retirer certains privilèges, et une survivante, Mme Provost, d’une tragédie qui fait consensus et qui plus est, se dit en faveur des revendications des chasseurs. »

Radio-Canada ajoute : « En journalisme, une entrevue doit être circonstanciée, la personne qui la mène doit tenir compte des faits, de la place qu’occupent les différents interlocuteurs et de leur argumentaire. »

Concernant l’affirmation du plaignant selon laquelle « le sujet du code promo [“Poly”, de la CCDAF] » aurait été présenté « hors contexte », les mis en cause rétorquent : « Nous nous inscrivons en faux contre une telle assertion. Le sujet “code promo” n’était pas hors contexte. Bien au contraire. Au cours de l’automne 2022, au moment où le débat sur les amendements proposés au projet de loi C-21 faisait rage, la Coalition canadienne pour les droits [aux] armes à feu (CCDAF) offrait 10 % de rabais à ses clients qui faisaient des achats à sa boutique en ligne en utilisant le code promo “Poly”. »

Les mis en cause concluent : « Lorsqu’il est question de discussions relatives au projet de loi C-21, PolySeSouvient est aux premières loges. Nous sommes d’avis que dans ce contexte, les questions posées par Mme Dussault à M. Bourget au sujet du “code promo” étaient tout à fait pertinentes. »

Cinq des six membres du comité des plaintes estiment que Martin Bourget a eu l’occasion de faire valoir son point de vue durant cet entretien et que Mme Dussault n’a donc pas manqué d’équité envers lui. M. Bourget avait la possibilité d’arrêter Mme Dussault et de lui signifier qu’il souhaitait compléter ses explications lorsqu’il se faisait interrompre. Les interruptions de l’animatrice étaient d’ailleurs justifiées par le fait que les réponses de son invité ne lui paraissaient pas satisfaisantes. Elle devait également respecter la limite de temps allouée à cette entrevue, qui se déroulait en direct. 

À titre d’exemple a contrario, dans la décision antérieure D2017-09-114, un grief de manque d’équité a été retenu car « le Conseil a constaté que l’animateur [de radio] en cause s’appuyait sur des suppositions et des sous-entendus pour commenter la gestion de l’ex-maire de Roberval, sans préciser de quoi il s’agissait et sans que ce dernier puisse y répondre ». Dans le cas présent, Martin Bourget a eu la chance de réagir et de commenter les propos d’Anne-Marie Dussault, puisqu’il était l’interlocuteur de l’animatrice.

En outre, il s’agissait d’une entrevue serrée, de type “hot seat” (sur la sellette), que l’on ne saurait comparer à l’entretien suivant avec Nathalie Provost. M. Bourget dénonçait les nouveaux amendements apportés au projet de loi C-21 et était invité à débattre en faisant valoir le point de vue des chasseurs qui se sentaient lésés. Pour sa part, Mme Provost était plutôt conviée à commenter les grandes lignes du projet de loi et Mme Dussault tentait de recueillir ses impressions générales. 

Un membre du comité des plaintes exprime sa dissidence et retient le grief de manque d’équité. Ce membre soutient que Martin Bourget n’a pas eu l’occasion d’apporter toutes les précisions qu’il tentait de donner sur la réglementation des armes à feu, car il s’est fait interrompre à au moins cinq reprises par l’animatrice. Comme Anne-Marie Dussault menait cette entrevue, elle avait la responsabilité de traiter son invité équitablement, ce qu’elle n’a pas fait.

Cependant, pour les membres majoritaires, le fait d’interrompre son invité, même fréquemment, n’était pas un signe de manque d’équité de la part de l’animatrice. M. Bourget, un spécialiste des armes de chasse habitué à s’exprimer dans la sphère publique, a eu la possibilité de faire ses représentations politiques pendant cette entrevue de huit minutes et n’a pas été traité de façon inéquitable.

Pour ces motifs, le grief de manque d’équité est donc rejeté à la majorité (5 sur 6).

Conclusion

Le Conseil de presse du Québec retient les plaintes de Nicolas Tremblay, Michel Sigouin, Michel Côté ainsi que huit plaignants en appui visant le segment « Armes à feu : le débat est relancé » de l’émission « 24/60 » diffusée le 5 décembre 2022, concernant le grief d’information inexacte. Il blâme l’animatrice Anne-Marie Dussault et le réseau ICI RDI.

Le Conseil rejette unanimement les griefs d’informations incomplètes et de partialité. Enfin, il rejette à la majorité (5 sur 6) le grief de manque d’équité.

Le Conseil de presse du Québec rappelle que : « Lorsqu’une plainte est retenue, l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser. Les entreprises de presse membres s’engagent à respecter cette obligation et à faire parvenir au Conseil une preuve de cette publication ou diffusion dans les 30 jours de la décision. » (Règlement No 2, article 31.02)

La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :

Représentants du public

Suzanne Legault, présidente du comité des plaintes

Mathieu Montégiani

Représentants des journalistes

Simon Chabot-Blain

Camille Lopez

Représentants des entreprises de presse

Stéphan Frappier

Éric Grenier