D2023-03-020
Plaignant
François Leroux,
directeur des communications du Parti québécois
Mis en cause
Jacaudrey Charbonneau, journaliste
Bulletin de nouvelles « Le Téléjournal Montréal »
ICI Télé
Radio-Canada
Date de dépôt de la plainte
Le 22 mars 2023
Date de la décision
Le 23 février 2024
Résumé de la plainte
François Leroux, directeur des Communications du Parti québécois, dépose une plainte le 22 mars 2023 au sujet du reportage « Partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne », de la journaliste Jacaudrey Charbonneau, diffusé lors du bulletin de nouvelles « Le Téléjournal Montréal » du 9 mars 2023, sur les ondes de Radio-Canada. Le plaignant déplore un manque d’équilibre et de la partialité.
Contexte
À quelques jours de l’élection partielle dans la circonscription montréalaise de Saint-Henri–Sainte-Anne, rendue nécessaire par la démission de la libérale Dominique Anglade en décembre 2022, la journaliste Jacaudrey Charbonneau va à la rencontre de citoyens et de candidats sur le terrain afin de présenter un portrait de ce « quartier en transformation ».
La journaliste se rend d’abord chez une jeune mère de famille qui explique les raisons pour lesquelles son conjoint et elle ont choisi d’habiter le quartier Par la suite, le reportage présente une résidente qui habite le quartier Pointe-St-Charles depuis 22 ans et qui déplore les problèmes liés à la crise du logement.
Le reportage enchaîne avec le candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui distribue des dépliants à la sortie d’une station de métro. La CAQ, qui forme le gouvernement du Québec, est arrivée en troisième position dans Saint-Henri–Sainte-Anne lors de la dernière élection générale. Il affirme qu’il « aime aller sur le terrain et présenter [s]on message ». Alors qu’on voit des images où l’on aperçoit les pancartes de différents candidats, la journaliste indique que « la véritable bataille se livre entre Québec solidaire [QS] et le Parti libéral du Québec [PLQ] ». Le reportage montre les candidats et les chefs de ces deux partis, qui ont terminé au premier et deuxième rangs lors de l’élection générale de 2022. Elle suit le candidat libéral au bingo d’un club de l’âge d’or. En entrevue, le chef intérimaire du PLQ rappelle qu’historiquement, la circonscription a toujours été libérale. Le candidat indique pour sa part l’importance de faire sortir le vote. Le reportage présente ensuite un extrait d’entrevue avec une participante au bingo qui affirme qu’elle votera pour le PLQ. À la sortie de la station de métro Monk, la journaliste rencontre le candidat de QS et son chef. Ils discutent avec un homme qui affirme être « Parti québécois », mais qui votera pour QS afin d’éviter que « les libéraux rentrent ». La journaliste indique qu’il s’agit d’un « match revanche » pour le candidat de QS, qui affirme ne pas avoir cessé le travail de terrain depuis l’élection générale. Le co-porte-parole de QS affirme qu’avec cette élection partielle, le parti souhaite consolider ses gains à Montréal.
Griefs du plaignant
Grief 1 : manque d’équilibre
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : d) équilibre : dans le traitement d’un sujet, présentation d’une juste pondération du point de vue des parties en présence. » (article 9 d) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Le Conseil doit déterminer si les mis en cause ont présenté une juste pondération du point de vue des parties en présence.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette le grief de manque d’équilibre.
Analyse
Le plaignant déplore que « la journaliste n’a[it] pas offert la parole à Andréanne Fiola, candidate du Parti québécois [PQ], qui est pourtant lui aussi représenté à l’Assemblée nationale et représente la deuxième force politique en importance au niveau national, selon les plus récents sondages. L’équipe de Mme Fiola confirme n’avoir reçu aucune invitation. »
Il observe que dans sa couverture de l’élection partielle dans la circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne, « la journaliste donne la parole à des résidents de la circonscription, mais aussi aux candidats de trois formations politiques représentées à l’Assemblée nationale : la Coalition avenir Québec, Québec solidaire et le Parti libéral du Québec ». Selon lui, « ces trois candidats ont ainsi obtenu du temps d’antenne pour exprimer leurs opinions sur les enjeux de l’élection partielle, ainsi que leurs priorités pour les électeurs ». Il considère que « le choix d’interroger seulement trois des quatre candidats issus d’une formation politique représentée à l’Assemblée nationale, à quelques jours du vote […], constitue une violation au devoir d’équilibre ».
La représentante de Radio-Canada, Maxime Bertrand, indique que « dans le cadre de l’élection partielle, la rédaction avait confié à la journaliste Jacaudrey Charbonneau le mandat de dresser un portrait de la circonscription et des forces en présence en recueillant les propos des électeurs, leurs attentes, leurs constats. Dans Saint-Henri–Sainte-Anne, 11 candidats briguaient les suffrages. Toutefois, il était très clair, dès le départ, que parmi les formations politiques qui luttaient pour la première place, il s’en trouvait deux qui avaient de réelles chances de l’emporter le soir du scrutin : le Parti libéral du Québec et Québec solidaire. »
Radio-Canada appuie cette affirmation sur plusieurs articles et analyses qui faisaient la même lecture de la situation dans cette circonscription du Sud-Ouest de Montréal. Mme Bertrand fait valoir que lors de l’élection générale de l’automne 2022, « le candidat solidaire, Guillaume Cliche-Rivard, était arrivé en deuxième position en obtenant 27,7 % des votes, contre 36,2 % pour la gagnante, la libérale Dominique Anglade. Quant au Parti québécois, il avait récolté 8,3 % des voix. Par conséquent, à l’instar de nombreux analystes, l’équipe éditoriale a jugé que dans le cas de la partielle, les solidaires tenteraient de prendre leur revanche en ravissant un château fort libéral. Nous avons d’ailleurs pu confirmer cette tendance sur le terrain. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes concentrés sur les candidats du PLQ et de QS, Christopher Baenninger et Guillaume Cliche-Rivard. »
La représentante de Radio-Canada justifie par ailleurs la présence du candidat de la CAQ dans le reportage ainsi : « Quant au caquiste Victor Pelletier, comme son parti avait recueilli 17,7 % des votes, il nous a semblé qu’il pourrait peut-être brouiller les cartes. En outre, nous avons tenu compte du fait que c’est la Coalition avenir Québec qui détient actuellement le pouvoir. Nous ne pouvions faire fi de cette réalité qui militait en faveur de la présentation du point de vue de cette formation. »
Elle mentionne finalement d’autres émissions de Radio-Canada ayant présenté des entrevues et des analyses politiques en lien avec l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne.
Afin d’analyser le principe d’équilibre dans ce reportage, il faut d’abord rappeler que l’obligation déontologique consiste à présenter une « juste pondération du point de vue des parties en présence ». La première étape, lors de l’analyse d’une allégation de manque d’équilibre, est d’établir l’angle de traitement du sujet. Par la suite, sur la base de cet angle de traitement, il s’agit d’identifier quelles sont les parties en présence dans ce reportage et si leur point de vue a reçu une juste pondération.
Dans le cas de ce reportage télévisé de quatre minutes présenté au « Téléjournal Montréal », la journaliste a choisi d’aller sur le terrain pour, dans un premier temps, recueillir les préoccupations de citoyens, puis rencontrer les candidats du PLQ et de QS, les partis qui ont terminé respectivement premier et deuxième lors de la dernière élection générale et qui étaient présents dans la circonscription à ce moment pour rencontrer des citoyens. La journaliste annonce que cette élection partielle sera en quelque sorte un match revanche lorsqu’elle affirme que « la véritable bataille, ici, se livre entre Québec solidaire et le Parti libéral du Québec ».
Le sujet ici n’était pas une analyse politique en profondeur de l’impact de cette élection partielle sur la configuration politique du Québec. Une analyse de ce genre a d’ailleurs été faite le lendemain matin par le chef de bureau de Radio-Canada à l’Assemblée nationale, Sébastien Bovet, à la première chaîne de Radio-Canada. Nous y reviendrons. Dans le cas présent du reportage télé, il s’agissait de prendre le pouls, sur le terrain, des personnes qui s’activaient dans la circonscription ce jour-là.
Compte tenu de la durée limitée de ce reportage télévisé, la journaliste a bien exposé l’angle de traitement choisi. En fonction de cet angle de traitement, les parties en présence sont les citoyens du quartier qui racontent leurs enjeux sociaux, ainsi que certains des 11 candidats en lice dans la circonscription. Comme le temps du reportage est limité et qu’il ne s’agit pas d’une analyse politique exhaustive, il a fallu faire des choix. Le choix éditorial dans ce cas a été de présenter la lutte à deux que se livrent les deux partis en tête dans les sondages et lors des dernières élections (PLQ et QS).
Dans son reportage, la journaliste présente les réactions des candidats de ces deux partis, ainsi que celle de leurs chefs, qui sont aussi présents sur le terrain. Par ailleurs, on voit et on entend le candidat de la CAQ en train de distribuer des dépliants à la sortie d’une station de métro du secteur. La CAQ, le parti au pouvoir au niveau national, étant arrivée troisième dans cette circonscription avec 17,7 % des voix, derrière le PLQ et QS, lors des dernières élections générales, il était légitime d’inclure un extrait d’entrevue avec son candidat. Cependant, la journaliste accorde moins de place dans son reportage à la CAQ qu’aux deux principaux partis, nous ayant exposé que c’est une course à deux qui se joue. En ce sens, elle fait ce qu’on appelle, dans le principe d’équilibre, une « juste pondération du point de vue des parties en présence ».
Il est clair qu’avec 11 candidats dans cette circonscription, il était impensable de présenter chacun des points de vue dans un reportage de quatre minutes, et cela n’aurait d’ailleurs pas servi le propos. Mais alors, où trancher? Fallait-il inclure la moitié des onze partis en lice, les partis élus à l’Assemblée nationale, seulement les partis pouvant aspirer au pouvoir? La question est de faire un choix équilibré dans le contexte de l’angle du sujet.
En effet, si la couverture d’une élection nécessite de faire des choix, il est important que ceux-ci ne soient pas arbitraires, comme le souligne la décision antérieure D2012-08-012, qui a rejeté un grief de manque d’équilibre visant l’exclusion des chefs de tiers partis (Option nationale et Québec solidaire) représentés à l’Assemblée nationale lors des débats électoraux. Le Conseil avait alors fait valoir : « S’il est toujours délicat d’exclure des chefs de partis politiques d’un exercice aussi important, pour les électeurs, que le débat des chefs, il n’en demeure pas moins qu’une sélection est inévitable, étant donné le nombre de partis officiellement enregistrés. Dans les circonstances, il importe donc que les critères retenus pour établir cette sélection ne soient pas arbitraires. En recherchant une couverture équilibrée lors d’une campagne électorale, les médias ne sont pas tenus d’accorder un traitement égal à tous les acteurs politiques, mais peuvent plutôt appliquer un critère de proportionnalité, basé sur l’importance relative des différents acteurs politiques, qui respecte ainsi l’intégrité du processus démocratique. Ainsi, le Conseil juge que le fait d’avoir invité les quatre (ou les trois, dans le cas des débats présentés à TVA, ce qui s’explique par le choix d’une formule différente – celle des face-à-face) principaux partis au débat des chefs respectait les principes d’équité et de justice. »
Pareillement, dans le cas présent, le choix des partis présentés dans le reportage n’est pas arbitraire. Il est plutôt basé sur les constats de ce qui se déroulait sur le terrain, c’est-à-dire une bataille entre le Parti libéral et Québec solidaire avec, en marge, la Coalition avenir Québec qui pouvait venir brouiller le tableau.
Toujours sur la base de cet angle de traitement, le PQ ne constituait donc pas l’une des parties en présence. Pour cette raison, la journaliste n’a pas manqué à son devoir d’équilibre en ne présentant pas le point de vue de la candidate de cette formation politique.
Revenons aux arguments du plaignant, le directeur des Communications du Parti québécois. Celui-ci déplore qu’il manque la perspective du PQ dans ce reportage. Mais le PQ n’était pas une partie en présence dans cette élection partielle, au sens que ces chances d’aspirer au pouvoir dans cette circonscription en particulier n’étaient pas comparables à celles du PLQ, de QS ou même de la CAQ. L’analyse politique de Sébastien Bovet présentée le 10 mars à l’émission radiophonique Tout un matin, à la première chaîne de Radio-Canada à Montréal, explique pourquoi à l’animateur Patrick Masbourian :
Sébastien Bovet : « Voilà, et c’est le secteur sud-ouest de l’île de Montréal, donc près de Verdun, château fort libéral, Saint-Henri–Sainte-Anne. La circonscription existe dans sa forme actuelle depuis 1994. Ça veut dire dix élections, partielles ou générales, dix victoires libérales. Donc, c’est un château fort libéral, mais c’est collé sur une zone d’influence de Québec solidaire, qui est en train de s’étendre sur l’île de Montréal. Alors, le vote est lundi. État des lieux, état d’esprit à 72 heures du vote. Ce qu’on m’a dit au PLQ, c’est qu’on est confiants de gagner. Ce qu’on m’a dit chez Québec solidaire, c’est que ce sera pas facile. Alors, essentiellement, c’est une lutte entre Québec solidaire et le Parti libéral. Faut faire attention dans ce qu’on m’a dit, parce qu’il y a peut-être du spin qui cache autre chose, une volonté de mobiliser, peut-être qu’on veut gonfler les attentes du côté libéral. On minimise les attentes du côté de Québec solidaire, mais pour mobiliser la base. Euh, une chose est sûre, la seule chose qui est évidente dans cette élection partielle, c’est que la meilleure machine électorale, celle qui réussira à faire sortir son vote, comme la mauvaise expression le dit, amener ses sympathisants au bureau de vote, va gagner.
[…] Et puis il y a Ville-Émard, qui a voté un peu plus PQ, Coalition avenir Québec, et donc une circonscr… un secteur où Québec solidaire doit convaincre des électeurs ou des sympathisants PQ/Coalition avenir Québec de venir voter pour eux, à Québec solidaire, pour leur donner cette espèce de, d’élan supplémentaire qu’ils ont pas eu lors de l’élection générale du 3 octobre pour remporter cette circonscription. […] Un tout petit mot sur la CAQ et sur le Parti québécois. »
Patrick Masbourian : « Ouais, ben, on comprend qu’ils sont pas dans la course, donc? »
Sébastien Bovet : « Exactement. François Legault est même pas allé sur le terrain. Imaginez, c’est le premier ministre. Donc ça, ça vous donne une idée que la CAQ a fait une croix sur cette circonscription. Ses affiches, baisses d’impôts, je veux bien; 2000 $ aux aînés, je veux bien aussi, mais on a l’impression que la CAQ était… sans être absente, parce que le candidat était quand même sur le terrain, mais ils ont pas mis beaucoup d’efforts pour remporter cette circonscription. Pis le PQ, ils se débattent un peu comme le diable dans l’eau bénite. Pascal Bérubé est beaucoup sur le terrain. Euh, Paul St-Pierre Plamondon peut-être un peu moins, il a fait son voyage en Europe, rappelez-vous, il y a deux semaines. Ç’a été un peu critiqué, mais ce qu’on va surveiller au Parti québécois, c’est est-ce qu’ils sont capables… est-ce que le courant de sympathie qu’ils vivent en ce moment, envers M. St-Pierre Plamondon, va se traduire par une augmentation de leur pourcentage de votes? Ils ont eu 8 % à l’élection générale dans Saint-Henri–Sainte-Anne. S’ils font mieux que 8 %, on pourra peut-être dire que pour le PQ, c’est mission accomplie, mais ils sont pas vraiment dans la course pour gagner cette élection partielle. »
Cette analyse politique, lors d’un segment radio qui se concentre sur l’échiquier politique québécois en remettant cette circonscription dans un contexte politique plus large, permet évidemment plus d’explications et plus de profondeur sur les stratégies politiques des différents partis que le topo de télévision de quatre minutes de Jacaudrey Charbonneau pour le Téléjournal, qui consistait à aller prendre le pouls sur le terrain et parler aux gens présents ce jour-là dans la circonscription.
Dans les circonstances et avec le format qui lui était donné, Jacaudrey Charbonneau a bien présenté son sujet, et assuré une juste pondération des parties en présence considérant l’angle de son reportage. Conséquemment, elle n’a pas manqué à son devoir d’équilibre.
Grief 2 : partialité
Principe déontologique applicable
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : c) impartialité : absence de parti pris en faveur d’un point de vue particulier. » (article 9 c) du Guide)
Le Conseil doit déterminer si les mis en cause ont pris parti en faveur d’un point de vue particulier dans le segment suivant :
« Moi, je suis Parti québécois, mais parce que je ne veux pas que les libéraux rentrent, je vais voter pour vous. »
Décision
Le Conseil rejette le grief de partialité.
Analyse
Le plaignant vise la diffusion du commentaire d’un citoyen adressé au candidat de QS et à son chef, où il affirme : « Moi, je suis Parti québécois, mais parce que je ne veux pas que les libéraux rentrent, je vais voter pour vous. » Selon le plaignant, la diffusion de cet extrait témoigne de la partialité des mis en cause. Il argumente que « la diffusion de cet unique extrait négatif au sujet du Parti québécois, soit un sympathisant qui l’abandonne au profit d’un autre candidat […], jumelé au déséquilibre en faveur des trois autres candidats causé par l’omission complète de notre candidate pour exprimer ses priorités ou même réagir à l’extrait présenté, fait croire à une désaffection générale envers le Parti québécois et avantage particulièrement une formation politique, ce qui représente un manque flagrant d’impartialité et laisse faussement croire que notre candidate n’est pas dans la course ».
La représentante de Radio-Canada réfute l’allégation de partialité. Elle rappelle que « notre objectif était de faire état de la lutte à deux qui se dessinait dans la circonscription ».
Les propos de ce citoyen captés sur le vif lors d’un échange avec le candidat solidaire et son chef illustrent une information importante : le fait que la course est serrée entre les candidats libéral et solidaire et que, dans ce contexte, des citoyens prévoient renier leur affiliation politique pour voter de façon stratégique.
Au quotidien, le travail des journalistes consiste à rapporter les points de vue et les propos des uns et des autres, mais cela ne signifie aucunement qu’ils les endossent où qu’ils ont un parti pris. Le fait d’inclure les déclarations d’un intervenant dans un reportage ne permet pas de conclure à de la partialité. Un manquement au principe d’impartialité s’observe lorsqu’un journaliste prend parti en faveur d’un point de vue particulier en commentant ou en donnant son opinion.
C’est ce que le Conseil a fait valoir dans sa décision D2017-10-118. Le Conseil y souligne que pour établir qu’un journaliste a fait preuve de partialité, il faut « montrer qu’il a commenté les faits, en émettant une opinion, par exemple ». Il ajoute de plus que « le fait de diffuser les propos de quelqu’un n’équivaut pas à les appuyer ».
Dans le segment visé par la plainte, la journaliste n’émet aucun jugement et on ne peut pas voir de partialité dans le fait de présenter le point de vue d’un citoyen qui témoigne d’une dynamique électorale d’intérêt public, soit celle du vote stratégique de certains citoyens.
Conclusion
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de François Leroux, directeur des Communications du Parti québécois, visant le reportage « Partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne », de la journaliste Jacaudrey Charbonneau, diffusé lors du bulletin de nouvelles « Le Téléjournal Montréal » du 9 mars 2023, sur les ondes de Radio-Canada, concernant les griefs de manque d’équilibre et de partialité.
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public
Suzanne Legault, présidente du comité des plaintes
Charles-Éric Lavery
Représentants des journalistes
Stéphane Baillargeon
Paule Vermot-Desroches
Représentants des entreprises de presse
Stéphan Frappier
Jean-Philippe Pineault