Devant le débat que suscite inévitablement, dans le cadre des campagnes électorales et plus particulièrement à l’approche des scrutins, la question des sondages, le Conseil de presse du Québec tient à rappeler la déclaration qu’il faisait le 17 mai 1979.
Le Conseil est d’avis que le droit du public à l’information sera davantage assuré par l’intégrité et la rigueur que sauront s’imposer les concepteurs et les producteurs de sondages ainsi que ceux qui sont responsables de leur diffusion auprès du public que par quelques limitations ou contraintes d’ordre législatif ou réglementaire.
Chercher à régir, restreindre ou même interdire par quelques moyens la diffusion des sondages, selon le Conseil, c’est porter atteinte à la libre circulation de l’information et partant, altérer dangereusement le droit fondamental du citoyen à une information libre et complète.
Aussi, limiter l’information sur les enquêtes effectuées par voie de sondages, même uniquement en période électorale ou référendaire, c’est créer un précédent qui trace la voie à diverses interventions du même type dans d’autres secteurs de l’information et partant, ouvrir la porte à la censure.
Le Conseil croit en effet que la publication des sondages par les médias sans autres restrictions que celles que leur impose leur fonction d’informateur public, ne peut que générer des incidences heureuses pour le droit du public à l’information et l’expression de la démocratie.
Il appartient donc, selon le Conseil, en premier lieu aux sondeurs, aux entreprises de presse et aux journalistes de se montrer vigilants et attentifs aux tentatives de manipulation et de diffusion d’informations douteuses qui tendent moins à éclairer qu’à conditionner les esprits. Le Conseil croit que par cette pratique volontaire, on peut éviter que des personnes ou des groupes exploitent les sondages à des fins de croisades partisanes ou autres.
Le Conseil, qui s’est longuement penché sur la question, constate que les sondages sont généralement diffusés avec grande rigueur par la presse et il est primordial, selon lui, que la qualité des informations qui sont diffusées au public par cette voie puisse être vérifiée et vérifiable. Aussi, le Conseil estime-t-il important que le public possède, en même temps que les résultats des sondages, toutes les informations d’ordre méthodologique (échantillonnages, méthodes de recherche, d’enquête, d’analyse, de cueillette des données, etc.) qui lui sont nécessaires en sorte qu’il puisse lui-même formuler son propre jugement, en toute connaissance de cause, sur l’information qui lui est ainsi transmise.
S’il s’avérait que les responsables des sondages et de leur diffusion voulaient exploiter ceux-ci à des fins autres que celle d’informer adéquatement le public, ce serait le rôle du Conseil de les dénoncer. Ce serait aussi la responsabilité de ceux dont le métier est d’informer et celle de la population de lui faire part de leurs griefs lorsque la situation l’exigera.