Dans une révision rendue publique le 3 octobre, l’ombudsman de Radio-Canada, Pierre Tourangeau, a estimé qu’un échange sur Facebook entre une journaliste et un auditeur a enfreint les Normes et pratiques journalistiques (NPJ), ainsi que plusieurs politiques institutionnelles de Radio-Canada.
L’échange entre Véronique Dubé, journaliste de Radio-Canada au Saguenay – Lac-Saint-Jean, et le plaignant, Pierre-Olivier Bergeron, a débuté sur le compte Facebook personnel de la journaliste. M. Bergeron, « ami Facebook » de Mme Dubé, a amorcé la discussion parce qu’il était en désaccord avec l’interprétation qu’elle faisait d’un sondage portant sur l’application du projet de Charte des valeurs québécoises. L’échange s’est envenimé et s’est poursuivi par courriel.
Au cours de la discussion, la journaliste a précisé à M. Bergeron que son mur était privé et qu’il n’était pas du domaine public. Une affirmation que réfute l’ombudsman.
« Ils [les journalistes et les employés de Radio-Canada] ne devraient pas agir autrement sur Twitter ou Facebook ou sur quelque média social que ce soit, que sur les ondes ou sur le site web de Radio-Canada. Il en va de même pour l’utilisation « personnelle » qu’ils font de ces médias sociaux, où ils doivent exercer la même réserve que s’ils se trouvaient dans une assemblée publique ou dans un endroit où leurs propos risquent d’être rapportés », affirme-t-il.
L’ombudsman appuie d’abord sa décision sur trois grandes valeurs des NPJ, soit l’équité, l’impartialité et l’intégrité. Il cite également la section des NPJ consacrée à l’utilisation personnelle des médias sociaux : « Dans nos activités privées dans les médias sociaux, nous sommes conscients de notre association professionnelle avec Radio-Canada et nous respectons les politiques institutionnelles relatives à l’utilisation de médias sociaux, ainsi que celles qui portent sur les conflits d’intérêts. Nous honorons notre devoir de réserve professionnelle et nous ne faisons rien qui puisse nuire à la réputation de Radio-Canada.
« L’expression d’opinions personnelles sur des sujets controversés ou d’ordre politique peut miner la crédibilité du journalisme de Radio-Canada et éroder la confiance de notre public. »
Dans son analyse, M. Tourangeau réfère également aux politiques générales de Radio-Canada sur les questions de conflits d’intérêts et les questions de déontologie, de respect des personnes et d’intégrité.
« Les exemples sont nombreux pour nous faire comprendre qu’il n’y a rien de moins privé qu’un média social, soutient l’ombudsman. Ici, la prudence impose au journaliste non pas d’en limiter l’accès, mais de peser les conséquences des commentaires qu’il y publie et les discussions qu’il y tient. »
Tout en rappelant que les médias sociaux sont un « lieu public », il estime que la journaliste aurait dû mettre fin à la conversation avant qu’elle ne dégénère. Il conclut en notant que Mme Dubé n’a pas traité M. Bergeron avec respect et équité.