Le dernier ombudsman du Washington Post ?
Sans avoir été officialisée, la nouvelle semblait sur le point de se concrétiser, le 28 février, dernier jour du contrat liant le Washington Post à son ombudsman : Patrick Pexton, occupant ce poste depuis deux ans, laisse derrière lui une chaise vide.
La direction du Washinton Post serait sur le point de prendre la décision d’abolir ce poste, après avoir offert à ses lecteurs pendant 43 ans les services d’un intermédiaire indépendant pour accueillir et analyser leurs plaintes et poser un œil critique sur le travail de sa salle de nouvelles.
Dans son avant-dernière chronique, le 15 février, M. Pexton avançait des arguments qui, selon lui, jouaient en la défaveur de la survie du poste : « Pour des raisons de diminution des coûts, pour des raisons liées à la technologie moderne des médias et parce que le Post, comme d’autres organisations, est financièrement plus vulnérable et par le fait même, plus sensible à la critique, mon sentiment est que ce poste va disparaître » (traduction du Magazine du CPQ).
Le Magazine du CPQ a tenté de valider par courriel la disparition effective du poste d’ombudsman, auprès de Patrick Pexton et de Martin Baron, rédacteur en chef du Washington Post. M. Baron, qui était identifié comme la personne qui aurait à trancher la question dans la chronique de M. Pexton, a également été questionné quant aux intentions du quotidien, afin de continuer à répondre aux plaintes du public.
Voici la réponse obtenue de Martin Baron : « Contrairement à la chronique hautement trompeuse de l’ombudsman, la décision finale à ce sujet ne m’appartient pas. Je m’attends à ce que l’éditeur, qui a cette responsabilité, annonce une décision prochainement » (traduction de l’anglais par le Magazine du CPQ).
Les éventuels développements à ce sujet seront ajoutés à la présente chronique.
L’abolition du poste d’ombudsman au Washington Post a fait l’objet de plusieurs réactions, notamment celles qu’on peut consulter ici, ici, ici et ici.
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Mise à jour 04-03-2013
Le Washington Post annonçait la nomination d’un représentant des lecteurs, le 1er mars en après-midi. À l’opposé d’un ombudsman, cette personne sera employée par la salle de nouvelles, et ne bénéficiera pas de l’indépendance de son prédécesseur.
« Les temps ont changé […]. Ces devoirs [ceux de l’ex-ombudsman] sont aussi importants aujourd’hui qu’ils ne l’ont été dans le passé. Cependant, il est temps que la façon de s’acquitter de ces devoirs évolue », écrit l’éditrice du Washington Post, Katharine Weymouth.
Ce nouveau représentant des lecteurs n’est ni plus ni moins qu’un « commis du service à la clientèle » relayant les points de vue de la salle des nouvelles et de la direction, estime l’ombudsman de NPR, Edward Schumacher-Matos, interviewé par iMediaEthics.
Dans sa dernière chronique, le 1er mars, Patrick Pexton fait ses adieux aux lecteurs et fait preuve de compréhension quant à la décision prise par la direction du Washington Post.
« Les lecteurs doivent savoir — et les propriétaires d’entreprises savent cela assurément — que les choix auxquels fait face le Post, en ces temps de coupes, sont difficiles et douloureux et ont invariablement un coût humain. Il n’y a actuellement que des décisions difficiles, dans l’industrie des médias. Ayez un peu de compassion pour ceux qui doivent les prendre. »
Les propos de Katharine Weymouth, Edward Schumacher-Matos et Patrick Pexton sont traduits de l’anglais par le Magazine du CPQ.