Janvier 2014 – Tour du monde déontologique

Le droit de savoir

Oberazzi  cc
Crédit photo Oberazzi cc

8 janvier 2014, ombudsman de Radio-Canada. Jugeant que le reportage présenté à l’émission Enquête sur la Clinique de pédiatrie sociojuridique du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine était partial et sensationnaliste, trois médecins de l’établissement ont demandé à l’ombudsman de Radio-Canada, Pierre Tourangeau, de réviser le dossier. Au terme de l’exercice, ce dernier conclut que la journaliste n’a pas enfreint les Normes et pratiques journalistiques (NPJ) de Radio-Canada.

Tout en insistant sur l’intérêt public de ce reportage, M. Tourangeau affirme que les cinq cas présentés dans le reportage suffisaient à démontrer l’existence d’un problème récurrent à la clinique.

Aux plaignants qui considèrent que seuls le Collège des médecins, les tribunaux et la direction de l’hôpital peuvent juger de la conduite ou de la compétence d’un médecin, M. Tourangeau réplique que ces instances sont les seules à pouvoir sanctionner la conduite des médecins, mais que ce ne sont pas les seules à pouvoir juger de leur conduite ou de leur compétence. « C’est le devoir des médias de surveiller le fonctionnement des institutions et de la justice, des gouvernements et des administrations publiques. Ces organisations sont toutes imputables et doivent rendre des comptes. Journalistes et médias jouent donc un rôle essentiel en démocratie », rappelle-t-il.

Dans leur plainte, les médecins reprochaient à la journaliste d’avoir seulement mentionné qu’elle travaillait pour Radio-Canada et de ne pas avoir précisé qu’il s’agissait de l’émission Enquête. Cela fait demander à M. Tourangeau si le CHU Sainte-Justine répond différement aux journalistes en fonction des médias ou des émissions qu’ils représentent. Autant dans la façon dont elle a d’abord demandé des informations, puis solliciter une entrevue, l’ombudsman conclut que la journaliste a respecté les NPJ.

Alors que les plaignants considèrent que le reportage manquait d’équilibre, l’ombudsman juge que les extraits diffusés de l’entrevue accordée par l’un des directeurs de l’hôpital ne déformaient pas ses propos. Il note cependant que le CHU Sainte-Justine a refusé que ce soit le médecin en cause qui réponde aux questions de la journaliste. Il souligne que l’un des cas décrit dans le reportage avait fait l’objet d’un article dans La Presse, en avril dernier. À cette occasion, le médecin visé par les plaintes des parents avaient répondu à la journaliste.

Le CHU Sainte-Justine reproche à la direction de l’émission de ne pas lui avoir fourni une copie du reportage à la veille de sa diffusion. M. Tourangeau considère que cette décision était « tout à fait dans la norme des choses », d’autant que les plaignants ont admis avoir demandé à leur service juridique d’empêcher la diffusion du reportage.