Juillet 2013 – Tour du monde déontologique

Contenu rédactionnel ou publicitaire?

Crédit photo : guastevi cc

26 juin, Belgique. À la fin mars, le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) s’est autosaisi d’un dossier contre les journaux du groupe SudPresse publiés en Belgique francophone. Le 26 mars 2013, l’entreprise a fait paraître dans toutes ses éditions une série de textes et d’illustrations regroupées sous le titre Nivea chouchoute (aussi) les mecs.

Après l’exergue « Nouvelle gamme de produits », le chapeau indiquait : « Des cheveux au visage en passant par la peau, Nivea développe le créneau des produits « spécial mâle ». Avec notamment la première crème de nuit disponible en grande surface ».

Le texte traitait d’un sondage mené par Nivea Men sur les habitudes de sorties des hommes. L’article était accompagné de photos, fournies par Nivea, d’hommes utilisant des produits de soins corporels. On retrouve également plusieurs photos de produits dans cette page, notamment dans le deuxième texte annonçant la mise en marché d’une nouvelle gamme de produits pour femmes.

Pour le CDJ, ce cas était « suffisamment flagrant pour justifier une autosaisine ».

Le média a indiqué que la page n’a pas été financée par une marque et que sa publication n’a pas fait l’objet d’une contrepartie commerciale. On estime que ce contenu cadre avec la politique de SudPresse visant à informer le public « d’évènements (y compris commerciaux) pouvant avoir un impact sur son portefeuille, son pouvoir d’achat ou ses habitudes de consommation ».

Dans sa réponse au CDJ, le rédacteur en chef revendique le droit de la rédaction de décider de ce qui est publié dans les journaux du groupe. Il soutient que l’article principal traite d’un sujet sérieux, rédigé à la suite d’une conférence de presse.

Dans sa décision, le CDJ estime que la page citée comporte un nombre d’éléments qui sème la confusion entre du contenu publicitaire et journalistique, notamment le titre, le chapeau et les illustrations qui ne sont pas en liens avec l’article sur les habitudes de sorties des hommes.

On souligne aussi que la typographie porte à confusion et que l’enquête ne fait pas référence aux femmes alors que la partie inférieure de la page traite de nouveaux produits Nivea pour femmes. La page ne comporte aucune mention concernant sa nature publicitaire.

« La conjonction de ces éléments crée une confusion manifeste aux yeux du public entre publicité et information journalistique, ce qui contrevient à la déontologie et porte atteinte à l’indépendance des journalistes et des rédactions. Que cette page précise n’ait fait l’objet d’aucune contrepartie commerciale directe n’élimine pas la confusion créée », tranche le CDJ qui considère qu’il s’agit d’un manquement à la déontologie journalistique.

SudPresse n’a pas répondu à la demande du CDJ de faire connaître la décision de ce manquement à ses lecteurs.