La police et l’information – Saisie de matériel journalistique

Les membres du Conseil tiennent de plus à exprimer le malaise profond qu’ils éprouvent face à ces menées policières qui recourent trop souvent aux tribunaux pour leur faciliter de telles opérations.

Les corps policiers, dans une société démocratique comme la nôtre, devraient se résigner à n’intervenir q’en toute dernière instance auprès des médias pour les contraindre à leur communiquer leurs informations. Ils ne devraient le faire que pour des motifs extrêmement graves et dans la mesure seulement où ils ont épuisé toutes autres initiatives et tous autres recours leur permettant d’obtenir les informations qu’ils recherchent et qui leur importent. Il va de soi également que ces informations doivent être d’une importance capitale dans la poursuite de leur dossier. Or, rien ne prouve encore qu’il en ait été ainsi à l’occasion des toutes dernières « descentes » de la GRC dans les bureaux de Radio-Canada à Ottawa, au service français de la Presse canadienne à Montréal et au Journal de Montréal.

Le Conseil incite tout le public préoccupé de la liberté de l’information et de la nécessité de la protéger, les journalistes, leur fédération et leurs syndicats, à réagir avec de plus en plus de vigueur à ce genre d’initiatives des forces policières et à réclamer de nos législateurs qu’ils statuent enfin en faveur de la plus grande immunité possible des médias et des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. Cette immunité postule, d’autre part, que les médias et les journalistes ne se considèrent pas comme étant au-dessus de la loi et s’astreignent à ne rien faire ou ne rien accepter qui y contreviendrait. À cet effet, un télégramme de protestation a été envoyé au Solliciteur général du Canada, M. James Kelleher, avec copie au Premier ministre du Canada. De plus, le Conseil de presse se propose de sensibiliser les autres conseils de presse du Canada afin d’entreprendre une action concertée sur ces questions.

Le Conseil de presse tient à rappeler aux forces policières qu’elles doivent cesser de considérer les médias et les journalistes comme des informateurs à leur solde. Les médias et les journalistes se voient confier la responsabilité d’informer le public d’abord et avant tout. Que les forces policières y trouvent leur avantage, grand bien leur fasse. Mais qu’elles cessent enfin de les mettre à leur service, chaque fois qu’elles croient y trouver leur profit.

Le Conseil de presse est déterminé pour sa part à empêcher par tous les moyens à sa disposition que pareille éventualité ne vienne compromettre la qualité comme la liberté de l’information auxquelles le public a droit dans une société démocratique qui se respecte.

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Source : Marc Thibault ou Micheline McNicoll
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