Le coroner Garneau se défend de blâmer les médias

 « Le coroner sévère à l’endroit des médias », « Le coroner Yvon Garneau sert une mise en garde aux médias », « Le coroner blâme les médias » : des titres de la presse écrite, cette semaine, pouvaient laisser croire que le coroner qui recommande une couverture « restreinte et pertinente » des drames familiaux en a contre la classe journalistique. Il n’en est rien, dit-il.

Le coroner Yvon Garneau | Photo de courtoisie

« Je n’ai jamais voulu blâmer les médias en général, je n’ai jamais voulu être sévère, réagit M. Garneau, en entrevue au Magazine du Conseil de presse. Ça, c’est des titres de journalistes, ou de chefs de pupitre, j’imagine. Un blâme, quand on regarde la définition, c’est faire des reproches, et il faut savoir lesquels. Quand on regarde les deux recommandations que j’ai faites dans ce bref rapport, ce sont des recommandations très générales, très larges. La recommandation qui est faite au Conseil de presse est là pour susciter des débats. »

Dans un rapport d’investigation sur le drame familial de Saint-Edmond-de-Grantham, survenu en mai 2011, il recommande au Conseil de presse du Québec « que la diffusion d’informations sur les drames intrafamiliaux soit restreinte et pertinente, tout en respectant le droit du public à l’information ».

 Hypermédiatisation

 M. Garneau, qui a lui-même mené une carrière de journaliste affecté aux faits divers, à la radio, avant d’entreprendre des études en droit, fait un lien circonstanciel entre le drame de Saint-Edmond-de-Grantham et le procès très médiatisé de Guy Turcotte, qui avait lieu au même moment.

Il saisit l’occasion de la publication de son rapport pour exprimer ses réserves personnelles quant à la couverture médiatique du procès du cardiologue.

« Oui, je pense qu’on a dépassé les limites de la pertinence. C’est un procès que je qualifie d’hypermédiatisé. On a un petit peu trop donné de détails scabreux, sordides, qui, finalement, agaçaient l’auditoire, à mon humble avis. Je vous dis ça à titre personnel de lecteur, d’auditeur ou de téléspectateur. Je comprends qu’un procès c’est public et qu’il ne doit pas y avoir de cachettes, mais je pense que le bon sens commun, dans l’ère où il y a des psychiatrisés qui courent les rues, dans l’ère où il y a des conflits conjugaux sans cesse croissants, et aussi dans le contexte particulier d’un procès où il s’agit de personnes connues et d’enfants qui sont victimes, ça aurait pris, je pense, une petite retenue, d’où parler de pertinence et de restriction, sans pour autant nuire au droit du public à l’information. »

Qu’entend-il par le mot « pertinent » ? «Le public québécois a le droit de savoir qu’un cardiologue a assassiné ses enfants, dans quelles circonstances, qui sont les victimes… Mais ça peut s’arrêter là, quant aux détails et la façon dont le crime a été commis. »