L’hebdomadaire Voir est sous le coup d’une injonction interlocutoire depuis le 11 septembre 1992. Cette injonction lui interdisait, au départ, de poursuivre l’enquête amorcée sur les pratiques commerciales de Pelcom Marketing Inc., qui organise et fait la promotion du prix du meilleur commerce au Canada; elle l’empêche toujours de publier les informations recueillies.
Lors de sa réunion du 21 janvier dernier, le Conseil de presse du Québec a exprimé une fois encore sa vive inquiétude quant aux conséquences graves pour la liberté de la presse des recours aux injonctions pour empêcher la diffusion d’informations d’intérêts public.
Ayant mandat, depuis vingt ans, de défendre la liberté de la presse au Québec, en vue d’assurer le respect du droit du public à l’information, le Conseil de presse s’étonne de la facilité avec laquelle on semble requérir et obtenir des injonctions interdisant de publier. Le Conseil estime que le recours abusif à une telle procédure judiciaire constitue une forme de censure préalable inacceptable et une menace au principe fondamental de la liberté de la presse en régime démocratique.
Le Conseil déplore le recours à un tel procédé, qui a pour effet de paralyser le travail d’enquête des journalistes et de bâillonner la presse. Il souhaite vivement qu’on y renonce au profit d’autres mesures judiciaires, s’il y a lieu, et au profit surtout d’une information plus précise et au besoin, complémentaire.