Après une longue hésitation, Al-Jazeera a annoncé qu’elle ne diffusera pas la vidéo montrant les attaques de Toulouse et Montauban menées par Mohamed Merah. La raison? Son code d’éthique, qui mentionne, entre autres, que le réseau doit traiter son auditoire avec respect, tout en tenant compte des sentiments des victimes de crime et de leur famille, de la vie privée et du décorum. En outre, la vidéo acheminée au bureau parisien d’Al Jazeera n’amenait aucune information qui n’était pas déjà du domaine public. L’argument du risque d’imitation a aussi milité contre le diffusion de la vidéo.
La décision d’Al-Jazeera n’est pas sans rappeler les discussions sur la pertinence de publier les photos de la dépouille de Mouammar Kadhafi. Certains avaient vertement critiqué les médias ayant publié ces images jugées choquantes. Ayant reçu plusieurs plaintes de son lectorat à la suite de la publication des photos, un éditeur du Guardian a même écrit qu’après réflexion, il n’était plus convaincu que son journal avait présenté les photos de manière appropriée.
Une distinction importante s’impose: dans l’affaire Merah, la vidéo montrait les victimes innocentes d’actes de violence, alors que dans le cas de Kadhafi, on avait affaire à un dictateur déchu en cavale. Il est possible d’argumenter qu’il y avait un intérêt à publier les photos Kadhafi, pour prouver au public, et surtout au peuple Libyen, que l’ancien dirigeant était bel et bien bien mort. La question est plus complexe pour le cas Merah: l’intérêt public – que l’on doit absolument différencier de la simple curiosité du public – aurait-il pu justifier la diffusion d’images montrant l’assassinat de trois enfants? Al-Jazeera a conclu que non.