Empiètement sur la vie privée d’un présumé pédophile
Suisse, 14 mai 2013. Le Conseil suisse de la presse (CSP) a retenu en partie une plainte formulée à l’endroit du journal L’illustré, qui publiait, le 12 septembre 2012, un article retraçant le parcours d’un homme accusé du viol d’une fillette de 11 ans.
Un premier grief, relatif à l’identification du prévenu, est retenu. Le nom de ce dernier n’est pas révélé dans l’article, mais le journaliste dévoile un grand nombre de détails sur sa vie. Pour le CSP, il s’agissait de déterminer si ces informations permettent l’identification de l’accusée pour une personne à l’extérieur de « l’entourage familial, social ou professionnel ».
Certains détails publiés sont utiles à la compréhension du parcours de l’homme, juge le CPS. Il estime par ailleurs que « l’accumulation de détails superflus comme le prénom, la date de naissance, la rue du dernier domicile connu ou la marque et la couleur de la voiture […] peuvent conduire à une identification ».
Le fait que le journal ait publié des grands formats de photos du présumé pédophile — avec un bandeau cachant ses yeux — augmente le risque d’identification de l’homme par le public, note le CSP. Bien que le Conseil admette généralement la publication d’une telle photo d’un prévenu, le journal aurait dû faire preuve de retenue, compte tenu du contexte judiciaire et des nombreux détails qu’il dévoile, souligne-t-il.
Fait à noter, le CSP ne retient pas le grief pour atteinte à la présomption d’innocence, malgré qu’il admette « le peu de précautions que prend L’Illustré, qui dresse un portrait à charge ». Le journaliste souligne notamment les aveux de l’accusé, ce qui, selon l’Ordre des avocats vaudois (plaignant), est sans pertinence.
« La présomption d’innocence, pour le Conseil de la presse, n’empêche pas les journalistes de commenter de manière engagée et de prendre parti lors de procédures en cours.
« […] le Conseil de la presse rappelle qu’une telle enquête, retraçant le parcours d’un homme arrêté pour un crime hors du commun, est légitime et répond à un intérêt public. Même si l’article est critiquable pour son ton à charge péremptoire, le Conseil estime que «L’Illustré» n’a pas contrevenu à la directive 7.4 » de la Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste.