Peut-on publier des renseignements obtenus sur Facebook?

Plusieurs utilisateurs de réseaux sociaux considèrent que leur page personnelle  Facebook fait partie de leur vie privée. Pourtant, plusieurs sont inconscients des dangers liés au partage d’informations intimes sur une plateforme accessible au public. Dans ce contexte, l’expectative de vie privée des utilisateurs est-elle réaliste? Quels renseignements peuvent être utilisés par un journaliste sans violer le droit à la vie privée d’un utilisateur du réseau Facebook ?

Le droit à la vie privée  garantit de manière générale une sphère d’intimité aux individus afin de leur permettre de se prémunir contre l’influence d’autrui.  L’étendue de cette protection s’apprécie selon la notoriété de la personne, les circonstances et les lieux de la violation (elle sera plus grande par exemple si la personne se trouve dans un lieu privé plutôt qu’un lieu public).

            Accessibilité des informations

Sur Facebook certaines informations sont toujours accessibles à tous les utilisateurs: le nom, le réseau, l’identifiant et les photos de profil et de couverture (si l’utilisateur choisit d’en avoir une). Donc, il n’y a aucune expectative à la vie privée pour ces informations.

Les utilisateurs de Facebook peuvent ensuite choisir les paramètres de confidentialité de leur compte. Ils ont l’option de rendre accessible l’entièreté de leur profil a) au public, b) à leurs amis  ou c) opter pour des paramètres personnalisés. Les paramètres personnalisés permettent à l’usager de choisir au cas par cas quelles informations seront disponibles au public et lesquelles seront privées.

            Accès au public

Une page personnelle ouverte à tous doit nécessairement être considérée comme «publique» au même titre qu’un site web, et l’utilisation des renseignements sera plus facilement justifiable puisque l’expectative de vie privée des utilisateurs dans ce contexte est inexistante.

Par ailleurs, si un profil est ouvert au public, un tiers, telle une compagnie de marketing, peut collecter des renseignements personnels. Notons également que la très large politique de confidentialité de Facebook permet à la plateforme de collecter massivement les informations personnelles des usagers. L’information peut être simplement stockée sur les serveurs du site ou encore dénominalisée et offerte aux annonceurs désirant cibler leurs publicités sur le réseau social.

             Espace privé ou public?

 La question devient plus ardue lorsqu’un utilisateur restreint l’accès au public à sa page personnelle. Il existe une contradiction dans l’esprit des usagers, ils utilisent un média public destiné au partage d’informations tout en prétendant avoir droit à leur vie privée.

La réaction première de juriste serait de recommander à tout usager qui désire qu’une information demeure totalement confidentielle, tout simplement de ne publier aucune donnée personnelle même si la plateforme offre la possibilité de restreindre l’accès. Tel que mentionné précédemment, aucun procédé technologique n’empêche un «ami» de copier, et ensuite de partager les informations personnelles contenues sur un profil.

D’un côté, il existe donc une contradiction dans l’esprit des usagers, ils utilisent un média public destiné au partage d’informations tout en prétendant avoir droit à leur vie privée. Cependant, un juriste, spécialisé en droits et libertés de la personne, qui a analysé plus à fond la question estime qu’un usager Faceboook peut prétendre avoir certains droits à la vie privée. Selon le professeur Louis-Philippe Lampron, en optant pour des paramètres de sécurité plus restrictifs, un utilisateur affirme clairement son désir de garder certaines informations privées. Pour lui, lorsque l’on tente de déterminer si un utilisateur a renoncé à son droit à la vie privée, «l’accent doit être mis sur l’expectative de vie privée et les paramètres de confidentialité choisis pour les comptes personnels des utilisateurs ». Ainsi, considérer qu’une personne a totalement renoncé à son droit à la vie privée du seul fait de son appartenance au réseau Facebook est pour le moins invraisemblable, surtout lorsque l’utilisateur restreint l’accès à sa page personnelle.

Un profil Facebook peut donc être considéré comme public ou privé, selon les paramètres de confidentialité choisis par l’usager. Il ne faut pas se limiter au fait que cette plateforme, par sa vocation de réseau social, vise avant tout le partage d’informations; il faut plutôt considérer l’intention de l’usager. Si ce dernier désire véritablement partager librement toutes ses informations personnelles, les paramètres de confidentialité choisis reflèteront son intention. D’un autre côté, si l’usager ne veut pas partager ses informations avec le public, il limitera l’accès.