Le 21 janvier 1982. Le Conseil de presse du Québec désire dénoncer vigoureusement l’action de certains chefs comme de plusieurs membres des syndicats des employés de la CTCUM pour leur attitude anti-démocratique à l’endroit de quelques journalistes.
Lors des assemblées de leurs membres tenues mercredi, les chefs de même que bon nombre de membres de ces syndicats s’en sont pris à quatre journalistes, messieurs Matthias Rioux et Frenchie Jarraud du poste CKVL, de Pierre Pascau de la station CKAC et de Vincent Prince du journal La Presse, les traitant de « terroristes », de « collaborateurs du régime » parce que, dans l’exercice de leur fonction, ils ont exprimé des opinions sur la grève des employés des services de transports en commun de Montréal.
À chacune des assemblées, les dirigeants se sont enquis de la présence de ces journalistes en vue de les empêcher d’assister aux réunions.
Le Conseil de presse du Québec ne peut que dénoncer, une fois de plus, cette attitude des chefs syndicats comme de quiconque qui portent atteinte à la libre expression d’opinions ou à la libre circulation des informations au Québec. Il est intolérable, selon le Conseil de presse, que des dirigeants d’organismes, quels qu’ils soient, s’arrogent le droit de décider de ce qui sera diffusé au Québec et empêchent des journalistes d’exercer librement leur fonction sans craindre d’être molestés. Les journalistes, est-il nécessaire de le rappeler, ont pour mandat d’informer le public, lequel a droit à toute l’information qui le concerne.
Comme le Conseil de presse l’a souligné dans une récente déclaration concernant un incident semblable survenu au mois de novembre dernier, « Ce n’est pas parce qu’on est en désaccord avec les écrits des journalistes qu’on doive s’en remettre à de pareilles méthodes. Nul, en effet, ne peut exiger des professionnels de l’information qu’ils véhiculent des messages qui épousent intégralement l’image et le sens que veulent donner à leurs actions des individus ou des groupes sans s’exposer à compromettre sérieusement l’existence d’une presse libre et à porter atteinte au droit du public à l’information ».