Plaignant
Patrick Robert-Meunier
Conseiller politique au cabinet du maire de la Ville de Gatineau
Mis en cause
104.7 Outaouais
Cogeco Média
Résumé de la plainte
Conseiller politique au cabinet du maire de la Ville de Gatineau, Patrick Meunier dépose une plainte le 3 février 2020 contre le 104.7 Outaouais, Cogeco Média et le site Internet fm1047.ca concernant la nouvelle intitulée « Tramway : La STO n’a aucune idée où faire descendre les passagers à Ottawa », publiée le 31 janvier 2020. Le plaignant reproche un titre inexact, un titre sensationnaliste et une absence de correction des erreurs.
CONTEXTE
La nouvelle en cause rapporte que la Société de Transport de l’Outaouais (STO) travaille sur un projet de tramway dans l’ouest de Gatineau et qu’il lui « reste maintenant à approfondir les études pour savoir où débarquer les passagers à Ottawa. » Ce court texte introduit une entrevue radiophonique de 18 minutes avec la présidente de la STO, Myriam Nadeau, à l’émission du matin Que l’Outaouais se lève.
Analyse
Grief 1 : titre inexact
Principes déontologiques applicables
Qualités de l’information : « Les journalistes et les médias d’information produisent, selon les genres journalistiques, de l’information possédant les qualités suivantes : a) exactitude : fidélité à la réalité. » (article 9 a) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Illustrations, manchettes, titres et légendes : « Le choix et le traitement des éléments accompagnant ou habillant une information, tels que les photographies, vidéos, illustrations, manchettes, titres et légendes, doivent refléter l’information à laquelle ces éléments se rattachent. » (article 14.3 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si le titre du texte web « Tramway : La STO n’a aucune idée où faire descendre les passagers à Ottawa » est fidèle à la réalité et reflète l’information à laquelle il se rattache.
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief de titre inexact, car il juge que les mis en cause n’ont pas contrevenu aux articles 9 alinéa a et 14.3 du Guide.
Analyse
Le plaignant estime qu’il est faux d’écrire que la STO n’a « aucune idée » d’où faire descendre les passagers à Ottawa, expression utilisée dans le titre du texte web qui introduit l’entrevue avec la présidente de la STO. Il affirme : « Bien que les faits rapportés dans l’article soient fidèles à ce qui a été mentionné, souligne Patrick Robert-Meunier, le titre utilisé pour résumer la nouvelle n’est en rien fidèle à la réalité. » Selon lui, ce titre « laisse entendre que l’étude est dans une impasse et que la STO, qui mène l’étude, est complètement dans le néant par rapport aux points de descente des usagers du côté d’Ottawa (…) Or, une simple vérification auprès de la STO aurait permis de confirmer que bien qu’elle ne puisse les annoncer, des options d’arrimage avec Ottawa sont sur la table et les analyses supplémentaires permettront de documenter ces options. »
Dans sa réponse à la plainte, le directeur général du 104,7 Outaouais, Bob Rioux, explique que « le titre reflète une partie de la nouvelle qui suit ». Le court texte auquel il est rattaché sert à introduire une longue entrevue de la présidente de la STO, Myriam Nadeau.
Pouvait-on écrire, à la lumière de l’entrevue avec la présidente de la STO, que la STO n’avait « aucune idée » d’où les passagers allaient descendre à Ottawa? Au cours de ces 18 minutes d’entretien radiophonique, l’animateur du 104,7 Outaouais questionne entre autres Mme Nadeau au sujet de l’arrimage du tramway avec le réseau de transport en commun d’Ottawa : « Quelles sont les options? Est-ce qu’il y a plusieurs gares, plusieurs points de service qui sont en options ou c’est juste la station Lion qui est ciblée? Est-ce qu’il y en a d’autres? Est-ce que c’est souterrain préférablement ou ça va être terrestre? Avez-vous une piste là-dessus ou comment vous évaluez tout ça? » La présidente de la STO répond : « Ce sont justement les éléments qu’on a à approfondir puis qu’on va aller dans des détails plus précis dans le cadre justement de ces analyses supplémentaires qu’on a annoncées hier. On va étudier des options d’insertion en surface, souterraines, le nombre de stations requises, qu’est-ce qu’il pourrait y avoir comme enjeux de sécurité, la qualité de l’arrimage justement ou des correspondances avec le train léger, les impacts sur les déplacements, toutes les mesures de mitigation qui pourraient être possibles aussi suite aux impacts sur la circulation, etc. Donc, c’est vraiment ce qui va être analysé plus en détail, comme je le disais en devançant ces analyses-là qui seraient venues un peu plus tard dans la suite des choses. »
Force est de constater que Mme Nadeau ne dit jamais clairement où sera positionné l’arrimage du tramway de Gatineau avec le réseau de transport en commun d’Ottawa, pas plus qu’elle n’évoque des pistes d’options ou ne nomme des endroits précis. Il n’est donc pas inexact d’écrire que « la STO n’a aucune idée où faire descendre les passagers à Ottawa » puisqu’à l’écoute de l’entrevue, la STO ne semble pas avoir d’idée de l’endroit où les passagers du futur tramway de Gatineau débarqueront à Ottawa.
Dans un dossier comparable (D2017-03-051), le Conseil a rappelé qu’il a « n’a pas à établir de lexique des termes que les médias ou les professionnels de l’information doivent employer ou éviter, les décisions à cet égard relevant de leur autorité et de leur discrétion rédactionnelles. Les médias et les journalistes doivent cependant peser l’emploi des mots qu’ils utilisent, être fidèles aux faits et faire preuve de rigueur dans l’information afin de ne pas induire le public en erreur sur la vraie nature des situations ou encore l’exacte signification des événements. »
Pareillement dans le cas présent, le titre choisi par les mis en cause a pour but d’accrocher les lecteurs en mettant la lumière sur le fait que la présidente de la STO reste floue, lors de son entrevue donnée au 104,7 Outaouais, quant aux options de débarquement envisagées dans la capitale fédérale. Par ailleurs, l’expression « n’avoir aucune idée » peut signifier « ne pas savoir ». Il n’est donc pas inexact de l’employer en l’occurrence puisque Mme Nadeau ne semble effectivement pas savoir, lors de cet entretien radiophonique, où les passagers du tramway descendront à Ottawa.
Grief 2 : titre sensationnaliste
Principes déontologiques applicables
Sensationnalisme : « Les journalistes et les médias d’information ne déforment pas la réalité, en exagérant ou en interprétant abusivement la portée réelle des faits et des événements qu’ils rapportent. » (article 14.1 du Guide)
Illustrations, manchettes, titres et légendes : « Le choix et le traitement des éléments accompagnant ou habillant une information, tels que les photographies, vidéos, illustrations, manchettes, titres et légendes, doivent refléter l’information à laquelle ces éléments se rattachent. » (article 14.3 du Guide)
Le Conseil doit déterminer si le titre de l’article « Tramway : La STO n’a aucune idée où faire descendre les passagers à Ottawa » déforme la réalité en exagérant ou en interprétant abusivement la portée réelle des faits rapportés.
Décision
Le Conseil de presse rejette le grief de titre sensationnaliste, car il juge que les mis en cause n’ont pas contrevenu aux articles 14.1 et 14.3 du Guide.
Analyse
Selon Patrick Robert-Meunier, ce titre a « déformé la réalité, « en exagérant et en interprétant abusivement la portée réelle des faits », c’est-à-dire du sensationnalisme, un élément à ne pas faire selon votre guide. » Cependant, comme expliqué au grief précédent, le titre en cause se rattache au fait que la présidente de la STO demeure, lors de son entrevue donnée au 104,7 Outaouais, vague sur les options de débarquement à Ottawa des passagers du futur tramway de Gatineau. Le titre « Tramway : La STO n’a aucune idée où faire descendre les passagers à Ottawa » ne déforme pas la réalité, pas plus qu’il n’exagère ou interprète de manière abusive la portée réelle des faits qu’il décrit.
Dans un dossier similaire (D2017-02-024), le Conseil a rejeté un grief de titre sensationnaliste qui visait le titre suivant : « Amateur d’armes et islamophobe ». Il a jugé que celui-ci correspondait bien au « contenu de l’article qui montre que l’auteur présumé de la tuerie perpétrée à la mosquée de Québec était un amateur d’armes et qu’il avait manifesté de l’islamophobie. » Le Conseil a aussi rappelé que « la fonction d’un titre est d’attirer l’attention du lecteur. Dans ce cas précis, il n’était pas sans intérêt de mentionner ces faits dans le titre et le Conseil n’y a vu aucune interprétation abusive. »
Pareillement dans le cas présent, le titre de la nouvelle a pour fonction d’accrocher les internautes en soulignant le fait que la STO veut aller de l’avant avec son projet de tramway, mais que sa présidente n’est pas en mesure de dire où celui-ci aboutira à Ottawa.
Grief 3 : absence de correction des erreurs
Principe déontologique applicable
Correction des erreurs : « Les journalistes et les médias d’information corrigent avec diligence leurs manquements et erreurs, que ce soit par rectification, rétractation ou en accordant un droit de réplique aux personnes ou groupes concernés, de manière à les réparer pleinement et rapidement. » (Guide, article 27.1)
Le Conseil doit déterminer si les mis en cause ont corrigé avec diligence leurs manquements et erreurs.
Décision
Le Conseil de presse n’ayant pas constaté de manquement déontologique, il rejette le grief d’absence de correction des erreurs.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Patrick Meunier contre le 104.7 Outaouais, Cogeco Média et le site Internet fm1047.ca concernant les griefs de titre inexact, de titre sensationnaliste et d’absence de correction des erreurs.
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Richard Nardozza, président du comité des plaintes
Paul Chénard
Représentants des journalistes :
Simon Chabot-Blain
Lisa-Marie Gervais
Représentants des entreprises de presse :
Jed Kahane
Yann Pineau