Plaignant
Clément Fontaine
Mis en cause
Le journal Le Quotidien
Résumé de la plainte
Clément Fontaine dépose une plainte le 10 mai 2021 contre Le Quotidien, journal publié dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, concernant des modifications apportées par la rédaction à sa lettre d’opinion publiée le 6 mai 2021. Le plaignant déplore des modifications injustifiées à une contribution du public et l’absence de correctif.
CONTEXTE
Le 6 mai 2021, Le Quotidien publie, dans la section « Carrefour des lecteurs », une lettre d’opinion signée par un lecteur, Clément Fontaine, le plaignant dans le présent dossier. M. Fontaine s’exprime au sujet du débat entourant le projet de construction d’un complexe de liquéfaction de gaz naturel de l’entreprise GNL Québec à Saguenay, qui a reçu un avis défavorable de la part du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) dans un rapport rendu public en mars 2021.
Dans son texte, M. Fontaine réagit également à une lettre d’opinion du président de l’Association de l’énergie du Québec (AEQ), Éric Tétrault, intitulée « La campagne irresponsable des opposants à GNL Québec », publiée dans le même quotidien le 3 mai 2021.
Analyse
Grief 1 : modifications injustifiées à une contribution du public
Principe déontologique applicable
Contributions du public : « (2) Les médias d’information peuvent apporter des modifications aux contributions du public, mais veillent, ce faisant, à ne pas en changer le sens ou à trahir la pensée des auteurs. » (article 16 (2) du Guide de déontologie journalistique du Québec)
1.1 Modification du titre
Le Conseil doit déterminer si le journal a changé le sens ou trahi la pensée de Clément Fontaine en modifiant le titre qu’il avait proposé.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette le grief de modification injustifiée du titre dans une contribution du public.
Analyse
Le plaignant déplore que la direction du journal ait choisi comme titre un passage de la dernière phrase de son texte plutôt que le titre qu’il avait lui-même proposé, à savoir « L’association de l’énergie du Québec : au service de l’industrie des hydrocarbures ».
Ce titre « a été jugé trop long selon nos standards, et remplacé par “GNL : le Québec peut se permettre de faire mieux” (moins de 50 caractères incluant les espaces) », explique le directeur général et rédacteur en chef du journal Le Quotidien, Marc St-Hilaire. « Il s’agit d’une décision d’éditeur, qui n’altère en rien la position de M. Fontaine. »
En modifiant le titre proposé par M. Fontaine par un titre plus court reflétant la conclusion de son texte, le média n’a pas trahi la pensée de l’auteur. Le choix du titre relève de la prérogative du média, tant qu’il ne change pas le sens de la lettre d’opinion.
Comme l’explique le Conseil dans la décision D2018-04-052, le choix du titre « relève de la liberté éditoriale du média », pourvu qu’il reflète le contenu du texte. Dans ce dossier, le grief de titre inexact avait été rejeté, le Conseil soulignant que le titre « reflète le sujet de l’entrevue réalisée […] puisque ces termes y sont abordés. »
De la même façon dans le cas présent, le titre choisi par le média reflétait la lettre de l’auteur puisque l’objet du titre provenait directement de son texte.
1.2 Modification du temps d’un verbe
Le Conseil doit déterminer si le journal a changé le sens ou trahi la pensée de M. Fontaine en modifiant le temps du verbe « devoir » dans une phrase de la lettre d’opinion signée par ce dernier.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette le grief de modification injustifiée du temps d’un verbe dans une contribution du public.
Analyse
Le plaignant déplore que le média ait remplacé le mot « devait » par « devrait » dans la phrase suivante : « Même si cette dépense considérable ne devait pas se refléter directement dans les tarifs d’Hydro-Québec, comme le redoutent les Verts, elle sera assumée d’une façon ou d’une autre par l’ensemble des contribuables québécois ». Selon lui, cette modification « va à l’encontre de [son] opinion en laissant entendre qu[’il] ne croit pas réellement que les tarifs d’Hydro-Québec pourraient augmenter à cause de la réalisation du projet de GNL Québec ou encore qu[’il] [est] contre cette éventuelle augmentation des tarifs. »
Le directeur général et rédacteur en chef du Quotidien, Marc St-Hilaire, assure que cette « correction [a été] faite par [leurs] pupitreurs, sans malice ni intention malveillante. » Il ajoute : « Nous recevons des dizaines de lettres d’opinion chaque semaine. Chacune doit être lue, relue et corrigée par notre équipe, dans un souci d’offrir à notre lectorat des textes de qualité. Bien que nous ne croyions pas que ce changement ait eu pour effet d’altérer le sens des propos de M. Fontaine, nous avons effectué une correction sur nos plateformes numériques [mais] nous n’avons pas acquiescé à sa demande d’erratum dans nos pages. »
Bien que la modification du temps de verbe n’était pas nécessaire et que conjuguer le verbe « devoir » au mode conditionnel plutôt qu’à l’indicatif peut changer le sens de la phrase, le média n’a pas pour autant trahi la pensée de l’auteur ni nui à la compréhension de son texte. Cette modification grammaticale ne constitue pas un manquement déontologique dans le contexte où l’essentiel du message de l’auteur, estimant que la « dépense considérable [occasionnée par les investissements requis pour la réalisation du projet de GNL Québec] sera assumée d’une façon ou d’une autre par l’ensemble des contribuables québécois », n’est pas altéré.
Grief 2 : absence de correctif
Principe déontologique applicable
Correction des erreurs : « Les journalistes et les médias d’information corrigent avec diligence leurs manquements et erreurs, que ce soit par rectification, rétractation ou en accordant un droit de réplique aux personnes ou groupes concernés, de manière à les réparer pleinement et rapidement. » (article 27.1 du Guide)
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette le grief d’absence de correctif.
Analyse
Le Conseil n’ayant constaté aucun manquement déontologique au grief précédent, le média n’avait pas à publier de correctif.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Clément Fontaine contre le journal Le Quotidien concernant des modifications injustifiées à une contribution du public, intitulée « GNL : Le Québec peut se permettre de faire mieux », publiée le 6 mai 2021, et l’absence de correctif.
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
François Aird, président du comité des plaintes
Mathieu Montégiani
Représentants des journalistes :
Simon Chabot-Blain
Lisa-Marie Gervais
Représentants des entreprises de presse :
Marie-Andrée Chouinard
Jean-Philippe Pineault