Plaignant
Nabil Hanni
Mis en cause
Kathleen Frenette, journaliste
Le Journal de Québec
Québecor Média
Résumé de la plainte
Nabil Hanni dépose une plainte le 27 août 2021 au sujet de l’article « Féminicide : accusation de meurtre au premier degré pour Noureddine Mimouni » de la journaliste Kathleen Frenette, publié dans Le Journal de Québec le 27 août 2021. Le plaignant déplore de la discrimination.
CONTEXTE
La journaliste Kathleen Frenette rapporte dans cet article que l’accusation de meurtre non prémédité déposée par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) à l’endroit de Noureddine Mimouni a été muée en une accusation de meurtre au premier degré. Au moment de la publication du texte, Noureddine Mimouni était accusé d’avoir volontairement causé la mort de sa conjointe, Nathalie Piché, dans la nuit du 14 au 15 juin 2021, dans la Ville de Québec.
Le paragraphe introductif (appelé chapeau) de l’article visé par la plainte renvoie à un article datant du 16 juin 2021, intitulé « Féminicide à Québec : le suspect officiellement accusé de meurtre au deuxième degré », qui se trouve en hyperlien. Cet article mentionne que M. Mimouni est originaire d’Algérie et que, pour cette raison, il pourrait être expulsé du Canada et renvoyé dans son pays d’origine après avoir purgé sa peine en sol canadien, s’il était reconnu coupable et condamné à une peine d’emprisonnement de plus de six mois. Ces informations complémentaires ne se retrouvent pas dans l’article de Kathleen Frenette qui fait l’objet de cette plainte.
Analyse
GRIEF DU PLAIGNANT
Grief 1 : discrimination
Principe déontologique applicable
Discrimination : « Les journalistes et les médias d’information ne font mention de caractéristiques comme la race, la religion, l’orientation sexuelle, le handicap ou d’autres caractéristiques personnelles que lorsqu’elles sont pertinentes. » (article 19 (2) du Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec)
Le Conseil doit déterminer s’il était pertinent de mentionner l’origine nationale de Noureddine Mimouni dans le passage de l’article retranscrit ci-dessous.
« Noureddine Mimouni, un homme d’origine algérienne, était de retour en cour, vendredi matin, et il est maintenant accusé d’avoir volontairement causé la mort de sa conjointe, Nathalie Piché, dans la nuit du 14 au 15 juin, dans leur appartement situé sur l’avenue Duval, près de la rue de la Sapinière-Dorion Ouest. »
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette le grief de discrimination.
Analyse
Le plaignant soutient que « le lecteur n’a pas besoin de connaître l’origine ethnique du meurtrier. C’est une information qui n’aide en rien le lecteur à comprendre ce qui s’est passé lors de cette terrible tragédie. »
Bien que le plaignant parle de « l’origine ethnique » de Noureddine Mimouni, c’est plutôt de son origine nationale – l’Algérie – dont il est question dans l’article visé par cette plainte. Il s’agit d’une nuance importante, car en raison de sa nationalité, l’accusé courait le risque d’être expulsé du Canada et renvoyé en Algérie, advenant qu’il soit reconnu coupable et condamné à plus de six mois d’emprisonnement. Cela n’aurait pas été le cas si l’accusé avait été un citoyen canadien d’origine étrangère.
Comme le souligne la décision D2018-05-054 (2), il faut éviter d’appliquer le concept de pertinence de façon trop restrictive. Dans ce dossier, la commission d’appel avait jugé que « ne pas faire mention du lieu d’un drame de peur de stigmatiser la population qui y habite peut priver le public d’informations pertinentes à sa compréhension d’enjeux de société, dans ce cas-ci la problématique de l’hébergement des Autochtones hors réserve. » De la même manière, dans le présent cas, ne pas faire mention de l’origine nationale de l’accusé par crainte de stigmatiser les Algériens aurait pu priver le public d’informations essentielles à la compréhension des enjeux judiciaires liés à cette cause. C’est pourquoi le Conseil rejette le grief de discrimination.
On peut qualifier l’utilisation de l’expression « d’origine algérienne » par la journaliste de maladroite. En effet, il aurait été préférable de mentionner que le présumé meurtrier était un « ressortissant algérien » ou un « immigrant algérien » dans le contexte de sa mise en accusation et de son expulsion potentielle du Canada. Toutefois, le risque d’expulsion que courait l’accusé était déjà connu dans la sphère publique, puisque cela avait été rapporté dans un article précédent, et qu’un hyperlien renvoyant à cet article était intégré au chapeau du texte faisant l’objet de la plainte. On ne peut par conséquent imputer une faute déontologique à la journaliste.
Note
Le Conseil déplore le refus de collaborer du Journal de Québec, qui n’est pas membre du Conseil de presse et n’a pas répondu à la présente plainte.
Décision
Le Conseil de presse du Québec rejette la plainte de Nabil Hanni visant l’article « Féminicide : accusation de meurtre au premier degré pour Noureddine Mimouni » de la journaliste Kathleen Frenette, publié dans Le Journal de Québec le 27 août 2021, concernant le grief de discrimination.
La composition du comité des plaintes lors de la prise de décision :
Représentants du public :
Renée Lamontagne, présidente du comité des plaintes
Olivier Girardeau
Représentantes des journalistes :
Madeleine Roy
Paule Vermot-Desroches
Représentants des entreprises de presse :
Éric Grenier
Jeanne Dompierre