Quand titre et article se contredisent
19 juin, Belgique. Le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) rend une décision en lien avec une plainte formulée contre une série d’articles parus dans les journaux de Sud Presse et des éditions locales de La Meuse Namur, en janvier 2013.
Les articles visés traitaient de la mort suspecte d’Olivier Gérard, homme connu du public à Namur. Signés par deux journalistes, ces textes suivaient l’évolution de l’enquête policière entourant le décès de l’homme, dont le corps portait la marque de morsures.
Les articles ont notamment heurté la sensibilité de la famille du défunt lorsqu’ils ont évoqué la possibilité que M. Gérard ait été victime de pratiques sexuelles perverses, lorsque les enquêteurs évaluaient cette piste. Dans sa plainte soumise au CDJ, la famille dit estimer que les articles portaient atteinte à la vie privée, à l’honneur et à la réputation de M. Gérard.
Les plaignants jugent également que les journalistes ont fait preuve d’un manque d’objectivité, pratiqué « un amalgame déloyal dans le traitement de l’information », et qu’ils n’ont pas vérifié leurs sources. Par-dessus tout, ils font valoir que les auteurs ont porté atteinte à la dignité du défunt en détaillant des méthodes d’autopsie le jour des funérailles de M. Gérard.
Le média se défend en soulignant qu’il a fait preuve d’équilibre, de neutralité et de prudence dans ce dossier, en se limitant à suivre les développements de l’enquête. Il note par ailleurs qu’étant donné le statut public de M. Gérard, les informations publiées étaient d’intérêt public.
Le CDJ n’a blâmé le média et les auteurs que pour le titre en une d’un des articles : « Meurtre extrêmement pervers à Namur. Olivier, 50 ans, mordu à mort ! » Dans le texte, l’affirmation de la deuxième phrase de ce titre est contredite. Le CDJ rappelle que « le titre d’un article ne peut être séparé du contenu de celui-ci. Un titre est nécessairement bref et exprime une idée ramassée en quelques mots, que l’article lui-même permet de nuancer (…). Il est néanmoins soumis aux règles de déontologie journalistique ».
Fait à noter, le Conseil rappelle aussi que « la formulation des titres ne peut échapper aux équipes de journalistes, en raison du droit moral de ceux-ci sur le contenu et la forme de leur travail, titres compris ».