Le tribunal d’honneur du Conseil de presse du Québec a publié dix nouvelles décisions reliées à des plaintes qu’on lui avait soumises. Cinq d’entre elles ont été retenues, quatre ont été rejetées et une autre jugée non-recevable.
D2017-06-086 : Des propos inventés, une résidente lésée
« Incroyable mais vrai, je suis présentement évacuée en pneumatique par mon super voisin Paul ! ; ) LOL Stéphanie »
C’est ce qu’on pouvait lire à la une du Journal de Montréal, le 4 mai 2017, dans un phylactère qui pointait vers Stéphanie Sabbagh, une résidente de l’ouest de l’île de Montréal touchée par les inondations printanières, qui a porté plainte au Conseil de presse. La photo de la une, publiée sans son consentement, la montrait regardant son téléphone cellulaire alors qu’elle était assise dans un canot pneumatique tiré par un homme.
Mme Sabbagh n’avait pas écrit ce message texte, pas plus qu’elle n’avait parlé à la journaliste qui signait l’article, malgré une autre citation d’elle à la fin de l’article.
Le Conseil a jugé que Le Journal de Montréal a porté atteinte à la vie privée et à la dignité de la plaignante. Il a également conclu que le phylactère de la une était sensationnaliste puisqu’il déformait abusivement la réalité.
Dans sa réplique au Conseil, la journaliste du Journal de Montréal a affirmé qu’elle n’avait jamais parlé à la plaignante et que la citation attribuée à la plaignante avait été ajoutée à son insu.
Le Conseil a blâmé sévèrement le Journal de Montréal pour la présentation de l’information ainsi que pour avoir substantiellement modifié l’article à l’insu de la journaliste. La journaliste n’étant ni responsable de la photographie, ni du graphisme de la une, ni de la citation de la plaignante dans l’article, le Conseil l’a exonérée de tout blâme.
D2017-05-067 : Plainte rejetée contre Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec
Le Conseil a rejeté une plainte visant la journaliste Emy-Jane Déry et les quotidiens Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec concernant l’article « Ses enfants intimidés car elle a dénoncé le maire qui l’a agressée sexuellement » pour les griefs d’information inexacte et incomplète, omission de vérifier l’information fournie par une source ainsi que le refus de publier un rectificatif. Dans le cas de la vérification des informations, le Conseil a déterminé que la journaliste n’avait aucune raison de croire que la mère des enfants intimidés n’était pas une source fiable.
D2017-01-014 : Jeff Fillion blâmé pour des propos discriminatoires
Le Conseil a tranché que l’animateur Jeff Fillion a tenu des propos discriminatoires qui tendent à entretenir des préjugés envers les musulmans, en affirmant, lors d’une entrevue avec le rappeur Webster diffusée le 24 janvier 2017 sur les ondes de la station CHOI 98,1 Radio X : « De ne pas soulever ces dossiers-là, de ne pas questionner ces choses-là dans une époque où on n’a pas demandé de guerre, en passant, nous autres là! On n’a pas demandé à faire sauter rien. Je sais très bien que s’il y a 550 millions d’islamistes, je comprends que ce ne sont pas tous des poseurs de bombes, ce ne sont pas tous des dangereux. Je ne suis pas fou là! Mais dans un contexte, où il y a une méfiance à avoir, où leur technique est de s’intégrer pis de vivre comme nous pis de se rapprocher de nous, pis à un moment opportun de frapper, excusez-moi! Moi je n’ai pas demandé ça! Il n’y a pas un Québécois qui a demandé ça. Il n’y a pas un Occident qui a demandé ça. »
Le Conseil a retenu à la majorité (4/5) la plainte et blâmé l’animateur et la station radiophonique. Les membres majoritaires font valoir que les propos visés par la plainte tendent à entretenir des préjugés puisque l’animateur fait des amalgames entre les islamistes radicaux et les musulmans. De plus, il encourage la « méfiance » envers ceux qui tentent de s’intégrer au Québec puisque, selon lui, « leur technique est de s’intégrer pis de vivre comme nous pis de se rapprocher de nous, pis à un moment opportun de frapper », un discours qui dépasse les limites déontologiques du journalisme d’opinion.
D2017-05-069 : Les paroles d’une chanson ne sont pas du ressort du Conseil
Le Conseil a jugé irrecevable une plainte visant une chronique signée par Fabrice Vil dans le quotidien Le Devoir parce que les griefs visaient entre autres l’exactitude des paroles d’une chanson citée dans la chronique. La décision souligne que le Conseil ne peut se prononcer sur l’exactitude d’une oeuvre artistique puisqu’il ne s’agit pas d’un contenu de nature journalistique. Par ailleurs, la perspective du chroniqueur illustrée dans la phrase « c’est le même Webster qui, en collaboration avec Karim Ouellet, a créé la chanson “Qc History X”, qui propose en poésie un véritable cours d’histoire des Noirs au Québec », relève du journalisme d’opinion, a jugé le Conseil.
Lors de cette réunion, le Conseil a également rendu six autres décisions disponibles en cliquant sur les liens ci-dessous.
D2017-02-019 : M. Réal Croteau et Mme Josée Pelletier c. MM. Jean Lajoie et Christian Lepage, ORBI XXI/Datsit et Canal D
D2017-02-025 : M. André Lefebvre c. M. Steve Sauvé et Le Journal de Saint-François
D2017-03-051 : Mme Christine Caron, mairesse de Saint-Simon-les-Mines c. M. Jean-François Fecteau et L’Éclaireur Progrès
D2017-04-055 : M. Ousmane Alkaly c. M. Yves Poirier et le Groupe TVA
D2017-06-083 : M. André Lefebvre c. M. Denis Bourbonnais et Le Journal de Saint-François
D2017-07-089 : Mme Anne Landry c. M. Claude Bricault et Le Journal de St-Michel